131 - elle me définit
La Nature qui se bat. Mon bébé abandonné, il est si blond, ses cheveux sont si longs, il me boit de mon lait. Ça va le faire grandir ? Interrompre le sortilège. Devenir une menace. Régner sur l’Humanité 4+ ? Je sens en lui tous les destins possibles, à moi de le guider, j’en suis responsable. Rassasié, il s’endort sur moi. Je ne me souviens pas de lui, ni de son père, ni de ma vie d’avant mon corps actuel. Immortelle je suis, tout du moins une partie de mes gènes amnésiques, mais Megan Honest, sa mère, elle n’est plus là, ni en moi non plus. Mon lait a un autre effet sur lui. Ses traits s’affinent. Ses seins pointent. Mais en bas c’est toujours un garçon. La Nature s’adapte.
- Jenna, tu n’es plus seule. Tu es en sécurité, avec ton enfant.
- Et si les choses tournent mal avec lui, Énola, toi, tu peux le savoir ?
- Sous ton influence, rien de mâle ne peut arriver.
Je comprends le message. Désormais, mon enfant est une fille ou apparentée, vu son appareil, je ne déplace qu’une lettre : Arona Jenkins. Malgré mon lait, Estelle peut le stabiliser au stade 12. Avec la tétée du soir ma fille demande :
- Je n’ai pas eu de gémelle. Tu peux me montrer ?
Je lui réponds par le silence, comme un secret et je la laisse se glisser sur mon ventre où je sens son attribut clandestin se frayer un chemin en moi pour une retrouvaille de mes fluides d’origine, les siens dans les miens, nouveaux et primaires. Avant de perdre l’esprit, j’ai la sensation d’une union de nos âmes. Aaron était mon fils. Arona est maintenant ma fille, intime, profonde, retrouvée, au-delà du temps et nos corps vivants. À travers le partage de nos fluides j’accouche une deuxième fois de mon enfante. Maëlle est ma sorcière bien aimée : d’abord elle jette son gémeau Willem entre les cuisses de son arrière grand-mère Aline, ensuite elle fait de même avec mon ancien fils Aaron sur la nouvelle moi Jenna.
- Arona, t’en penses quoi de tout ça ?
- Je ne pense pas, je ne suis qu’une enfante. Je suis juste heureuse, d’être avec toi, d’être moi, comme ça, je trouve ça assez plaisant en fait.
La brune et la blonde, on fait la même taille. Mon lait la rend câline. Je reçois toute son affection. Et je le lui rends bien. Elle est si belle, si douce, si pure. Megan H a trouvé le moyen de me hanter une seconde fois. J’ai bien aimé la première avec Maëlle, j’adore la deuxième avec Arona. Arona est intellectuellement vive et lucide avec comme projet de vie de ne rien faire du tout à part rester l’enfant qu’elle est, à jouer, à rêver, à se divertir. Mais ce qui fait maintenant son bonheur, c’est l’attachement qu’elle a pour moi, envers moi. De mon côté, je sens qu’elle me définit.
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