154 - vies à elles

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Musique, danse, bulles et fumées, défilés de mode tellement elles sont toutes endimanchées pour l’occasion. Je me trouve sublime aussi. Je passe au pupitre pour dire quelques mots :

  • Vous êtes toutes si belles, si prêtes pour la suite. Appliquez-vous, moi j’ai dû m’y reprendre à deux fois. Fresh, Sopho, Juniores, Seniores, profitez de chaque étape. Et ne vous demandez pas ce que Russell peut faire pour vous. Demandez-vous plutôt ce que vous pouvez faire pour Russell. Bla, bal bla… Non, en fait, je suis tellement fière, de vous, toutes. On ne s’est pas battues pour rien en vous voyant là, si matures. Vous allez changer le lycée comme le reste par la suite. Merci. D’avance. En attendant, aimez-vous les unes les autres comme j’en ai tant aimées.

Vu le niveau d’aujourd’hui, j’ai hâte de voir à quoi vont ressembler leurs bals du lycée. Je rentre, je les laisse à leurs souvenirs sentimentaux. À la 72 je m’arrête sur la terrasse, dans le noir, pour me surveiller. Je me surprends souvent à ne plus respirer, pendant longtemps. Alors je fais mes exercices d’inspiration et de pleine conscience, la solution à mes problèmes cognitifs, respirer, expirer. Esprit clair dans la nuit. Énola m’observe depuis le salon, affalée dans un fauteuil avec un livre à la main. Je m’approche. C’est un Megan H. Le troisième.

  • Tu rentres tôt. Il y a un problème ?
  • Oui, non. Je suis venue te chercher.

Elle ferme le livre, le pose et se lève, elle se fait belle. Trop, même. On va au bal voir dans quel état elles sont. C’est étonnement calme. Elles sont sages. Équilibrées. Aucune frustration à extérioriser. Que de l’amour. C’est juste beau. On passe au stand des photos de couple. On est dans l’album, trop mignonnes sur l’image où je la regarde avec amour et elle rit. On retrouve nos filles, elles sont pompettes. En les ramenant elles s’endorment l’une dans l’autre. À l’annexe on les borde et on rentre se faire un alcaloïde bien chaud sur la terrasse, dans la nuit avec le bruit des vagues de l’océan qui dialogue avec nous.

  • Moi aussi j’avais une popularité particulière au lycée, un peu comme ta fille ou plutôt le contraire. Je ressemblais à un garçon alors j’avais beaucoup de succès avec les plus belles filles, les intellos, celles qui étaient à fond sur leur destin. Je n’étais qu’une sportive décérébrée.
  • Tu as vraiment mal tourné alors, quelle déchéance, si elles te voyaient.
  • Elles étaient gentilles et sympa quand même, même Rachelle.

Nos filles sont beaucoup plus prometteuses. Longues vies à elles.

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