188 - ensemble sur le pont

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Marie n’est plus aussi présente. Paloma l’accapare. Je n’ai plus la force de me battre encore une fois pour la récupérer. C’est son sortilège. Je souffre, je pleure, je vais l’oublier, c’est triste. L’aile Est de la 72 est vide. Marie est mutée à la Mairie de Sylvania. Je suis mise à l’épreuve. Vais-je l’écrire pour ne pas oublier ? Misha vient me voir pour se plaindre de ma fille Arona qui accapare elle, sa Reine Clémence en 55. Mais Misha me sent et me comprend. Elle capte tout de suite la situation :

  • Jenna, je vais l’écrire à ta place.
  • Non, laisse faire l’amour, pour voir si il est le plus fort. Arona et Clem, ça va se calmer aussi, un jour ou l’autre. C’est bientôt la rentrée scolaire.
  • Non Jenna, elles en sont déjà à la moitié du premier niveau.
  • Ah bon ? Le temps me joue des tours. Ça y est, je me rappelle. La rentrée a eu lieu juste avant que je rencontre Li Lee. Je donne des cours de GC sur le Campus Russell.

Comme quoi. Ma mémoire peut revenir. Je dors mieux en ce moment. Le sommeil est réparateur. Énola dort beaucoup aussi. Je la rejoins et je me cale sur son rythme. C’est simple. Il faut se mettre en phase avec la planète. On se couche au crépuscule, on se lève avec le soleil bleu. Je mesure toute la valeur de ma régulière, elle est toujours là pour moi. Je me souviens de Marielle, l’ex-régulière de Énola, au bord d’une piscine, elle me confiait :

  • Tu as de la chance. Énola est toujours là pour toi. Elle était toujours absente pour moi.

Mais je viens de comprendre. Je me lève en pleine nuit et je vais dans mon bureau regarder mon tableau noir, vide de mots. Paloma a triché. C’est pas un sortilège. Je prends la craie et j’inscris : « Marie revient ». Mais si on se met toutes à écrire ce qu’on veut, ça va être un beau bordel. Alors j’efface. Et je retourne dormir, tout contre Énola. Au premier rayon, je me lève. Énola se réveille doucement mais elle reste dans notre couche. Je lui fais un petit bisou et elle me confie :

  • J’attends Eloa. Elle me rejoint toujours à cette heure là.
  • Okay, je vais voir Arona alors, pour la tétée.

Effectivement, on se croise sur le pont qui relie la Maison à son Annexe. Je lui fais une bise. Hésitante, Eloa m’avoue :

  • Arona vient de partir, en 55, c’est aussi son moment avec Clémence.
  • J’y vais aussi alors, je dois consoler Misha.

On s’embrasse tendrement, longuement, ensemble sur le pont.

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