Après des visites incessantes

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Baptiste revint la voir encore trois jours avant de s'avouer vaincu. Sûrement fut-il blessé qu'elle ne voulut pas écouter ce qu'il chercha à lui expliquer. Il fut surpris, déçu, mais aussi inquiet de son attitude qui ne fut jamais hostile avec lui, tel que les nuits précédentes, dont ils vinrent tout juste de se rapprocher. Enfin ceci était vrai, tant qu'il restait loin de sa mère, elle ne lui demandait rien de plus. Sou-Ann pensait que cela la concernait malgré son exaspération, à pouvoir partager un peu de son temps avec lui à la tombé de la nuit. Cela faisait maintenant une semaine jour pour jour.

Fallait-il encore qu'elle accepte de lui reparler pour le lui faire savoir ?

Et si leurs rendez-vous différaient, et qu'ils retournaient à la tour de guet comme dans le temps ?

Son père était déjà à la maison et il y resterait quoi qu'il en coûte. Sa mère ne pouvait pas emmener son amant chez eux dans un lieu commun, puis Sou ne l'avait pas revu depuis le huitième jour, en faisant tout pour l'éviter. En mangeant tôt, rentrant sans faire de détour, se levant tôt que des cernes avaient marqué son visage bouffi d'avoir trop pleuré. Sou-Ann devait en avoir le cœur net, et y aller pour les empêcher de commettre un impair, et peut-être même devait-elle se sacrifier à remplacer sa mère, en portant sa cape à capuche pour passer inaperçu dans la nuit.

"Non ce n'était pas afin de se faire passer pour elle malgré leur ressemblance... l'idée même la répugnait."

Surtout que ça la mettrait dans une situation très délicate, et la vérité n'en serait que plus effroyable, cela n'était pas dans son intérêt. Alors qu'elle manquait d'expérience, et qu'il ne la prendrait carrément pas au sérieux. Elle pourrait au pire se renseigner avec ses filles des cuisines en ville voir les femmes de chambres qui en connaissaient tout un rayon. Elles avaient été pour la plupart les maîtresses d'hommes fortunés vieux, et moches qui s'assuraient de les mettre à l'abri du besoin, leur récoltant des bâtards de fils pour leur ligné. Quand leur femme ne furent pas capable de leur en donner un. Elles le lui diront ce qu'elle voulait pour quelques pièces d'or, ou parce qu'elle pourrait leur offrir ces fameuses pièces de soies qu'elle colleraient à leur visage et à leur cou, après avoir nettoyer leur peau à l'eau clair, pour en ressentir l'extrême douceur. Pour avoir des mœurs légers qui savent exciter l'homme tout en portant sa grande cape à capuche qui lui couvre bien les yeux voire la moitié du visage. Ce qui la différait de sa mère furent ses yeux noisettes à la place des yeux très clair de sa mère qui étaient prenant. Plus d'un homme s'y serait noyés dedans. Sou-Ann fut le résultat de ce naufrage car tel était son existence.

Les servantes lui avaient dit que les hommes aimaient les femmes qui se voilent de mystère, va savoir le sens que ça avait. Elle ne voulait pas faire les cancans, alors qu’elle n’avait pas encore fini ses études. Dès que les hommes sortant des bars verront son visage, ils s’empresseront de le dire à son père. Comme Sou-Ann s'aperçut qu'il ne reviendrait pas, elle y alla vers les neuf heures du soir hésitante à rentrer là où ils s'étaient donnés l'un à l'autre sa mère et lui. Puis rien ne servait de tergiverser, autant qu'elle en ait le cœur net. Soit il fut là-bas à l'attendre, voir si sa mère se libérait déjà de sa charge de travail pour le retrouver et vice-versa. Ou il fut le seul dans l'attente qu'elle le rejoigne.

Sou-Ann devait lui parler et expliquer que ce qu'ils faisaient était mal. Il y avait la cape à capuche de sa mère, qui resta suspendu à un crochet en hauteur du muret de la tour. Elle la défit et l'emporta avec elle pour gagner du temps quand elle voudra le rejoindre. Elle avait la sienne dont elle se couvrit le profil qui fut exposé sur l'extérieur des petites ouvertures d'air dans les blocs de pierres empilés. Puis en empruntant les escaliers en colimaçon, une porte bloquait l'accès, mais elle n'était pas fermée et il suffisait juste de la pousser.

Baptiste était assis devant une petite table à écrire ses poèmes éclairé seulement par une lanterne laissé contre le mur sur sa table. Un chevalet trônait dans la verticale dont la toile était encore intacte juste placé à sa droite au sol. Puis il avait un banjo qui était effectivement son instrument à corde, juste près de sa table de nuit. Il devait en jouer avant de s'endormir. Il n'y avait que le bruit de sa plume qui griffonnait sur du parchemin. Il sentait une présence dans son dos ne sachant pas qui cela pouvait être. Il en tira la conclusion que ça ne pouvait être qu'elle. Il appela le nom de sa mère, puis n'ayant pas de réponse. Il se tourna vers son inconnue, vraisemblablement étonné de la voir de si-tôt.

_ Que me vaut l'honneur de ta visite Sou-Ann dans mon refuge secret ?

Sou-Ann aurait préféré être celle qui déclencha le dialogue, surtout pour s'amorcer dans le vif du sujet. Cependant, il n'attendait qu'une chose, c'était de savoir au plus vite sa raison pour abréger leur entrevu.

_ Je souhaite m'entretenir avec toi d'une affaire primordiale concernant mes parents. Hélas je suis au regret de t'annoncer qu'il ne pourrait être toléré que tu continues à venir voir ma mère.

Sou-Ann ne put en dire plus pour l'instant, car Baptiste estima qu'il eut son mot à dire dans cette affaire. Il n'avait pas l'intention de se laisser intimider.

_ Serait-ce votre mère qui vous fait quérir jusqu'à moi pour m'apporter un tel message ?

C'était ce dont elle redoutait, pour lui cela devait venir expressément d'une demande de sa mère, sans quoi il n'y mettra pas fin.

_ Effectivement ce n'est pas une requête de ma mère. Mais sachez Baptiste qu’elle reste mariée à mon père, et cela ira à l'encontre de leur contrat de mariage qui prône la fidélité. Vous n'êtes pas sans savoir que son nom sera sali dans la boue !

Cela la mit hors d'elle qu'il ne tenta pas de comprendre la situation. Véro n'était ni veuve ni une mère-fille qui n’avait pas trouvé de mari pour élever sa fille seule et se permettre une telle aventure, même si elle était capable d'éprouver des sentiments pour un homme plus jeune qu'elle ne l’était.

_ Je ne fais que suivre ce que votre mère peu tolérer, et nous savons nous montrer discret, pour que cela ne s'apprenne pas. Et sachez pour votre gouverne mademoiselle, qu'à dix heures nous devons nous retrouver en ce lieu, et je vous serai gré de quitter mes quartiers sans tarder.

Baptiste ne manquait pas d'air de lui parler ainsi. Sou-Ann ne l'avait même pas agressé juste souligné l’évidence. Il ne trouva rien de mieux à lui dire, ceci sans même tenter de rassurer une fille inquiète de la relation de ses parents...

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