Le sortilège est levé. Maëlle m’a exorcisé. Je peux enfin apprécier la musique en spectacle à la Licorne et m’ambiancer avec elle. Elle sait y faire elle aussi. J’ai vraiment de la chance de l’avoir. Elle est si belle. Elle me plaît tant. Je suis ensorcelée. Je suis son parcours. Elle a su se débarrasser de son obsession pour son gémeau Willem et j’ai suivi le même protocole avec ma fille Arona. Lui trouver une nourrice avec Eloa pour me permettre de me l’interdire, de la laisser suivre son chemin intime loin du mien. Mais au gré de nos rencontres sociales, je sens ses baisers appuyés, ses regards assoiffés et en privé je lui intime :

• Tu ne peux plus boire de mon lait, tu as la tienne et le tien désormais.
• Oui je comprends. Mais c’est le mien que je veux que tu goûtes.

Pourquoi ? Quel sens à tout ça ? C’est juste une envie à assouvir ou bien il y a encore un sortilège à la clef ? Quand je me retrouve avec plein de questions sans réponses, c’est que c’est un moment décisif. Je la serre dans mes bras pour lui faire ressentir tout mon amour et la dissuader d’aller plus loin.

• On est des adultes maintenant.
• Justement. On est des adultes, consentantes. D’égale à égale, je veux rétablir l’équilibre pour aller de l’avant, comme j’ai pu le faire avec Eloa. Pour l’instant, je me sens encore ta fille. Je veux m’émanciper.

D’accord. Je comprends. Alors, dans le plus grand secret intime, je l’entreprends en partenaire et je bois de son lait avant de lui offrir une dernière fois mon ventre. Pour clore la cérémonie, de ma bouche je lui lave son instrument pour aussi goûter à sa semence. Sevrage terminé. Le soir à la maison, Maëlle me sent différente. Moi aussi. Pourtant, face au grand miroir, je ne remarque rien. À l’Hôpital en revanche, les courbes s’affolent. Estelle ne comprend pas alors elle éteint les écrans, me prend les mains et ferme les yeux pour essayer de comprendre.

• C’est rien. C’est bien, même. Tu es juste féconde, et enceinte. Ton corps va changer, tu vas passer au stade 20, tu t’alignes avec Maëlle.

Juste retour des choses. J’ai transposé ma névrose de Megan H sur elle et elle a fait de même sur moi avec ses histoires de bébé transgénérationnel. Émeline Leclère, la fille de son gémeau Willem avec son arrière grand-mère Aline. Voilà que je me retrouve dans le même genre de schéma. Maëlle retrouve mon ancien fils Aaron, je le transforme en Arona qui me féconde à son tour pour une Émeline 2. C’est de la serial sorcellerie. C’est tout Maëlle. Et je suis sa victime. Heureuse victime qui prend ça comme une fabuleuse preuve d’amour.