226 - un moment suspendu

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J’ai jamais été son élève. Il n’a jamais été mon prof. Il y a toujours eu une tension sexuelle entre nous. Et maintenant que je suis grande avec ma nouvelle anatomie primaire, pour célébrer l’aboutissement de mon parcours génétique, je veux que ma première fois soit à lui.

  • Dimitri, je veux que tu me déflores et que tu me fécondes.
  • Ça va faire mal. Sauf si je m’y prend bien. Mais je ne me sens pas à l’aise avec toi, Jenna. Il y a toujours eu trop de tension entre nous.
  • C’est vrai. Mais on peut changer ça. On a le temps. Je ne suis pas pressée. Je laisse ma proposition mûrir en toi, fais-moi signe quand tu seras prêt.
  • Si on en est disposés un jour, on le saura et ça se fera tout seul. En attendant, on va passer à l’encre sur le papier.

Il ne me dit pas si elle est effaçable ou non. Mais le papier, ça brûle, alors…

  • Je suis le papier et tu es l’encre. Que dois-je écrire ?
  • Il faut commencer par la base de la fiction. La vérité.

Il est étonné de me voir prendre la plume de la main gauche. J’ai l’œil directeur droit. Ce qui implique que, pour bien viser avec une arme, je dois les utiliser de la main droite. J’ai toujours considéré l’écriture comme une arme. Mais à la main, sur le papier, dans la précision de la vérité, je redeviens naturellement gauchère et j’écris : « Je soussignée, Jenna JENKINS, Ambassadrice, en union libre avec Marie, GC-31, demeurantes à Laguna Riviera, M72, par la présente sentence j’offre ma virginité primaire à Monsieur Dimitri, professeur de français, en union libre avec Pénélope Raymond, Amirale de réserve, demeurants ici-même en M25, LR. » Il rit de mon style pas très littéraire, avec des fautes mais plein de promesses interdites.

  • Est-ce que cette fiction deviendra réalité un jour ?
  • Elle n’en sera plus une le jour où…

Bisou. Baiser. De lui. Pour interrompre mes dires. C’est la première fois ? Pour moi, c’est toujours la première fois tellement j’oublie. Je m’accroche à ma plume pour ne pas la lâcher. Je me concentre sur cet instant rare en écoutant mes émotions. Je sens une larme couler de mon œil droit. Ça n’a rien de sexuel, ni même de sensuel ou passionnel, c’est autre chose, mais quoi ? Une signature, une acceptation, sans crayon et sans mot, juste avec sa bouche, nos langues glissent et partagent leurs fluides comme quand on trinque pour les mélanger en confiance de boire l’autre en étant sûre que ce n’est pas un poison. Un moment suspendu.

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