Megan H a écrit beaucoup de livres. Mais au fond, il s’agissait toujours du même à peu de choses près. En demandant à Maëlle de devenir Megan, elle en a fait de même. Son style à elle, c’est l’interdit, le trans, générationnel. Alors me voilà, nous voilà, elle et moi, et nous.

• Et ensuite, et après, Maëlle, comment tu vois les choses, vilaine sorcière que tu es et que j’aime et qui m’aime, j’espère.
• Et bien mon amour, tu portes la compagne de Émeline avec qui elle va procréer. Ainsi nous serons liées toi et moi à jamais. Mes gènes mélangés aux tiens, aux deux tiennes, Megan et Jenna. Et voilà.

Son sortilège mérite bien un bisou, un baiser et plus encore. Et nos corps vibrent l’un sur l’autre pour célébrer notre union passée présente et à venir. Je me demande si j’étais censée comprendre tout ça vu que je suis cognitivement ralentie et limitée ? Mais pas saturée. Peut-être qu’il y a plus derrière tout ça mais que je ne suis pas assez câblée pour l’envisager. Peu importe. J’accepte de me donner corps et âme et bien plus à ma sorcière bien-aimée. Si il y avait un problème avec Maëlle, Greta, Brigitte ou Énola lui aurait déjà coupé la tête. Estelle me rassure :

• C’est pas pour demain. Il y en a tant des âmes de toute part, des filles de, qui naîtront peut-être un jour, qu’on imagine déjà, on visualise leur destin au point d’y croire et puis rien. La dernière fille que tu as failli avoir, c’est Alexa, du ventre de Marie. Elle est, elles sont passées à autre chose. Quand bien même, tu n’es pas la mère, juste la génitrice, même celles que tu portes. En ce moment, tu es quand même mère, de Arona, et compagne de Maëlle. Dans l’éternité et tous ses possibles, il faut se concentrer sur le présent, Jenna Jenkins de la Riviera, Maison 72 avec ta Maëlle, en famille avec Anora et Eloa dans l’annexe en face.

Je fais mes exercices de pleine conscience pour intégrer tout ça. Je m’ancre dans le présent sans que le passé et l’avenir s’y mélange. Même si je me rends à une cérémonie à Russell, en uniforme de Marine, quatre galons et 8 médailles au bras de Maëlle apprêtée pour l’occasion en jolie poupée. J’interviens au pupitre pour encourager les lycéennes qui entre dans les grandes écoles.

• Je suis déjà passée par là, deux fois. Et comme le prouve ma tenue, tout ne s’est pas joué ici. Pour vous toutes, tout est possible pour toujours.

Une devise applaudie avant que je me retourne et que je siffle pour la descente des drapeaux. En délégation, l’Amirale Pénélope est là avec son homme, monsieur Dimitri. Je les ressens comme mes parents.