233 - notre plus belle mort
Marie aime son travail à la Mairie de Laguna Beach avec Clara comme moi j’aime mes cours en 25 avec Dimitri. On a cette force de pouvoir aussi être heureuses l’une sans l’autre et c’est ce qui fait qu’on s’aime de plus en plus fort, même physiquement où on passe des heures à se secouer d’orgasmes, pour se faire pardonner de nos plaisirs annexes et non exclusifs dans notre relation régulière et libre de couple féminin de l’ère 4. On se muscle pour l’autre avec qui on s’entraîne pour nous. J’ai tellement changée ces derniers temps. Avec mon corps de stade 20, ma mutation finale de primaire, mon esprit qui n’oublie plus, mes fantasmes assouvis avec Dimitri, la dangereuse reprise de l’écriture, la création d’un calendrier intime, tant d’interdits franchis en si peu de temps, je me sens terriblement vivante, avec et dans Marie aussi et avant toutes, en avant toutes vers l’absolu éternel de nos désirs les plus secrets. Marie aime bien ma nouvelle anatomie, ça change.
- Tu crois que tu vas vraiment pouvoir porter nos filles gémelles, Jeanne et Maria, depuis que Dimitri te remplit de sa semence par tous les trous, elles seront vraiment à nous ou bien ?
- On peut prévoir une sélection ou un mélange, c’est à la carte, vive la science génétique qui m’a amenée jusque là, jusqu’à toi. Ne t’inquiète pas Marie, c’est le mari de Pénélope, Dimitri n’est pas à moi. Mais il n’empêche qu’il a défloré mon anatomie primaire et finale. Alors j’aimerais quand même avoir une trace de lui dans nos enfantes à venir.
- C’est toi qui décide, c’est toi la mère, tu vas les porter mais je suis d’accord sur le principe, tant qu’il y a un peu de nous en elles aussi.
Mais Dimitri n’est pas une chose qu’on va partager elle et moi, tout comme Clara qui reste sienne. On cloisonne nos aventures personnelles. Avec Dimitri on finit pas ne plus écrire au profit du reste, l’écriture est notre alibi. En fait, on se trouve beaucoup plus stimulants que nos phrases sur le papier. Dégoulinants de sueurs, essoufflés de nos efforts, on s’arrête un instant où je peux lui confier :
- Qu’est-ce qui nous arrive ? On va bien se lasser un jour, non ?
- Je sais pas. Ça prend une proportion inquiétante, passionnante.
- C’est plus que de la passion, plus que de l’obsession.
- On a bien fait d’attendre. On peut mourir tranquille maintenant.
De pleins de petites morts, encore et encore, primaires et à l’ancienne, mâle et femelle, sans artifices, sans outils de plaisirs, juste avec notre instinct sexuel débordant. Je n’ai jamais aussi bien dormi qu’après l’amour avec lui. Nos corps sont à l’épreuve de notre plus belle mort.
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