143 - le sel et le poivre

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Estelle me présente sa successeuse. Docteur Russell, Pippa, la descendance continue de Emma Russell la créatrice de toutes les écoles de l’Ouest à part Westech. Pippa est une fausse blonde banale, avec de grands yeux gris, cheveux châtain en fait, mi-longs, avec un corps athlétique au stade 15, une généraliste formée par les meilleures doctoresses mais :

  • Je fais les stages de toutes les docteures qui ont la meilleure patiente à traiter dans leur domaine. Tu es ma dernière étape, Jenna.
  • Et on grand chelem alors ? Promotion 35, c’est ça ? Tu t’es perdue ici.
  • Non, au contraire, je suis chez moi ici. J’ai réussi à leur échapper.

En médecine aussi elle a l’air de zigzaguer entre les cases. Ça va lui faire du bien de couper les écrans et de s’écouter ressentir ce que je suis. On fait des séances sans parler, juste en auscultation et en hypnose, une première étape vers l’holistique. Du bout de ses doigts elle découvre et mémorise mon corps. Ça finit en kiné où elle cherche mes limites. On finit au fond de l’eau puis en spa, c’est là que je dialogue s’installe enfin, on se parle, on fait connaissance jusqu’au repas frugal partagé ensemble. Pippa s’immisce dans mon quotidien. Elle s’installe en 72. Ça n’a pas l’air de plaire à Maëlle :

  • Jenna, on a un nouveau meuble ou bien ?
  • Salut, je suis la docteure Pepper, Pippa R.
  • Docteure en quoi ?
  • Docteure en Jenna Jenkins.

Je crois qu’elles vont se battre. Mais j’attends de voir. Est-ce que Maëlle va utiliser ses pouvoirs ? Elle me regarde, fâchée, déçue, jalouse. Que de mauvais sentiments. Mais sont-ils vraiment mauvais s’ils sont générés par l’amour qu’elle ressent pour moi ? Maëlle reste. Pour me garder. Pour elle toute seule. Elle accompagne Pippa jusqu’à la chambre d’amies. Je l’entends la menacer je crois, sous les gloussements de l’autre qui n’a pas peur, inconsciente du danger. Maëlle revient vite me vilipender également :

  • Jenna, tu as intérêt de guérir vite. Je la sens pas ta docteur pouf, elle a de la chance d’être une Russell, sinon…
  • Mouais, ça pas le faire. Demain, elle part.

On fait du bruit toute la nuit pour lui montrer qui est à qui. Quand je me réveille, je suis seule en couche. Je me précipité en bas dans la cuisine où je les trouve en train de rigoler en préparant le petit-déjeuner. Elles se plaisent finalement. Elles me plaisent aussi, comme le sel et le poivre.

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