ça se complique !

3 minutes de lecture

En 1999, la tempête Lothar qui causa tant de dommages économiques sur le continent mais fut d’un bienfait écologique formidable, n’effleura même pas la Corse. On arrêta de couper du bois en Corse, dix ans de récolte étaient tombés dans le quart nord-est de la France ! La vie continuait...

L’année 2000 apporta d’autres déconvenues. Tout d’abord les cochons de Pierre-Marie divaguaient à nouveau en toute quiétude. Michel remonta à l’auberge du Col demandant ce qui se passait.

- Mi, c’est pas de ma faute, ils ont été ferrés. Ce n’est pas de ma faute si la coopé m’a vendu un truc qui tient pas ! Alors on verra l’année prochaine. Et puis de toute façon, c’est une forêt corse maintenant, elle appartient plus à ton administration ?

- Tu te fous de ma gueule Pierre-Marie ? Pas encore, la forêt est toujours domaniale. Les murs du cochonnier sont écroulés en trois endroits, du bâti de Napoléon III quand même ? Ils font une bauge tout autour de la fontaine ! Et tu le sais très bien, il y a plein de gens qui viennent chercher de l’eau à cette fontaine, des gens de Bavella et des gens de Zonza. C’est inadmissible de saccager le patrimoine de cette façon ! Si tu réagis pas tout de suite, j’annule la concession et je porte procès verbal pour non-respect des clauses et dégradation du site.

- Mighé, attention, là tu as dit des mots en trop… Bois une myrte, je te l’offre, et on passe l’éponge.

- Comment ? Des mots en trop ? Tu es en train de tout saccager ! Que vas-tu laisser à ta fille Apolline ? Elle a quatre ans. Quand elle en aura vingt, elle trouvera quoi ? Un champ de ruine ? Parce que son père n’a rien respecté ?

- Aïo Mighé, laisse un peu Apolline en dehors de ça ! Et je te permet pas de juger son père ! Et souviens-toi, les cochons ils étaient là avant toi. Et ils seront là après toi ! Tu n'es rien ici. Si tu es encore là, c’est grâce à ta femme !

La situation se tendait progressivement… C’était peu de le dire. Puis vinrent à la maison forestière, assez régulièrement, des "cousins" de la bande à Lucciani, pour "discuter", étonnamment, chaque fois que Marie-Napoléone était absente pour des courses, une visite de famille, son mi-temps en sous-préfecture ou d’autres rendez-vous.

- Tu sais Mighé, y a des gardes, il faudrait qu’ils fassent attention. Y en a qui pourraient leur faire la peau… Moi je sais pas, mais on le dit, maa...

- Tu sais Mighé, on dit qu’il faut pas trop se mêler des affaires des autres… on peut trébucher dans les aiguilles, tu penses pas ?

- Oh Mighé, t’as vu cette balle de fusil ? Y en a qui pense qu’elle ira toujours plus vite qu’un homme qui coure…

- Oh Mighé, il paraît qu’une balle de fusil, elle sort à 400 km/h du canon. On se rend pas compte ?…

- Aïo Mighé, tout va bien, on peut rester calme...

- Oh Mighé, c’est joli chez toi. Faudrait faire attention à ce que ça brûle pas cet été. Heureusement que tu es là pour surveiller…

- Oh Mighé, ça serait dommage que tu partes comme ça, une main devant, une main derrière…

Un matin, au café des Aiguilles, Dédé, comme tout le monde au courant de tout, lui tint à peu près ce langage :

- Mighé, ne te laisse pas faire par cette bande de crapules. Si j’étais toi, je monterais au Col et je claquerais le fusil sur le comptoir d’Auguste en lui disant bien fort qu'au premier qui bouge, même le petit doigt, je les descends tous, jusqu’à la septième génération ! Mi… Si tu veux, j’ai le fusil, là…

- Toi tu peux le faire, parce que t’es pas à ma place. Et ça t’arrangerait bien. Moi, si je le fais, demain je n’existe plus. Merci Dédé, du conseil.


Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Mon cher Edouard ! ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0