162 - mes entrailles originelles
Ce matin, avant le brunch, Eloa tient à m’accompagner dans ma tournée de surveillance des plantes de la Riviera. Je dicte à mon mono les interventions à faire sur les arbres. Ensuite, au détour d’un square, je trouve une activité pour que Eloa plonge ses mains dans la terre en y plantant des fleurs et ses mains au contact des forces telluriques. Pendant qu’elle s’applique au motif de couleurs à respecter, elle me confie :
- J’aime ta fille et j’adore ta régulière. J’ai toujours eu les meilleures. Je serai Reine un jour, quand la fonction aura usé les autres, ce sera mon tour. Et toi, tu t’envisage comment dans l’avenir ?
- Ne t’inquiète pas, avec toutes mes transformations primaires, je suis sans doute devenue mortelle. Tu l’es un peu aussi d’une certaine façon. Si tu disparais pour une raison ou une autre, Énola ne peut pas te ramener.
- Je sais, je suis apparemment unique dans les multivers. Ça l’intrigue. C’est pour ça qu’elle est souvent là. Et à ton contact, on se lasse de nos pouvoirs. J’en ai quelques uns aussi, que je délaisse, pour juste être moi.
Mes mains entrent dans la terre par dessus les siennes pour la guider. Je sens sa respiration irrégulière. Je lui fais de l’effet ? Je regarde son visage en transe et ses yeux sans pupille. Elle est dans un état… On passe au sanitaires se laver les mains, je guide ses doigts sous la pression de l’eau pour enlever la terre de sous ses ongles, ça la chatouille. Nos joues se frôlent, nos cheveux s’emmêlent, nos lèvres se piquent sous une décharge électrique qui parcourt toutes nos extrémités, ses jambes la lâchent, elle m’entraîne avec elle sur le sol froid et nos ventre chauds se frottent comme nos bouches se lèchent. Elle pleure, à fleur de peau, submergée par les émotions. Ses larmes sont sucrées. Nos corps communiquent. Plus besoin de parler. Je lui fais sentir que je ne suis pas une menace à ses ambitions, bien au contraire, on est toutes là pour elle, Arona, Énola et moi comme on lui montre après le brunch, avec nos sept péchés capitaux, nos sept minibris connectés ensemble, ma fille n’en a besoin que d’un. Quand on reprend connaissance l’après-midi, j’ai la sensation d’un monde nouveau, d’une étape de franchie, d’un équilibre atteint dans notre famille soudée. Au matin suivant, la magie opère encore avec Eloa sur mon sein droit et Arona côté cœur, chevauchant le visage de Énola qui goûte à sa semence pendant que je sens trois mains se promener sur mon ventre. Arona convulse et bave, Énola remonte me donner la béquée salée du fruit de mes entrailles originelles.
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