Chapitre 5.  Délia.

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### Délia ###

Ma sélection s’était déroulée comme dans un rêve. Comme je voulais être certaine que ce n’était pas un mauvais rêve, je m’assis sur un banc à l’extérieur et repris mon aventure depuis le début.

Il y a un bon mois j’avais envoyé mon CV un peu au hasard à une série d’entreprises et ministères pour tenter de trouver un emploi. J’étais arrivée à Kinshasa après l’obtention de mon diplôme d’études supérieures et mes parents pensèrent que j’aurais plus d’opportunités de trouver un emploi dans la capitale. Mon grand frère Koffi, avait fait le même parcours et avait trouvé un emploi au ministère de l’agriculture, il y a déjà plus de deux ans. Au début il avait galéré pour se faire connaître car il logeait dans une petite chambre. Son salaire était décent à condition de recevoir sa paie car comme beaucoup d’institutions publiques les fonds venaient souvent à manquer. Au bout d’un an environ, il avait fait la connaissance d’une fille travaillant quelques étages plus hauts. Elle avait obtenu son emploi grâce à son père qui travaillait pour un membre important du Gouvernement. Sans la connaître à ce moment-là, il était tombé amoureux d’Aya, ce qui lui permit de trouver un joli appartement avec plusieurs chambres. Cela fut pour moi la chance de trouver un logement à peu de frais.

Et puis il y eut cet appel d’une grande entreprise agro-industrielle me convoquant pour le lendemain pour un entretien de sélection. Sur conseil d’Aya je mis mon plus beau boubou offert par mes parents. Personnellement je le trouvais trop sexy, mais ma quasi-belle-sœur estima que dans la vie professionnelle pour mettre les chances de mon côté, il fallait attirer le regard sur mon physique. Elle me trouvait très belle et disait que les vieux fonctionnaires qui devraient me choisir, se laisseraient attirer par une belle femme.

Je trouvais cette opinion très sexiste, alors que je comptais sur mon intelligence et mes connaissances pour réussir.

Le service du personnel me précisa que j’allais être reçu par trois personnes individuellement, deux femmes et un Européen. La première femme était la secrétaire personnelle du directeur général adjoint, elle avait terminé son contrat et m’expliqua son rôle et sa fonction dans l’entreprise. En cas de sélection j’aurai en plus du travail de secrétariat, à m’occuper de la préparation des missions de mon patron et de son assistante personnelle. Les voyages à l’intérieur du pays étaient effectués par avion ou par la route selon la destination. Dans la plupart des cas, j’étais censée les accompagner. Elle m’interrogea sur l’activité de mes parents qui possédaient une grande plantation de café et une rizière fluviale.

Puis je fus reçue par l’assistante du directeur. C’était une très belle femme typée d’origine sénégalaise, mais en fait elle se révéla katangaise comme moi. Elle reconnut immédiatement mon boubou qui provenait d’une grande maison de couture à Kinshasa et qui appartenait à sa mère. Ce premier contact était plus agréable que celui de la secrétaire que je serais appelée à remplacer. Les « atomes crochus » fonctionnèrent immédiatement, elle appréciait que je veuille travailler de façon indépendante. Elle me demandait où je vivais et avec qui j’habitais et ma situation maritale. Je lui confirmais que j’habitais chez mon grand frère et que je n’avais pas de petit ami. Une question me désarçonna lorsqu’elle me demanda si j’étais encore vierge. Oui ou non ? Allais-je lui dire la vérité ?

Je lui avouai que je n’étais plus vierge, ayant eu des relations avec un garçon du village à mes quatorze ans mais sans suite.

– Et depuis ? demanda-t-elle.

– Je n’ai plus eu de relations avec un homme, cela ne m’intéressait pas ! Cette première relation ne m’avait pas plu du tout. Je ne voulais pas être sous l’emprise d’un homme ou de qui que ce soit.

Je me rappelle plus de son nom, nous étions allés à l’écart de l’école, il voulait me caresser et avoir des rapports avec une fille. Lui et ses copains parlaient sans cesse de sexe. Ses caresses étaient plaisantes, son sexe raidi me paraissait énorme. Il était impressionnant et il me demanda de le caresser. J’étais aussi excitée que lui. Je croyais que j’allais atteindre le septième ciel mais à part une petite douleur et un peu de sang, je ne sentis rien de fantastique. Je lui demandai de se retirer. Heureusement car quelques secondes de plus sa verge expulsa sa semence. Ça aurait été une catastrophe s’il m’avait mis enceinte. Plus tard d’autres garçons voulaient coucher avec moi, je les ai éconduits.

– Si je vous demande cela, ce n’est pas par curiosité malsaine, mais pour savoir si vous êtes disponible et sans attaches ; les missions étant parfois longues et aussi peu confortables.

– Je n’ai pas d’autres attaches que celle de ma famille.

– Bien, dans ce cas je vais vous présenter à Monsieur Pierre *** qui sera votre patron si vous êtes engagée.

Je fus conduite dans un grand bureau où siégeait un Européen, moins vieux que je croyais pour être déjà directeur général adjoint. Il était assez agréable à regarder et à mon entrée il me souriait franchement. Il m’interrogea sur mes parents, mes études, me parla en anglais pour connaître mon niveau. J’étais heureuse d’avoir eu des cours particuliers d’un anglais résident à Lubumbashi, grâce à mon père. Il voulait que je puisse converser avec des commerçants des pays africains anglophones voisins de la RDC.

Il me félicita pour mon accent, qui le fit rire car il le trouvait très british. Dans l’ensemble l’entretien se déroula très bien, il me posa cependant des questions gênantes.

– Comment considérez-vous les relations interraciales ? Comment considérez-vous les relations entre un blanc et une Africaine ?

– Comme je vous ai dit, j’ai eu un professeur d’anglais, il était blanc. Je n’ai pas de problèmes avec des personnes d’autres races et j’accepte de travailler avec des blancs. Je demande juste le respect et je n’aime pas les gens qui me considèrent de race inférieure parce que je suis noire de peau. Les relations amoureuses interraciales ne me choquent pas. Mais jusqu’à présent je n’envisage pas de me marier avec qui que ce soit.

– Très bien, nous n’aurons donc pas de conflit.

Il me raccompagna jusqu’à la salle d’attente ou je vis d’autres candidates qui attendaient.

– Vous serez informée rapidement des suites, merci, dit-il en me quittant.

Je regardais les autres filles, les autres me semblaient au moins aussi bonnes candidates. Mais elles me regardaient toutes d’un air méfiant, voire hautain. Je n’étais pas très optimiste, même si je pensais que j’avais eu de bons contacts avec les examinateurs.

Au bout d’une demi-heure les trois autres filles étaient appelées une à une, puis je fus convoquée à mon tour. Le directeur m’annonça que j’étais engagé avec un contrat d’essai et que je commençais dès le lendemain avec son assistante. Il expliqua l’urgence car l’ancienne secrétaire allait partir bientôt.

Je le remerciai et il me conduisit à son assistante en me souhaitant bonne chance.

*-*

Le lendemain j’étais bien à l’heure pour me présenter à l’assistante qui se nommait Amina Traore, elle me demanda de l’appeler par son prénom, car dans son groupe tous s’appelaient par le prénom et ce, y compris Pierre.

Cela ne me dérangeait pas.

– Oui, alors moi c’est Délia.

– Connais-tu l’origine de ton prénom ? demanda Amina.

– En fait, mes parents ont choisi ce nom parce qu’ils le trouvaient joli. Mais plus tard j’ai fait des recherches sur Internet et j’ai trouvé plusieurs explications : Délia est d'origine arabe. Il veut dire « fleur, vigne ». ou d’origine grecque « qui vient de Délos ». Mais donc ça n’a pas d’importance, vu que c’est le choix de mes parents.

– Mais c’est très bien. Je t’ai dit que ta robe d’hier provenait de l’atelier de ma mère ?

– Oui, en fait elle me fut offerte à l’occasion du mariage d’une cousine, toutes les femmes eurent la même robe offerte par la famille de la mariée.

– C’est ainsi que ma mère a eu son succès. À mon mariage aussi, toutes les femmes avaient le même modèle et le même tissu.

Je notais qu’elle était donc mariée.

– Tu n’as pas rencontré de joli garçon à ce mariage ?

– Si, mais je ne désire pas me lier avec un homme.

– Ah, tu préfères les femmes ?

– Non, j’aime mon indépendance. Je loge chez mon frère, pour des raisons pratiques, une femme seule n’a pas de protection. Je ne tiens pas à être harcelée parce que je vis sans homme à mes côtés.

– Bien vu, je comprends. Pour revenir à nos moutons, tu as des bonnes notions informatiques si tu as fait des recherches sur ton prénom ?

– J’ai eu des cours à l’école et mes parents ont une liaison internet à la maison pour les cours des produits agricoles.

– C’est super, ici, Pierre est très compétent en informatique, il estime que quiconque cherche un emploi, doit avoir des connaissances de base pour utiliser un laptop ou une tablette.

– Aucun problème, dis-je, je compte encore approfondir mes connaissances.

– Ne t’en fais pas, tu auras un bon professeur, Pierre te donnera des indications pour que tu puisses t’améliorer.

Pendant toute la semaine, Amina et Tsela en alternance me montraient le classement, les statistiques que j'allais compiler. Elles me présentaient aux membres des autres services. Certaines femmes me regardaient avec envie. Une me fit même à voix basse l’observation « pas de chance, il est marié maintenant » que je ne compris pas. Je ne voyais pas de qui elle parlait. S’agissait-il de Pierre ? Je ne me souvenais pas d’avoir vu une bague à ses doigts. Il est vrai que le jour de notre entretien, j’avais d’autres soucis que de regarder ses mains.

NDA : Bon voilà en résumé les quelques lignes qui vous donneront une idée de la personnalité de Délia. À très bientôt

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