Lors d’une réunion de travail à Sartène, Michel, en charge de dossiers de financements des aménagements forestiers, tomba en arrêt, dans les salons lambrissés de la sous-préfecture, devant une femme d’environ trente ans, d’une extrême majesté, brune, grande, aux formes épanouies, les épaules nues et la démarche libre et sensuelle, qui se savait admirée et courtisée sans contrition. Mais ce n’est pas l’unique beauté de cette femme qui à elle seule enflamma notre Bouillane. Il émanait d’elle un charme et une prévenance qui le décontenancèrent. Il lui suffit d’apprendre qu’elle était la fille du docteur de Lévi, le professeur Maestracci, pour décider de se porter pâle et de consulter au plus vite à Lévi, chez ce bon docteur. « Mon cher monsieur Bouillane, je ne vois rien d’anormal, hormis une légère tachycardie provoquée par une succession régulière de battements ventriculaires nés d'un foyer ectopique, à début brutal et à fin souvent brusque, de durée variable. Alors sachez que je ne pourrai pas vous guérir mais certainement vous soigner. Les eaux chaudes et soufrées de Caldane pourraient vous soulager ; quelques bains trois fois par semaine dans le mois qui vient. Allez voir Antoine de ma part, c’est lui qui garde les bains. N’hésitez pas, tenez moi au courant de l’évolution ». Dans les jours qui suivirent, toutes les heures de liberté de Michel incombèrent exclusivement à la famille Maestracci ! Irrésistiblement attiré et oubliant tout "devoir de réserve" il se rapprocha de cette jolie femme. À peine décidée à se lier à Michel, Marie-Napoléone se donna à lui, toute entière, passionnément. Il la maria peu avant les premières "nuits bleues" d’Ajaccio en mai 1976. Il convient d’ajouter qu’il fallait sauver l’honneur de Marie-Napoléone Maestracci puisque leur fils Marc-Antoine naquit début décembre de cette même année.

Ma foi ! L’île était belle, la mer était bleue, le travail ressemblait pour beaucoup à un labeur de pionnier, il fallait tout créer, inventer les LICAGIF (Lignes de Combat Avancé contre les Grands Incendies de Forêt), mettre en place le service des Forestiers-Sapeur intégrant L’Office National des Forêts-Corse, créer tous les réseaux de pistes et de dessertes financés largement par l’Europe, arpenter, cartographier et délimiter les territoires publics, inciter les communes aux processus de gestion patrimoniale, gérer des flux touristiques en saison estivale en impliquant les collectivités territoriales, à l’occasion exploiter quelques pins laricio pour les deux scieurs de Corse du Sud…