148 - je suis stabilisée
Depuis que Pippa et Maëlle sont parties et que Énola est arrivée, j’ai l’impression de sortir du brouillard. Mon acuité cognitive est démultipliée. Je me sens en éveil. Nos invitées de l’annexe nous rejoignent pour le brunch. En fait, Arona est beaucoup plus impressionnée que Énola quand je les présente l’une à l’autre.
- Elle est heureuse avec sa Eloa. Arona est une fille accomplie. Une sur-fille de sa sur-mère. Je vous sens très proches, l’une de l’autre.
- On peut pas faire plus proche.
- Elle boit encore de ton lait ?
- Moi aussi, entre autres. Elle a très bon goût. Tu veux goûter ?
À voir sa tête, je constate que j’ai enfin réussi à la choquer, à la surprendre, à la faire fantasmer. Plus, elle y croit vraiment parce qu’elle sait que je suis sérieuse. Je l’aime, Énola, tellement, autant, à lui offrir ma fille, la partager même si je ne suis plus de son sang ni de sa chair. Je parviens à faire exploser un feu d’artifice dans l’esprit de Énola, pour commencer, avant de passer au cœur puis au c…
- Jenna, je réalise à l’instant que… You are the one, for me.
- Formidable. Parce que pour moi, tu es la « une » aussi, au-delà de Greta, de Brigitte et des autres.
Hug. Nous voilà bien. Je ferme les yeux pour savourer, nous savourer. Nous célébrer. Je me sens si bien. Guérie. Elle est douée cette Pippa. Finalement, on mange ensemble à tous les repas. Énola se montre chaleureuse et ouverte avec Arona. Eloa les analyse de loin et me demande d’un air intéressé :
- Alors c’est elle à qui Greta a confié tous ses pouvoir de l’ancien monde ? À une simple joueuse de tennis sans destin ni lignée. Elle doit avoir l’âme pure.
- Pas que. Et en elle, ses pouvoirs n’ont cessé de grandir.
Mais ce n’est pas pour impressionner Eloa, elle est si sûre d’elle. Elle sait qui elle est. Elle me regarde, inquiète, interrogative :
- Et toi, comment tu te sens ?
- Ça dépend des jours. En ce moment, ça va mieux. Physiquement pas trop mais je sens que je remonte, petit à petit, surtout depuis que Énola est là, elle y est sûrement pour beaucoup. Tu sais, Eloa, je crois que j’ai vraiment déconné. Je suis allée trop loin dans mes expériences et pour la première fois depuis toujours, je regrette. Je ne suis pas en état de revenir en arrière alors tant pis, j’accepte, mon sort. Je représente la limite à ne pas atteindre, pour vous toutes. Mais ça va, je suis stabilisée.
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