225 - H majuscule

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En séance au Parlement Bleu à Sylvania, je sens que certaines me regardent différemment. Elles sentent, elles savent, pour mon ventre devenu primaire comme le leur. Je ne savais pas qu’elles se reconnaissaient entre elles comme je les reconnais aussi maintenant. Je n’ai que ça à penser, pas de discours à faire cette fois-ci, je suis juste venue représenter l’Ambassade Zéro Universelle de l’Ouest. Les mairesses sont là aussi, Marie, à côté de Clara, me fait coucou depuis l’autre côté de l’hémicycle. Rachelle fait semblant de me parler officiellement mais en fait son discours est purement privé :

  • Ne t’inquiète pas si certains pouvoirs primaires apparaissent, c’est lié à ton ventre. Greta saura mieux te l’expliquer. Elle est là justement.

On sort sur la terrasse en fumer une. On est sûrement écoutées.

  • Qu’est ce que tu comptes faire, vraiment, allez jusqu’au bout ? Jusqu’où exactement ?
  • Nulle part, en fait. Il est trop tôt. Ça reste au niveau de projet, éventuel. Mais je suis contente, d’en être arrivée là. Ça change. Ça me change. Je ne reviendrai pas en arrière, quoi qu’il arrive.
  • Comme d’habitude. Je comprends. Quoi qu’il arrive, je suis là, Jenna.

C’est presque plus facile de parler dans ces conditions finalement. Greta se rend bien compte qu’on est fortes, avec Marie. Le passé à échoué à nous séparer, l’avenir subit le même sort. On ne sait pas ce qui nous attend. Alors en attendant, on profite d’avoir nos filles avec nous, dans nos vies avant qu’elles s’enfuient dans les leurs. En attendant, Clara et Marie s’aiment bien et j’aime aller traîner dans la Maison 25 quand Pénélope est en période, de réserve. Médo signale mon arrivée, il me connaît mieux que je ne le reconnais, il paraît même que je le promenait avant…

  • Monsieur Dimitri, vous séchez les cours ou bien ?
  • Bizarrement, j’ai des horaires de nuit maintenant, à diriger les grandes lettrées de demain. Le jour n’est pas propice à l’écriture.

Il me paraît plus petit qu’avant. Je l’intéresse encore plus qu’avant. Je suis pour lui toute une collection de fantasmes. Et je suis là à le brancher, comme d’habitude. Mais il est solide. Il me montre le tableau pour mon cours particulier. Finie la craie, j’en suis maintenant au feutre, effaçable. Il me réapprend, à écrire. J’ai toujours des phrases à la con à lui soumettre, en anglais, la Bible ne voit pas cette langue : « I hope you be my last boy before end of humanity. » Il ricane et prend ma main pour effacer le début du dernier mot et corriger d’un provoquant H majuscule.

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