220 - nuque à nue

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Elle essaie de boire son thé pendant qu’on lui mordille les tétons. Le lait vient enfin, on se calme toutes, elle boit mais on abaisse sa tasse pour y cracher dedans. Elle regarde le nuage se dissoudre dans le brouillard chaud qui fume et nous enveloppe de son odeur réconfortante.

  • J’ai besoin de vacances. On a besoin de vacances. Aux Suburbs. Avec les filles. Elles connaissent pas. Faut leur montrer.
  • Bonne idée. C’est justement les vacances scolaires pour elles aussi.

La lumière est plus chaude, la brise plus douce, l’océan est loin derrière une digue nous offrant une mer calme. Maintenant elles savent à quoi ressemble une vraie Riviera avec ses maisons en bois de toutes les couleurs à marcher pieds nus dans les allées en sable blanc et doux. Une grande dame blonde nous fait signe. Elle ressemble à Victoria. C’est sa mère, Émilie. Elle a l’air un peu droguée et inquiète de voir autant de brunes avec une rousse et une petite blonde quand même. Je fais les présentations.

  • Nos filles, Arona et Eloa. Les filles, voici Émilie Raymond, la grand-mère de Clémence, entre autres.
  • Salut les filles. Arona, alors c’est toi.

Il n’en faut pas plus pour visualiser la suite, la petite blonde dans la grande, par devant et par derrière, elles ont de quoi faire et ne sont pas prêtes de s’ennuyer surtout avec une touche de rousseur entre les deux. De quoi reposer aussi Énola, justement, on est venues pour ça. J’amène Marie au Manoir. On entend crépiter la machine à écrire dans la bibliothèque. On y entre, elle est armée, d’une feuille, presque pleine avec comme titre deux fois deux lettres : C C X X. Chapitre 220 ? Ça avance pas vite. Voilà donc la source d’Adélaïde.

  • J’ai échouée, Marie, regarde. Je ne suis rien ni personne finalement. La Bible court toujours.
  • Tant mieux, moi non plus. On va être heureuses Jenna, on l’est même déjà. À l’Ouest on s’en fiche de la Bible. Et de celle-ci aussi. L’une et l’autre ne sont pas en territoire religieux. Toutes les autres sont périmées. Tu as arrêtée la propagation des mises à jour. C’est déjà ça.

Je m’approche de plus près pour lire le dernier paragraphe mais finalement je crache dessus. Ça fait rire Marie. Moi aussi. Mais on ne va tout de même pas y risquer notre lait, surtout le mien. Marie me tire de la pièce avant que je change d’avis. On rentre tranquillement en marchant dans l’herbe mouillée, main dans la main. Je la fais passer devant pour admirer les courbes de ses hanches et sa nuque à nue.

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