Heaume et gars...

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Grand vacarme dans les escaliers du donjon...

 

Arthur

-    Qu'est-ce encore tout cette bringuebalade assourdissante

Key

-    C'est lui qui revient

-    Qui ça lui ?

-    Le petit niais exalté que vous avez autorisé à s'équiper avec les armes de Vermeil, Sire.

-    Percheval !...

-    Lui-même, mon roi !

-    Mais que me veut-il encore ?

-    Je ne sais pas Sire, le voici qui monte avec armes et équipage …

-    Équipage ?

-    Oui équipage : le tirant par les pieds, il traîne Vermeil encore en armure, et le cheval suit, c'est ce qui provoque tout ce raffut.

 

Perceval arrive dans la grande salle … il est essoufflé, lâche la jambe du chevalier occis  qui en retombant au sol, fait autant de bruit qu'un lot de casseroles dégringolant d'une étagère. Un splendide destrier noir apparaît à sa suite.

Perceval

-    Salut Arthur me revoilou !…

Arthur

-    Une invasion  de niais, manquait plus que ça !

-    Allons mon roi, reprenez-vous, nous ne sommes que trois : le dada, le décédé et moi, le dadais... à  vous, on ne fait pas peur tout de même !...

-    Oh si !

-    Mais qu'est-ce qui vous fait peur, mon bon roi ?

-    Vous Percheval ! Vous !

-    Moi !

-    Oui Toi !

-    Mais pourquoi ?

-    Pour tout ça ….

-    Tout ça quoi ?

-    Tout ce que tu trimbales …

-    Ce que je trimbale ? Bon... eh bien ce que je trimbale, comme tu dis Arthur, c'est d'abord ce chevalier résistant …

-    Résistant ?

-    Oui il est coriace le bougre !...

-    Mais il est mort.

-    Pas tout à fait...

-    Pas tout à fait ?

-    Oui, il résiste encore.

-    Mais comment peut-il résister alors que tu l'as occis.

-    Je ne peux le déloger de son armure.

-    Comment cela ?

-    Impossible de récupérer sa cuirasse, ça lui colle à la peau.

-    Ah mais tu t'y prends mal, faut commencer par le haut...

-    Par le haut ? Ah non ! Par le bas d'abord...

-    Mais non, te dis-je, on se défait de son armure en commençant par le haut.

-    C'est faux, mon roi, il faut procéder à partir du bas...

-    Mais, Congreraci et Chanteclou, je te dis qu'il faut d'abord enlever le haut !

-    Et moi je dis le bas.

-    Le haut !

-    Le bas !

-    Haut !

-    Bas !

-    HAUT !

-    BAS !

-    HAUT ! HAUT ! HAUT !

-    BAS ! BAS ! BAS !

-    OH ! OH ! OH !… je vais l'étrangler le niais-niais !

-    Bon Arthur, calmos, hein ! On va enlever le haut.

-    Ah ! Enfin tu m'écoutes, sacripant ! Bien, d'abord on enlève le heaume...

-    Le heaume ?

-    C'est la partie métallique qui protège la tête...

-    Je tire dessus ?

-    Attends malheureux ! Il faut d'abord défaire les courroies en bas...

-    En bas ! Tu vois, j'avais raison...  en bas …

-    En bas du heaume, à la base, si tu préfères.

-    Ah oui ! Le bas du heaume, en haut !

-    Bien sûr, nigaud, le heaume n'est pas en bas...

-    Et s'il y a un bas du haut, il doit nécessairement y avoir un haut du bas...

-    !!!  Euh pour l'instant, tu délaces de bas en haut …

 

Après bien des péripéties Perceval parvient à retirer le heaume. Apparaît la tête du chevalier Vermeil que, jusqu'à cet instant, nul n'avait vue...

-    Il en fait une tronche celui-là ! Il n'a pas l'air content hein ?

-    Pourquoi voudrais-tu qu'il soit content, il est mort.

-    Au contraire il devrait être soulagé maintenant ; finis les soucis pour lui...

-    Mais il tenait certainement à la vie et c'est pour ça qu'il fait la tronche, c'est parce que tu lui as ôté la vie.

-    Ah il n'est pas content de son sort alors... c'est bien regrettable tout ça… bon ! On continue à le désosser le tronche-montagne  ?...

-    Écoute Percheval

-    PERCEVAL sans « H » Arthur ! Souviens-toi,  tête de linotte !... Euh... pardon mon roi …

-    Écoute PERCEVAL tu me gaves avec tes histoires et tes glandouilleries à répétitions, j'en ai ras le bassinet de toutes tes cornichonneries... Alors ton chevalier en Armure  pas encore en pièces, son destrier et toi, vous allez me foutre le camp de cette salle, je vous ai assez vus... Entendu ! 

-    Oh mon petit Arthur, mon gentil couronné, soudain courroucé, repousse-moi cette ire illico ! Un bon roi doit se montrer magnanime, prévenant et serviable pour ses sujets... Et moi je suis ton sujet préféré je le sais, c'est mon petit doigt qui me l'a dit, voui voui voui ... 

-    Troudemythe et botte-en-paille, Key virez moi ces opportuns !

Key

-    ça va pas être facile...

Arthur

-    Et pourquoi Monsieur mon Sénéchal ?

-    Parce que le cheval n'aime pas descendre...

Perceval

-    Il dit vrai votre maréchal,  mon bon roi, les chevaux montent volontiers mais descendent très difficilement, parce qu'ils ont peur du vide.

-    Troudiou de Foutrenbiais, toi le valet de service, ferme-là, et ce cheval, monte le sur le champ !

-    Mais sir, il est déjà monté en cette tour...

-    Poutrenzinc et Pâlesoupierre, Percheval tu m'exaspères, je dis : monte en selle !...

-    Ah là, mon bon roi, vous faites une grave erreur. Enfin, rendez-vous compte un peu de la situation, si je monte en sel, je vais être hypertendu, le cheval va le sentir et ne voudra jamais redescendre …

-    Key, voulez-vous bien mettre notre ami Percheval en selle sur ce destrier, fouettez la croupe de ce dernier et hop qu'il galope loin d'ici !...

Le Sénéchal  exécute les ordres donnés par Arthur et en un éclair, Perceval se retrouve à califourchon sur le noir destrier. Toutefois, en dépit des recommandations de son roi, Key ne fouette pas la croupe de l'animal mais va lui parler à l'oreille... aussitôt le cheval s'engage dans l'escalier avec son cavalier et le dévale, quatre à quatre, dans un galop d'enfer. On entend hurler Perceval jusqu'au fin fond du Comté...

Arthur

-    Mais dites-moi mon cher bienveillant et fidèle ami, qu'avez-vous donc dit à l'oreille de ce rétif cheval pour qu'il détale dans l'instant...

Key

-    Sire, je lui ai dit ceci : « Dis, prétentieux destrier, tu serais donc qu'un con de cheval pour être monté jusqu'ici et être incapable de redescendre... »

-    Et ça a suffit  pour le convaincre ?

-    Mais sir, les chevaux, que croyez-vous, ils ont su conserver honneur et dignité, eux !...

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