Un rendez-vous câlin. Avec Rachelle. À Laguna City. Dans la Maison Bleue. Je ne m’y attendais pas. Elle a goûté à tous mes fluides, jusqu’à mon sang, à me mordre de plaisir sous l’orgasme de tous ses sens. Mon petit corps fragile, bousculé par sa brutalité, a besoin de soins. Pendant qu’elle me répare elle se confie enfin :

• Tu te rappelles à quel point Spencer aime marquer son territoire ? Non ? Tu as oublié. Avec moi, c’est allé plus loin. Et j’ai hérité de Eloa.
• Elles sont donc cousines, avec Arona. Au septième degré. Eloa est bien plus rousse que toi. Bien plus douce aussi. Tu es une sauvage, Rachelle.
• C’est l’habitude de me battre, ça déteint sur tous les aspects de ma vie. Pour Eloa j’ai voulu le meilleur, elle est génétiquement améliorée, purifiée des déviances de ses ascendants.
• Je comprends, une mère veut la meilleure destinée pour sa fille. Tu t’es pas laissée un peu faire avec Spencer.

Rachelle me regarde d’un regard complice et amusé. Désolée aussi d’avoir meurtrie ma jolie peau trop fine pour ses assauts. Une pommade magique arrange tout ça et efface les traces de son comportement primaire. Je dois m’avouer quand même que j’ai aimé le feu de son action et je lui montre à ma façon ma façon à moi de partager l’intime en m’inspirant des gestes que j’ai vu de sa fille sur Énola. Rachelle se met à pleurer de ne pas se rappeler de la dernière fois que quelqu’une a été tendre avec elle. Pour chacun de ses coups je lui rends une caresse profonde et sincère de pardon à partager, elle pour moi, moi pour elle. Et la nuit passe, et le jour vient pendant le va et vient de nos corps l’une sur l’autre, à ma façon. Je crois qu’elle ne refera plus jamais l’amour comme avant. Il suffisait de lui montrer. Et elle apprend vite. Je repars avant elle. J’emprunte un vélo bleu que je débraye en roue libre car ça descend jusqu’à l’océan, il accumule l’énergie qui le fera remonter à son point de départ. Je zig et je zag entre les quartier résidentiels pour arriver sur le parvis de la Cathédrale. Je contourne le monastère et le couvent pour descendre sur Laguna Beach qui n’est plus Beach mais Riviera désormais. Laguna Riviera, en voilà un joli nom. Je renomme tout de suite les panneaux d’entrée de ma zone. Carla était mairesse de Laguna City avant de se rétrograder sur Laguna Beach où elle a perdu le territoire de la Riviera. Moins elle a d’administrées, mieux elle se porte. Elle cherche même à autonomiser Russell, tout le campus, lycée et grandes écoles, Westech compris, dans une logique de décentralisation et de redistribution du pouvoir, tout le contraire de l’Est.