185 - syndrome de la page blanche
Maintenant je peux aller de l’avant ou du moins rester sur place, bien ancrée sur mes positions. Si j’ai une question, je demande à Marie. Mais le plus important reste le présent. Soir, nuit et matin en famille en 72. Ma fonction en journée se résume à s’aimer avec Marie à l’AZU. Li Lee finit par ne plus réussir à revenir tous les jours, engluée dans sa formation 36. Alors quand je joue avec Marie, c’est Énola qui s’occupe de ma fille Arona et de sa copine Eloa qu’elles adorent toutes les deux. Je ne vais pas partir en quête de mon histoire passée à travers mes multiples filles de lait, si je suis devenue Jenna c’est déjà pour oublier Megan. Oublier, c’est mon pouvoir, ma force, bla bla etc. Bref.
- Et maintenant Marie, qu’est ce qu’on fait ?
- On a déjà tout fait ensemble. On va pas recommencer. L’éternité est déjà assez longue comme ça. Et pas question de se lancer dans le sauvetage de toutes les âmes de l’Est. On va attendre qu’elles viennent à nous. On est au bon endroit pour ça.
Ainsi l’Est gère ses problèmes avec toutes ses institutions plus ou moins contrôlées par Rachelle, la mère de Eloa. Et ici à l’Ouest, nous sommes toutes dans de sortes de grandes vacances, un peu comme ce qu’on a vécues aux Suburbs. Je crois que Marie y est passée aussi. Mais bref, concentrons-nous sur le présent. Marie me regarde réfléchir. Elle écoute mon esprit. Moi, quand je la regarde, je ne vois que son corps désirable. J’admire jusqu’à chacun de ses gestes, surtout les plus maladroits, pour moi elle n’est qu’amour, ce lien fort qui me raccroche à la réalité. Mon identité consciente ne tient qu’à ça. Si elle disparaît, je vais m’endormir et tout sera fini, mon identité va s’effacer et mon âme va errer dans le néant. Il est nul mon destin, autant ne pas y penser non plus. Me voilà coincée dans le présent, avec la bonne personne, dans un monde paradisiaque que je me suis construite. Marie me distrait en remettant mes cheveux en place. Je ne les attache plus désormais, comme elle. On est bien plus jolies comme ça même si c’est moins pratique à gérer. Mais c’est important de se sentir belles et aimées pour partager tout cet amour avec l’autre être aimé. Marie. Ma Little.
- Tu as raison, ça ne sert à rien de tout recommencer. Mais j’ai besoin, plus que jamais, de rituels, pour me repérer.
- Un programme journalier ? Hebdomadaire. Un agenda. Ça va finir en calendrier. De quoi énerver Paloma. Et le plus grand danger de l’Humanité, c’est que tu te remettes à écrire, la Bible. Je suis aussi là pour y veiller. Jenna, je suis ton syndrome de la page blanche.
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