145 - dans la famille
L’échec de ma première vie est le blast de mon pouvoir d’écriture. En changeant de corps, j’ai anéantie les saintes écritures. Le succès de ma seconde vie s’est fait sans aucune magie occulte mais même Pippa ne se résout pas à accepter le fait que l’on puisse faire de grandes choses avec nos petites fragilités. Alors elle s’invente des histoires, sur moi.
- T’as raison Pippa, l’important, c’est de croire, c’est d’y croire.
- Tu veux dire que si je bois de ton lait ça ne me fera rien ?
- Il ne sort de mes seins que par amour.
- Voilà ton pouvoir, déesse de l’amour.
- Tu as vraiment réponse à tout, piplette.
Offusquée puis satisfaite, assez fière d’ailleurs que je lui trouve un surnom. Princesse Piplette même. Elle m’aime bien. Bien, elle m’aime ? Comme un sujet de laboratoire. Je crois qu’elle me plaît aussi. Normal, elle a tant d’attention pour moi. D’inquiétudes même. Pourquoi ?
- J’ai lu tout ton dossier. Tu n’es pas éternelle, Jenna.
- Ça me paraît logique. Je baisse dans mon esprit, mon nouveau corps me lâche, je commence à boiter, c’est ma cheville gauche. Il y a une perte de sensation sous le pied aussi. Ma transition n’est pas sans danger.
- Mais d’après ton protocole, c’est réversible. Et là, tu es malade.
- Pas tant que ça. Et pour moi, depuis le début, c’est un aller simple.
Quoi qu’il arrive, si la science échoue, Énola peut toujours me ramener. Et toutes les nuits je me blotti dans les bras de ma sorcière bien aimée qui bien que récessive peut redevenir magique en cas de besoin urgent. Pippa et Maëlle s’entendent bien, je les surprends d’ailleurs en train de s’embrasser. J’hésite à me joindre à elle. Mais je reste sage. Pippa fait ça pour se faire accepter et pouvoir travailler sur moi. Comment je sais ça ?
- Je fais ça pour Estelle. Elle me l’a demandé. Tu es mon sujet de thèse.
- T’es une Russell prisonnière de son destin, t’en a rien à faire de moi.
- J’en ai rien à faire de la médecine et de la science. C’est l’occasion pour moi d’être au centre du réseau. The place to be.
- Tu devrais aller à l’Est, c’est là-bas que ça se passe. Et arrête de mentir.
Elle veut que je la vire. Mais au contraire, je la prends dans mes bras. On s’en fiche du pourquoi et du comment. Je fais confiance à Estelle et je la sens bien cette Pippa. Elle a besoin d’être sauvée.
- D’accord, j’ai un poste à Sylvania. Heureuse de t’avoir rencontrée.
- Arrête tes bêtises, Pippa. Et bienvenue dans la famille.
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