214 - à consommer avec modération

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Quand j’étais Megan Honest, j’ai écrit l’amour, la haine, la mélancolie, le bien, le mal et toutes les question existentielles qui vont avec. Tout ça pour m’éloigner le plus possible de la vie merdique de scientifique à la con que j’étais. Finalement, je me suis toujours fuis, d’une façon ou d’une autre, jusqu’à m’oublier. Voilà à quoi je pense en préparant le brunch de Rachelle qui finit enfin par se réveiller en passant en cuisine, attirée par l’odeur, sans doute. Elle est surprise de me voir, je l’accueille avec un tendre baiser et un gros câlin, en plaisantant avec des bisous entre les phrases :

  • L’alcaloïde est chaud, tu veux du lait dedans ? Tu en as en toi maintenant. Du vrai. Du bon. Du mien. Du nôtre.
  • Merci, Jenna. Merci, d’être restée. C’est de la diplomatie d’ambassadrice ?
  • Je serai toujours là pour toi Rachelle. Tant que je me rappelle de toi.
  • C’est pour ça que tu as fait tout ça avec moi, pour pas m’oublier.
  • En fait, je joue la pute pour te convaincre de ne pas faire extrader Cendrine. C’est mon boulot. Je partage mes fluides à la plus offrante. Tu veux bien me donner ça ?
  • D’accord. Mais recommence pas. Je risque de m’attacher à toi, ma petite pute gothique, primaire, dégénérée. Pisse-moi dessus.

Et je me mets à rire. Pas elle, elle est sérieuse. Non. Elle me fait marcher. Je suis pas si naïve. Elle me prend le cou de ses deux mains et presse. Je ferme les yeux et je mets les bras en croix, j’accepte ma mort. Elle lâche. J’ouvre les yeux. Elle a peur. Je la serre dans mes bras.

  • Maintenant, je te dois la vie, Rachelle. Tu es responsable de moi.

À aucun moment je n’ai douté, parce qu’elle a lu tous les livres de Megan H. Et bien lus. Bien tout compris. Je sens ses bras autour de moi. Elle me rend mon câlin. On ne peut pas être plus proches, à ce moment précis, au milieu de toutes nos émotions. Quand je part je me retourne pour lui faire un petit coucou de petite fille, elle sourit, heureuse. En tous cas, elle, elle n’est pas prête d’oublier quoi que ce soit de nos dernières heures passées ensemble. Je me demande si elle osera me le raconter un jour, quand j’aurai tout oublié. Je rentre en 72 où Marie, inquiète, m’attend. Elle m’inspecte et sa main s’arrête sur mon cou. Elle regarde, il y a une trace, deux mêmes, de chaque côté. Je la vois fâchée, prête à tuer. Voilà ce que j’inspire une seconde fois en peu de temps.

  • Tu provoques les envies bestiales d’une bête sur sa belle. La passion est trop forte. Ton lait béni. Toi. Tu es à consommer avec modération.

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