149 - notre paradis existentiel
Jenna Jenkins, Laguna Beach, Riviera M72. Actuellement en couple avec Énola. Ma fille Arona est en face en A72 avec Eloa. Régulièrement, je vais en réunion à la Mairie de Laguna City pour lister et expliquer les innovations de mon quartier. Ma démarche en inspire d’autres qui s’investissent dans leurs environnements. Sinon je me lève tôt avec le lever du soleil et je médite devant le néant de l’océan depuis ma terrasse. Une existence simple comme l’horizon qui parfois s’efface sous une brume qui engloutit tout le rivage. C’est là, cachées dans les éléments, quand toutes les autres âmes sont encore endormies, que ma fille me rejoint pour le câlin matinal qui commence par la tétée commune. Elle boit de mon lait et je goûte sa semence en regardant son corps se tordre sous un ouragan de plaisir à en perdre l’esprit que je réveille ensuite doucement quand elle remonte à la surface de notre réalité.
- Ma fille adorée.
- Maman. Je t’aime.
Elle me donne toute la force qui naît en elle quand on connecte nos corps, nos cœurs, nos esprits et nos âmes. On en termine par un long baiser langoureux où elle me nettoie la bouche de ses fluides qui retournent en elle. On n’a plus le même sang mais on partage tout le reste. En secret. En famille. Mes test cognitifs sont bons. Quand je fais du sport je n’ai plus aucune faiblesse. Mais j’y vais tout de même le plus doucement possible. Je pense que ça y est, je suis accomplie. Énola confirme :
- Tu vas te rappeler de tout maintenant. Tu n’as plus le droit à l’oubli.
- Plus le droit mais le devoir. Qui êtes-vous déjà, jolie brune ?
Je laisse Megan derrière moi loin dans mes souvenirs et dans ce deuil je m’affirme en tant que Jenna. Qui suis-je maintenant ?
- Moi, je suis Énola, ta nouvelle sorcière récessive et je protège ton corps, ton esprit, ton âme et ton c…
- Il était coincé entre les Pôles, le voilà libre à se déhancher sur ton visage.
La première qui éclate de rire à nos sottises doit préparer le brunch mais on fini comme tout le reste à le faire ensemble. En coupant les fruits dans les rires et les chatouilles je me rends compte que je suis heureuse, avec Énola, en 72, à la Riviera de Laguna Beach, plein ouest, au bout du chemin qui s’arrête avant le néant de l’océan. Que va-t-il se passer maintenant ? Rien j’espère. Ou alors que du mieux, pour nous toutes, pour toujours, telle est notre mission pour notre paradis existentiel.
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