Son dos est tellement grand, je peux y écrire plusieurs paragraphes. Il ne peut pas les lire alors je lui confie en quelques maux que je l’aime très fort. Je remonte à son oreille pour le rassurer :

• Ne t’inquiète pas, ça partira sous la douche, de mon lait. Tu es prêt ?
• Encore un de tes textes dont je ne saurai jamais le contenu alors qu’il a été écrit sur moi mais effacé par ton fluide sacré.

Mais j’ai une autre idée. Je lui fais une blague. Je me lève et je me lâche, je lui urine dessus. Il s’en rend compte. D’abord choqué, il rigole et m’attrape pour m’emmener sur son épaule, à la douche où je ne touche pas le sol, le dos contre le mur, debout sur son mat en moi, face à face, c’est la peur de la grosse commission. Je sens toute sa force en moi, je me concentre pour ne pas lui griffer le dos, je dois le rendre en bon état. Un jour on nous surprend, en plein travail, d’écriture. On n’a pas fermé. Paulette est venue ramener un livre. Je suis sagement au tableau et Dimitri assis devant un bureau en face.

• Oh, excusez-moi. Jenna, c’est toi qui lui donne cours ?
• Dans certains domaines, oui.

Elle se met à pouffer puis elle se reprend. Elle s’avance timidement pour ranger un vieux tome de la Bible. Une lecture bien étrange, elle prépare une pièce de théâtre. Par la porte ouverte on entend Misha rigoler avec Pénélope. Ça sent les crêpes. En repartant Paulette fait exprès de mal fermer la porte, sans doute pour regarder discrètement la fin du cours… Je reprends mon travail au tableau, sagement et studieusement. Mais on a faim maintenant. Alors on fait une pause et on les rejoint en cuisine. On n’est pas obligés de le faire à chaque fois. J’ai des crédits d’avance tellement je lui ai faite des choses hier. Nous ne sommes pas prisonniers du rituel. En rentrant :

• On peut en rester là. Je vais consigner toutes les pages.
• J’ai un certain nombre de documents à parapher à l’Ambassade. J’ai peur de ne pas pouvoir le faire sans assistance.
• Tu as pensé à tout.
• C’est un des prérequis de mon travail.

Superviseur des Écritures, c’est la fonction inscrite sur le badge de Auguste DIMITRI pour rentrer à l’AZU. Je lui explique les procédures et on se met au travail. Il est à ma merci, sur mon territoire, neutre. Ici, la magie n’opère pas. On en est un peu tristes.

• Alors ça y est, c’est fini ?
• Rien ne se termine en Ambassade. Ici tout commence.