Histoire 5 : A + B = coeur brisé

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Je m’appelle Paul et quand je raconte cette histoire, je suis déjà loin de tout ce que vous pouvez imaginer. J’ai déménagé, j’ai consulté un psy, j’ai essayé de comprendre…

Sans vraiment comprendre. Sans jamais comprendre.

Je sortais de mes études en microbiologie. J’adorais secrètement la biologie, ses éléments et composants, sa chimie…

C’était pour moi un jeu d’enfant de faire le mélange H²° et de construire un calcul comprenant la loi d=V x T. C’était un jeu d’enfant de résoudre les théorèmes et celui de la gravité terrestre. Mais je dois sûrement vous ennuyer, d’autant que ce n’est pas important.

Alors je travaillais au bloc A, dans un CHR de Paris, en quête d’un quelconque composant qui pût peut-être changer le monde. Je ne gagnais pas énormément ma vie mais déjà, j’avais loué une chambre au centre pour dormir la nuit et y travailler en même temps.

A l’époque, j’étais surtout concentré sur mes études, dans le rêve de travailler dans une société consacrée en microbiologie. Et le jour où j’ai terminé mes études, c’est le jour où commença le thread horreur que je vous raconte.

C’était une petite cérémonie sobre et stricte, sans réelle importance. Des tables avaient été alignées dans un petit hangar appartenant au CHR, totalement en murs blancs et carrelages noirs. Des boissons comme du punch non alcoolisé, et des petits fours avaient été mis à disposition du public. Je me suis un peu reclus dans mon coin, une bouteille dans la main de Coca et deux petits fours dans l’autre. J’ai patienté que la cérémonie soit finie mais elle n’a fini que cinq heures après. Et alors, quelqu’un est venu à ma connaissance. Il m’a dit qu’il était le frère du patron, que le patron était dur et aussi qu’il se passionnait comme moi pour la microbiologie. On a discuté que de ç’a pendant une heure jusqu’à ce qu’il propose qu’il me ramène. La cérémonie avait fini alors j’ai accepté. Il m’a alors dit tout le long des choses concernant la microbiologie et on a discuté sur la vie privée de chacun : lui avait épousé une relation de douze mois sur Meetic jusqu’à ce qu’il décide de la rencontrer, il avait déménagé à Lille et était resté quelques temps là-bas, vivant le bonheur. Je lui ai expliqué que j’étais célibataire et reclus du monde. Il m’a donc dit si je ne voulais pas quelqu’un dans ma vie, je lui ai répondu que la microbiologie me suffisait. Il m’a alors tendu une carte et m’a expliqué que si je voulais, je pouvais me rendre sur Meetic. J’ai donc accepté et je suis rentré dans mon bloc pour prendre mes affaires. Je me suis dirigé vers ma chambre et j’ai dormi.

Il ne s’est pas écoulé plus d’une semaine pour que tout s’écroule. Mes chances de rester au CHR se sont détruites à partir du moment où l’on m’a viré du CHR. J’ai vécu à l’hôtel quelques temps jusqu’à trouver un petit appartement de banlieue qui aurait pu me tenir encore des années. Mais ce qui va suivre n’a rien de normal.

Je me suis senti pendant plusieurs jours seul. Je n’en dormais plus les nuits et la peur m’envahissait. Autrefois, le bruit des machines du bloc A et le bruit des autres me suffisait à m’endormir, mais là, seul le bruit des voisins régnait. Je n’avais donc personne en secours. Je me suis rendu à l’agence d’adoption d’animaux et j’ai adopté un chat, mais rien à faire, j’avais toujours la sensation de peur d’être seul. C’est en faisant ma machine un matin que j’ai revu la carte Meetic. J’ai hésité et m’y suis rendu.

Meetic était un site à l’eau de rose tout bien tracé. Il y avait des questions dont trois que je n’ai pas répondu car elles étaient étranges. J’ai dit mon métier, ce qu’il me plaisait, et aussi où j’habitais. Meetic a trouvé un seul résultat, dans la foulée. Une personne, une femme, qui me ressemblait dans ce monde insipide !

J’ai cliqué sur la boîte mail de cette personne et lui ai envoyé un message : « Bonjour, je me nomme Paul et vous ? ». J’ai continué ma journée au lit, impatient de voir si la femme m’avait répondu. Elle a donc dit à la va-vite : « Anne ».

Je lui ai demandé ce qu’elle faisait dans la vie. Elle m’a expliqué qu’elle habitait Lille et qu’elle travaillait dans une société basée dans le contrôle chimique des aliments. On a discuté alors de tout. Nos passions, notre vie, nos amis, nos ennemis, puis ce qui nous intéressait. Bientôt, j’en ai oublié la microbiologie. Je l’ai enfermé dans un placard tandis que je parlais à Anne. Cela a duré presque un mois. Quand un matin, je me suis réveillé et j’ai ouvert vite l’ordinateur pour voir le fil des messages. Il y avait un petit message que j’ai lu rapidement :

« SUIS A PARIS ».

J’étais positionné à Paris, en autres. Donc Anne était à Paris. J’étais ravi et je lui ai écrit ma joie. Elle n’a pas répondu. Elle a simplement réécrit qu’elle était positionnée à Paris.

Je lui ai demandé où. Elle m’a dit « EN CE MOMENT, JE VAIS VOIR UN FRERE AU CHR DE PARIS. J’Y LOGE. VAS-Y. ».

Là où je travaillais autrefois. J’ai hésité puis accepté. J’ai décidé de m’y rendre vers le soir, pour limiter mes risques d’expulsion. J’ai roulé vers le CHR et m’y suis rendu. Les néons n’étaient pas allumés, les portes étaient fermées et rien ne semblait montrer qu’il était ouvert. Un ding assourdi m’a fait sursauter. C’était Anne. On avait échangé nos numéros et elle m’envoyait maintenant un message. Il y avait marqué, en grosses lettres : « JE TE VOIS ».

Je ne me suis pas senti bien mais j’ai ignoré mes symptômes et suis sorti. La nuit noire régnait sur la Ville. J’ai fixé le building du CHR et ai regardé tout autour de moi. Personne. Il n’y avait strictement personne. J’ai regardé à nouveau le message : il datait d’il y a trois secondes. J’ai observé encore autour de moi. Je n’ai rien vu d’autres que les cheminées du CHR. Je suis rentré dans ma voiture et je comptais partir quand le nouveau et même message est apparu en grosses lettres sur mon portable « JE TE VOIS ». J’ai sursauté et commencé à avoir des frissons. Puis j’ai eu l’étrange sensation…d’être observé. J’ai cherché du regard autour du CHR : personne. Puis j’ai entendu un petit choc sur la fenêtre côté passager. Je me suis tourné et j’ai sursauté pour de bon. Un visage, qui n’avait rien comme visage de femme, m’observait comme ç’a, sourire aux lèvres, l’air complètement fou. Sous l’effet de la peur, j’ai continué à le fixer. Lui ne m’a pas fixé longtemps. Il s’est décalé de la fenêtre pour dégainer quelque chose de pointu. Un couteau. Ma réaction première a été de fermer la portière à clef. Mais l’homme s’est empressé de briser la fenêtre passagère. J’ai inséré la clef du contact pour démarrer la voiture mais déjà, l’homme avait mis ses bras à l’intérieur de l’habitacle. J’ai prié du fond du cœur que la voiture démarre et j’ai appuyé sur l’accélérateur. L’homme a été projeté en arrière, avec son couteau.

J’ai contacté par la suite la police : elle a dit qu’elle connaissait parfaitement l’homme. Il se nommait Jonathan et vivait à Lille depuis sa naissance. Quand son frère était parti bâtir sa réputation au CHR, ç’a l’avait rendu jaloux et il avait voulu se venger. Il se faisait prendre pour une femme sur Meetic et tuait un par un tous les employés.

Depuis, la peur résonne encore en moi. Je ne sais plus vraiment si je veux faire microbiologie. J’ai finalement décroché un poste de professeur de chimie dans un collège en Flandres Françaises et j’ai décidé d’y rester à tout jamais. Le temps que mes relations féminines…redeviennent normales.

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