147 - sur le corps

2 minutes de lecture

Mais il me faut une dose de Greta aussi, en 44. Je lui saute dessus comme une amante passionnée. Je la bois. Elle me bois. Et on se digère dans un tourbillon de vibrations profondes. Quand je rentre Pippa est en train d’étudier mon dossier militaire et me regarde avec suspicion :

  • Tu n’étais pas en meilleur état quand tu étais commando marine.
  • Tous les efforts physiques sont assistés en uniforme. Soldate améliorée.

Elle le referme, dépitée. Son regard plonge dans le mien. Elle n’y trouve rien non plus. Elle doute. Puis elle se redresse, les yeux écarquillés :

  • Tu n’es pas devenue primaire, tu es juste retournée à l’essentiel. La base de ce que tu es. Sans certaines mutations et améliorations.
  • D’accord. Je vais me coucher. Me réveille pas avant la nuit.

La deuxième partie où Maëlle, rassasiée, me lâche. Je change de couche pour murmurer tous mes secrets à l’oreille de Pippa dans une relation supérieure à l’intime où nos intentions sont préservées puisqu’il s’agit d’un cadre professionnel, une sorte d’alibi qui me permet d’aller au-delà des limites face à une interlocutrice qui ne me juge pas. Pourquoi ?

  • Parce que je m’en fiche, je suis détachée, non impliquée, je constate froidement toutes tes névroses et tes psychoses.
  • Pippa, tu es un dangereux miroir dans lequel je n’ose plus regarder.
  • Si tu te vois en moi c’est que tu existes et que tu n’es pas un fantôme.

Quelle image de moi-même me renvoie-t-elle ? Comme elle le dirait, j’en ai rien à foutre. I don’t give a shit. Rien à battre. Après tout ça, le coup de grâce. Je me réveille dans une maison vide avec un mot sur la table de la cuisine. Pippa est partie, avec Maëlle. Encore un test ? Sous le choc, j’erre pieds nues dans la somptueuse demeure. Comment je vais vivre ma solitude ? Je regarde la porte d’entrée et je sens une présence. J’ouvre doucement sur une jolie brune dans le vent. Quand elle écarte ses cheveux de son visage, mon âme brille à nouveau. Elle est encore plus belle qu’avant. Étreinte.

  • Énola ! Entre. Comment tu as su ?
  • Je t’ai sentie en détresse, on est connectées. Non, en fait, Maëlle m’a appelée sur mon mono, pour me prévenir et me demander si je pouvais enfin assumer mon rôle de meilleure partenaire pour Jenna Jenkins.
  • Je suis dépouillée, de régulière et de docteure.
  • Tu es guérie et tu es libre Jenna, avec moi. Alors comme ça tu as une fille maintenant ? Elle est dans l’annexe ?
  • Si tu veux la rencontrer, il faut d’abord me passer sur le corps.

Annotations

Vous aimez lire Cristóvão Pinheiro Nunes ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0