255 - ses désirs de sorcière
J’ai jamais envie d’y aller, en Ambassade. Mais une fois que j’y suis, je n’ai plus envie de rentrer. C’est un boulot, passionnant. Et une première adjointe qui ne l’est pas moins. Ariana me vénère, comme une mère et plus car affinités en intimité. Mais j’ai besoin de respirer, seule. Je vais bien trop souvent au jardin zen. C’est le jour des stagiaires et je sens sa présence.
- Ma pauvre petite Licorne, où sont passés tes cheveux colorés ?
- Moi aussi j’ai changé, Jenna. Je suis devenue… une triste et haute fonctionnaire de Grand Chelem, promotion 36, pas encore diplômée.
On se pose au salon public et on se liste nos problèmes et nos solutions.
- C’est une malédiction, je ne m’entends plus penser sans autrui.
- Penser, c’est désobéir. Si tu savais le nombre de conneries que je suis obligée d’apprendre, ça n’a pas de sens.
Au final, ça fait du bien de parler, ça conjure et on peut passer à autre chose, avancer dans ce monde où il faut rester sur place face au temps qui passe. Mais Pippa ne tarde pas à demander à me voir pour revoir Li. Les voir s’embrasser me fait me sentir seule. Je me concentre alors sur mes nouveaux pouvoirs, moi qui n’en ai jamais eu. Je sens une main sur mon bras. Pippa me fait redescendre, je ne touche plus le sol.
- Jenna, je t’envoie vers une spécialiste de ton cas, une sorcière, une vraie, la fille de Brigitte, Sabine, elle est douée.
Je la retrouve au Couvent, à Laguna City, au milieu des nones.
- Elles sont plus diaboliques que moi, c’est pour me rendre indétectable.
- Le même humour que ta mère, la même allure aussi.
- Oui je suis une sorte de Mini Bri, dans jeu de mots ou jouets de maux.
- Qu’est ce que tu peux faire pour moi ?
Elle peut me faire disparaître dans une oubliette pour que je réfléchisse à ma condition et que j’explore toutes mes possibilités.
- Une grosse perte de temps, même dans l’éternité. Tu n’a rien à contrôler Jenna, ni à découvrir. Ça viendra tout seul. Un jour. Si besoin.
Une douzaine de jeunes nones papillonnent autour de Sabine avec de petits rires coquins. Je suis invitée à la Messe. Mais à l’eucharistie, au moment de la communion, c’est de mon lait qu’elles veulent. Sabine me place devant l’autel et ouvre mon chemisier. Elles défilent pour embrasser mon sein droit qui perle à chaque fois pour leur faire goûter au lait béni par leur Papesse. Elles rentrent ensuite sagement dans leurs cellules me laissant seule avec Sabine, à la merci de ses désirs de sorcière.
Annotations