144 - ma patiente
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Pippa est de la même promotion que Onelia et Lila, GC35. Alors, bien-sûr, elles ont dû parler de moi je pense. Je lui demande :
- Comment ça se passe avec les filles de la promo ?
- Avec les tiennes, tu veux dire ? Ça fait du bien d’avoir à faire des filles normales. Nous autres, on est toutes des filles de. Quoi que, tu es quelqu’une aussi dans ton genre. Quelques unes, même.
- Je ne suis plus que Jenna, celle d’aujourd’hui, pas celle d’hier. Je me souviens à peine de Lila. Tu peux faire quelque chose pour ma mémoire ?
- Tu dois te remettre à écrire, c’est dans ta nature, dans tes natures.
- Pas question de prendre le risque de redémarrer la Bible.
- Alors joue avec ton Mono-A, enregistre-toi, en audio au moins.
- J’ai déjà essayé. En fait, ça me fait plus oublier encore. Tout ce que je raconte sort de moi. J’ai pensé à demander à Maëlle, surtout quand elle jouait les Megan, mais elle est trop proche, je ne peux pas tout lui dire.
- Okay alors thérapie. J’ai la qualif. J’ai étudié une patiente complètement cinglée, on a fini par l’enfermer. Top secret médical. Avec toi ce ne serait que du confidentiel.
- Confidences… sur l’oreiller ? Je veux dire, sur celui du divan bien-sûr.
Quoi que. À quoi bon ? Pourquoi se rappeler et revendiquer le passé ? Vivre au jour le jour dans l’éternité, ça a du sens finalement, je crois. D’ailleurs, aux premiers résultats de ces test, j’ai l’impression de mieux me souvenir mais dans les faits il n’en est rien, les chiffrent ne mentent pas sur les courbes que Pippa ignore en argumentant :
- Il ne faut pas croire tout ce qu’il y a de mesuré. Et surtout, il ne faut pas croire non plus ce qui n’est pas calculé. L’important, c’est de croire à la guérison, qu’elle advienne ou pas.
- Tu es une chercheuse, Pippa Russell. Qu’est ce que tu cherches ?
- Je cherche en toi, tes pouvoirs. C’est pas facile. Ils sont invisibles. Mais ils sont là. Discrets, furtifs. Il y en a un qui passe par l’écriture. Celui-là, il ne se manifestera plus, tu l’as décidé. Mais les autres…
- C’est juste des faiblesses qui bizarrement s’extériorisent en force. Rien à voir avec le spectaculaire de la magie, celle de Maëlle par exemple.
- Elle ne s’exprime plus chez elle, c’est ça ton pouvoir, dominer l’occulte. Tu le sais depuis que tu as revu Aline, n’est-ce pas ?
- Tu perds ton temps, la science n’est pas un outil adapté à tout ça, Pip.
- Rien à faire de la science ou de moi, il s’agit de toi. Je suis là pour que tu te sentes bien. Je suis patiente et tu es ma patiente.
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