Ce que j'aime quand je donne le sein

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Ce que j’aime quand je donne le sein :

Voir bébé téter goulument, comme si sa vie en dépendait. Et sa vie en dépend, au début, quand le lait est l’unique nourriture qui le sustente. Entendre le silence de sa déglutition, signe que le lait arrive bien à son estomac. Savoir que je suis seule responsable de sa nourriture, que mon corps produit tout seul tout ce qu’il faut à mon bébé. J’ai ce superpouvoir en moi. Me rendre compte que mon bébé n’a besoin que de moi et que tout le reste autour peut bien disparaître. Etre la personne la plus importante pour lui. Voir mon sein dans sa bouche, téton au palais, langue sur la gencive, lèvres retroussées. L'aspiration si forte que le sein pourrait lui tomber dessus si sa petite main n'était pas là pour faire barrage. Sentir ce bien-être dans tout mon corps, ce frisson qui apporte relaxation, détente, et fatigue. Ce massage qui part du sein et s’étend dans tout le corps, du sommet du crâne jusqu’au bout des pieds. Cette soif qu’il faut étancher, cette gourde que je bois continuellement, jusqu’à épuisement des stocks, qui ne s’épuisent jamais car ils sont sans-cesse renouvelés. La peur que le sein soit vide alors que mon bébé a encore faim.

Voir mon bébé sourire, le sein encore dans la bouche et plus tout à fait, le téton entre les gencives et le lait qui coule dans le décolleté. Les yeux qui brillent, ce je-ne-sais-quoi que bébé me communique à cet instant grâce à son regard. Il se passe mille et une choses que je ne saurait décrire dans ce regard. Une déclaration d'amour en silence, une compréhension mutuelle tacite, un bonheur sans explication nécessaire. La communication qui s'établit entre nous, les mains qui se calinent. Et puis, comme par magie, le rire qui se déploie, qui sort timidement de sa bouche pour caresser mon oreille. Un bruit, comme un remède miracle à la morosité, c'est une gomme qui efface les problèmes. Plus rien ne compte que ce moment : mon bébé rit. Un rire naïf, celui du bonheur à l'état pur. Les yeux se plissent, les lèvres se referment sur le sein, et la tétée continue comme si de rien n’était.

Voir bébé s’endormir contre le sein, après avoir tété pendant une heure. Voir ce corps si fragile, si petit, si délicat, tomber dans la responsabilité de bras plus grands. Devoir protéger cette innocence. Profiter du calme après la tempête, pour regarder ce petit être. La satisfaction d’avoir produit assez de lait pour que mon bébé soit repu. Écouter sa respiration, qui ressemble au bruit du ballon d'eau chaude la nuit. Compter les ronflements entre les tétées automatiques, celles qui font bouger les lèvres de mon bébé même s'il n'est plus accroché au sein. Sentir son ventre de gonfler et se dégonfler regulierement, sur un tempo lent. Se reposer enfin et profiter de sa sieste pour faire la mienne.

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