224 - je me sens différente
Mais le temps n’avance pas si vite et nous sommes les heureuses prisonnières de notre présent. On peut ainsi profiter en pleine conscience de nos souvenirs à venir, Marie et moi. Je la regarde, je l’observe, je cherche sur son visage à ressentir l’essence de son âme, elle est ma plus belle lecture et j’y reviens à chaque fois avec le même plaisir d’assouvir l’attente de l’envie de l’embrasser et de la sentir en moi. Ma Little Marie-Jeanne Jenkins, GC 34, une impaire, noire et passe, fête vos jeux, rien ne va plus, tout va bien jusqu’au bout de mes seins sur les siens.
- On est plantureuses. On est femmes, l’une de l’autre.
- Je suis pas la plus belle. Pourquoi moi ? Je ne te mérite pas.
- Moi non plus. Parce que je t’ai volée. C’est plus excitant. Parce que tu n’es pas parfaite. C’est très excitant. Ma primarité adore ça, adore toi.
- Après toutes les vies qu’on a déjà eue ensemble ?
- Ça ne fait que commencer. Même si on connaît déjà la suite.
- Jeanne et Maria. Il n’y a pas déjà eu une Jeanne ?
- Juste une fois ou deux. Jamais deux sans trois. 203. Il s’est passé quoi à ce chapitre là ?
- Attends, j’ai une copie sur mon monom. Lactation papale. Bénédiction de ton lait. Proclamation de la Fémunitée. Et comme son titre nous l’exhorte : « se préparer au bonheur ». Tout est déjà écrit.
Mon ventre ne vibre pas comme d’habitude. Il se transforme déjà. Ma fente descend et s’ouvre. Je suis enceinte de nos gémelles. Je retire le minibri avant qu’il ne se perde en moi. Il y a du sang. Au lieu de s’effrayer, Marie se fraye sur moi et lèche mes doigts ensanglantés qui tiennent le jouet de nos désirs. Je lui soulève le menton pour attraper son regard, sincère, dévouée, amoureuse elle est, de moi, de nous, toutes. Le minibri de derrière se met en route et fait vibrer tout mon arrière train pour une détente profonde d’une onde qui se propage et explose dans mon crâne, je laisse échapper un râle, animale je suis dans les bras de Marie, dans notre couche en M72. Quand on revoit Énola aux Suburbs elle a l’air d’aller mieux. Elle comprend tout de suite les changements de mes entrailles et m’amène au pied de la montagne sauvage où derrière les arbres une cascade tombent dans une étendue d’eau où elle m’entraîne avec elle, jusqu’au ventre.
- Quel est cet endroit ? L’eau a l’air particulière ici. Froide. Pure.
- On est à la Cascade de Jouvence. Plonge tes seins, Jenna.
Ça remet les âmes en place, je sens mes tétons réagir. Je ferme les yeux et je mets la tête sous l’eau aussi. Quand je remonte, je me sens différente.
Annotations