247 - ici bas
Je reçois la Papesse en Ambassade. Ça a l’air grave.
- Laisse-moi deviner… Paloma ? Pourquoi elle est encore en poste ?
- Parce qu’elle est puissante. Elle maîtrise même les sorcières. Mais elle a quand même perdu. Et elle est gentille au fond. Tu le sais, non ?
- Gloria lui pose des problèmes ? Elle peut être parfois…
- Non c’est pire que ça, elle déprime. Paloma. Elle passe des heures prostrée à la Cathédrale et elle a l’air ailleurs, elle ne réagit pas, à rien.
J’ai compris. Je passe récupérer Marie à la Mairie, je la préviens avant pour ne pas la surprendre avec Clara. Adé s’occupe d’amener les autres et nous voilà toutes à Sainte-Claire. Gloria et Maëlle sont là. On tourne toutes autour pour s’afficher devant son visage une à une. Adé nous fait signe de nous tenir les mains, on fait une ronde. Quand je repasse devant Paloma, son regard bouge enfin et attrape le mien. Je m’arrête et j’inspire.
- Jenna ? Marie ? Gloria. Maëlle. Qu’est ce qui vous amène ?
- On t’aime Paloma. On a toutes perdu. Mais il n’y a plus de jeu.
- Oui, je sais. J’aimerais oublier, tu sais, à quel point j’ai vrillé.
- Pas tant que ça. On s’en est toutes sorties. Et on te pardonne.
Cette dernière phrase éclaire son visage. Elle y croit. Elle accepte notre pardon. Parce qu’il est sincère. Sans miséricorde ou ce genre de connerie. Même si le lieu peut s’y prêter. Mais Paloma reste Paloma. Adé a bien faite de nous alerter. Elle est une bonne Papesse. Je lui fais signe de nous rejoindre et on fait toute un gros hug à Paloma qui se met à pleurer, nous aussi du coup. Je suis tellement heureuse de les revoir mais Gloria a l’air déprimée. Maëlle, elle, est le portrait craché de Megan H dont elle reprend parfaitement le personnage que j’ai été et que j’ai quitté. Megan continue d’exister à travers Maëlle qui elle aussi veut fuir la sorcière qu’elle est. Gloria m’explique aussi ce qu’elle vit :
- Paloma est épuisante. Je n’ai plus d’inspiration pour mes chansons.
- Sans doute un de ses sortilèges. Reste proche d’elle et elle saura te réparer. Surtout ne la rejette pas et veille sur elle aussi.
Toute est bienne qui finite bienne. La Fémunité est en marche. Même ici en Sainte-Claire, le summum de la technologie religieuse, une démonstration de force à faire douter ceux qui n’ont pas la Foi. Ma Foi, je l’ai trouvé en Moi, je l’ai même deux Fois et elles portent en elles ce lait sacré, la manifestation physique de ma spiritualité, celle qui dirige chacun de mes gestes avec la finalité d’aimer, de jouir et de nourrir ma prochaine, mes prochaines, comme toutes celles présentent ici bas.
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