269 - me faire consoler

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En la Basilique Blanche de Laguna Riviera, je sermonne à mes disciples : « Et pourquoi on devrait toutes avoir un rôle social précis et être la meilleure dans notre domaine ? En tous cas, pour nos relations intimes, c’est pas le cas. On se love et on s’oublie. Même nos enfantes nous oublient quand c’est pas l’inverse. Avant, il y avait un calendrier qui nous disait quoi faire. Il y a avait même une Bible qui nous disait quoi vivre. Maintenant, on est libres et complètes, ment, perdues. Entre les Pôles. Bipolaires. Aliénées. Décérébrées. Livrées à nos plus bas instincts. Pour l’éternité. C’est ça le paradis ? Bravo. J’applaudis. Alors quoi ? On fait quoi maintenant ? Qu’est qu’on veut ? Qu’est ce que vous voulez ? Posez-vous la question. Briller en avant, partir à l’Est ou rester humble et discrète. Démissionner. Ne plus croire. Allez en paix. » Je ne leur dis pas ce qu’elles veulent entendre. Je les remets en question. Un peu plus durement que les lycéennes. Mais en fait, tout ça, je m’en fous. Pour moi, tout ce qui compte, c’est ma petite vie avec Marie et mes galipettes avec Camélia. L’ambassade ? Ariana peut gérer. Je n’ai aucune ambition, ni pour moi, ni pour ma civilisation. Rien à faire. Il n’empêche, avec mes conneries, les bancs se remplissent de plus en plus à la Messe. Il est temps que je n’y aille plus, pour garder les âmes en éveil, installer le doute par mon absence, les faire grandir et penser par elles-mêmes. Je suis attendue par un troupeau étrange sur le parvis :

  • Tu te trompes, Jenna, nous on ne veut rien être ni rien penser, juste rester les choses de Sabine, c’est pour ça qu’on est nonnette.
  • Vous êtes honnêtes. Moi aussi j’étais Honest, Megan Honnest même depuis mon nouveau corps. Je n’ai aucun conseil à vous donner. Où est Sabine ?

Je les compte. Elles sont 13. Sabine est donc l’une d’entre-elles. Elles sont toutes plus jolies les unes que les autres. J’en prends une au hasard et je l’embrasse. C’est pas elle mais ça fait réagir les autres sauf une.

  • Sabine. Il faut qu’on se voit plus souvent. Tu fais partie de ma vie.
  • Je sais pas. Tu te débrouilles très bien, comme d’habitude.

Ah oui ? Je ne lui demanderai pas deux fois. Je tends ma main vers elle et je récupère tous mes pouvoirs. Les nonnettes se mettent à crier et à pleurer. Pas Sabine, qui les regroupe et les rassure.

  • D’accord. Tant pis. Heureuse de t’avoir connue.

Je disparais en un claquement de doigt et je me retrouve sur la plage entre le néant de l’océan menaçant et la Maison 72 ou Marie m’attend. Je suis triste. Fâchée. Déçue. Je pleure et je rentre me faire consoler.

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