Mon quotidien en 72 avec Marie, mes fonctions en Ambassade avec Ariana, tout reste au second plan de ma conscience qui se met en éveil seulement avec Sabine, à un niveau supérieur où cette fois je la suis à Sylvania jusqu’aux toits de la Cathédrale Sainte-Claire, Tour Sud.

• Il faut que je saute c’est ça ? Dans la rivière d’eau bénite ?
• Ce serait un joli baptême mais non, je te demande juste de regarder, autour et de ressentir ce que tu perçois des alentours en commençant par l’horizon et en revenant doucement jusqu’ici en balayant les âmes.

Mais je n’arrive pas à me concentrer. Je ne sens que Sabine et la pression de ses fluides, sang, lait et autres dont je sens les odeurs aussi. Je rigole et elle me regarde, dépitée. Et elle commence à crier :

• Ça te fait rire ? On a un Pôle positif à trouver, bordel !
• On s’en fout Sabine, les pôles c’est plus le problème de nos jours.

C’est même pas la solution, non plus. Outrée, elle jette sa croix. Mais on entend jamais le plouf. Elle est sans doute en chute libre perpétuelle, en orbite autour des tours. J’essaie de me retenir, de rire. Elle s’approche :

• Et tu trouves ça drôle ?
• Sabine. Tu pues.

Elle prend un air gêné. Je m’arrête de rire. Je lui prends la main et on redescend. Si je me souviens bien des plans, c’est sur le côté, près de l’autel, à l’Est. Où est l’Est déjà ? C’est là. Le baptisterium. Baptistère. Une grande marre intérieure avec une petite cascade qui déborde d’un gros coquillage, un bénitier. On y entre, main dans la main, nues. C’est assez profond pour immerger nos flotteurs en se mettant à genoux. On s’avance vers la cascade dans le nuage blanc de nos laits qui suintent et on lave nos visages sous la vague sacrée. Ça remet les idées en place. On ressort enfiler une aube et on recouvre nos têtes. Front contre front, on se met à prier.

• Sainte Claire pardonne-nous notre péché pour le bien de la Fémunité.
• Par cette eau du Jordania, la chair de nos corps est consacrée.

Etc. La liste est longue. Chacune son tour on trouve une requête ou on affirme un miracle. Je crois qu’on finit par y croire. Elle nous éclipse par une porte dérobée et on grimpe dans ma navette diplomatique furtive. Il ne s’est rien passé du tout. C’est comme si on n’avait jamais été là.

• Sabine, tu es si puissante. Mais pas assez pour m’enseigner la magie.
• Je n’ai rien à t’apprendre Jenna. Et en ta présence on est toutes plus puissantes. C’est à toi de voir mais tu ne veux pas. Ainsi sois-tu.