Miguel a terminé son tableau érotique, il l’a accroché au-dessus de mon lit pour seule décoration. Il m’a cependant autorisée à accrocher une photo de mon chat âgé, que j’avais au fond de mon sac à main au moment où il m’a séquestrée. C’est la seule chose qu’il a bien voulue que je garde. Je me demande comment va mon chat, même si je me doute qu’aujourd’hui, il fait partie des anges. Il avait treize ans, il en aurait seize maintenant. Je me souviens de la dernière fois que je l’ai vu, il dormait sur le canapé du salon. Comme ça me manque, d’avoir mon chez-moi ! J’aimerai quitter Miguel et revenir dans mon cocon.

D’habitude, je suis fière et heureuse qu’il m’ait prise. Cela m’éloigne de ce monde que je déteste. Je n’ai plus de soucis d’argent, plus d’obligation ni de responsabilité hormis Charly. Nous sommes logés, nourris et nous avons chacun un lit pour dormir. Mais là, je voudrais être normale, être une femme en couple, recevoir de l’amour et de la tendresse d’un conjoint épanoui et amoureux. Je voudrais que mon bébé ait un père sur lequel il puisse compter, se confier lorsqu’il grandira. Qu’il ait un papa et une maman qui s’aiment. Cette vie ne me suffit plus. J’ai pensé à fuir, mais nous ne pouvons pas, la porte qui mène à l’escalier est toujours fermée à clé.

Je me demande quand Miguel va mourir, ce que nous allons devenir. Il a la cinquantaine et a des problèmes de cœur. Quand je lui demande, il me dit qu’un de ses amis le remplacera. J’ai peur de l’avenir. Je voudrais ne plus penser, rester sereine, paisible, mais mon inquiétude de maman est trop forte.