IMPRÉVU
Elle partit sur ce bateau, vers un monde lointain,
Laissant derrière elle un amour sans rivage.
Lui, pétrifié, reçut ce coup soudain,
Un adieu sans retour, un cruel présage.
Il courut, éperdu, le cœur en incendie,
Mais le sort fut plus fort, elle ne voulait d’entrave.
Elle suivait sa route, malgré l’accalmie,
Ignorant qu’au départ, parfois, l’âme se lave.
Elle pleure souvent, l’image de lui l’épuise,
Mais la mer sépare ce qu’elle ne veut unir.
Lui, de son côté, hurle, se brise,
Perd sa voix, mais jamais ne cesse de l’aimer, ni d’y croire, ni d’y mourir.
Il n’a jamais voulu d’un pardon prononcé,
Seulement ce mot simple : « Viens, n’aie plus peur ».
Mais elle, dans le silence, restait renoncée,
Fuyant l’amour de celui qui fut son cœur.
Il avance, abîmé, dans un monde sans lueur,
Poignardé non par l’acier, mais par l’absence.
La rose avait des épines, et toute sa douceur
N’a pu sauver leur histoire de cette distance.
Il cherche encore sa lune, cachée sous l’écorce
D’un arbre solitaire aux racines fanées.
Il pense à elle sans cesse, jusqu’à l’heure morte,
Quand son reflet revient, dans ses songes damnés.
Elle vit sans lumière, il survit dans l’oubli,
Le ciel les a placés en deux sphères contraires.
Elle manque à l’air qu’il respire, à l’écho de sa vie,
Ils se cherchent en vain, à travers des chimères.
Des femmes l’entourent, l’ensorcellent, le questionnent,
Mais il dit toujours : « Je dois encore penser ».
Car seul l’éclat de son regard le passionne,
Et son cœur refuse d’encore s’égarer.
Elle tremble, menacée par des voix assassines,
Lui résiste aux promesses, aux chants enivrants.
Elle entend : « Refuse-moi, et la mort sera tienne »,
Il entend : « Choisis-moi, je t’offre de l’argent ».
Mais ils n’ont que leur amour pour unique fortune,
Et cinq ans sont passés sans aucun matin clair.
Chaque nuit, la question revient comme une lune :
« Se reverra-t-on ? Ou sommes-nous poussière ? »
Un vieil homme, au regard sage et plein d’espoir,
Offre à l’amoureux un jet vers l’inconnu.
Il traverse les cieux, porté par le devoir,
Le cœur ressuscité, le passé revenu.
Au-delà du Nil, il crie son nom, trop tard.
Elle a été prise, volée par la violence.
Alors il lutte, seul, contre ce noir hasard,
Bravant les criminels, sans arme, avec vaillance.
Il la retrouve enfin, dans un souffle, un frisson,
Et leurs larmes s’étreignent dans l’écho des retrouvailles.
Mais un monstre résiste, tire sans raison,
Et la balle transperce… l’amour devient funérailles.
Non ! hurle-t-elle, l’univers se brise en deux,
Son cri fend les montagnes, ébranle les étoiles.
Son corps s’effondre, sans vie, silencieux,
Et son sang devient l’encre de leur dernière toile.
La police arrive, justice dans le vent,
Mais l’homme qu’elle aimait ne verra plus l’aurore.
Elle, désormais, vivra dans l’instant
Où l’amour s’est éteint, dans une mort qui dévore.
Et la vie continue, mais sans le battement,
De celui qu’elle chérissait plus que son âme.
Chaque jour, elle pleure, dans le vide brûlant,
Sous les cendres d’un feu qui portait leur flamme.
Car l’amour, même sincère, n’est pas toujours sauveur,
Le destin trace sa route, et parfois, il sépare.
Mais ce qu’ils ont vécu restera dans le cœur,
Comme un chant éternel, comme un doux désespoir.
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