CHAPITRE 11 - Un bien curieux angiome

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Samedi 22 juin 2013
10 h 45, métro Cardinal Lemoine, Paris 5e arrondissement


L’esprit tout émoustillé, je sors de la station Cardinal Lemoine, me postant aussitôt du côté de la caserne de pompiers pour consulter les ultimes recommandations d’Isabelle qu’elle m’a envoyées par SMS quelques minutes plus tôt. Je présume qu’il s’agit du dernier message, car celui-ci me préconise de me rendre jusqu’à un passage, situé au 49 rue Monge qui devrait me permettre de parvenir directement dans les arènes de Lutèce sans effectuer de détour.

« Avez-vous des préservatifs ! » avait-elle exigé, la veille, ce à quoi j’avais répondu négativement. Cette phrase avait résonné toute la nuit au cours de l’un de mes rêves qui tournait en boucle. C’est à mon réveil que le proverbe fétiche de mon oncle Alexandre « un homme averti en vaut deux ! » avait flashé dans mon esprit.

C’est ainsi que pour parer à toutes éventualités, je rentre dans la pharmacie, instantanément aperçue dès ma sortie de la station de métro. Encore très embarrassé par ma démarche, je quitte l’officine, me renseignant ensuite auprès des piétons pour trouver un fleuriste ; un élégant bouquet constitué de quelques roses blanches et des tulipes rouges ne devrait laisser aucun doute sur l’ampleur de mes sentiments à son égard.

49, rue Monge, nous y voici…

Après avoir traversé un étroit couloir construit sous un hôtel, je suis enfin soulagé de parvenir au sein de cet amphithéâtre datant de l’époque romaine. Selon les dernières consignes d’Isabelle, je dois l’attendre ici, en plein milieu de la lice sous un ciel qui se couvre partiellement. Mourant d’envie de la revoir, je profite du peu de temps qu’il me reste pour me diriger vers le square Capitan afin de m’imprégner de ce lieu verdoyant. Après en avoir fait le tour, je dois admettre que cet endroit choisi pour nos retrouvailles est bien cogité.

Mon esprit vagabondant, je ne peux m’empêcher de repenser à la soirée d’hier.

Ah ! Mère ! J’imagine bien vos sourcils ! Ils vont s’arquer à coup sûr lorsque vous constaterez que votre bureau… Oui ! Je vous écoute. Vous dites… Ah… La présence inopportune de cette dame ? Comment avez-vous appris ? Ah non ! Elle n’est pas mariée ! Mais, il s’agit d’une demoiselle bien comme il faut, vous savez !

Mais quel cinéma, me fais-je !

Qu’elle me lâche les basques, ma mère, j’ai bien d’autres chats à fouetter en ce moment…

Délaissant la perspective paysagère, je constate qu’il est bientôt l’heure pour moi de remettre les pieds au centre de l’arène afin de braver ma dompteuse capable de maîtriser un homme par ses connaissances en arts martiaux et qui, dans son dernier SMS, m’écrit que je vais devoir m’acquitter d’un duel pour mériter son cœur.

Je rêve ! Où va-t-elle chercher tout ça ?

C’est comme dans un songe qu’Isabelle se dirige vers moi. Elle est enveloppée dans un long manteau vert au col remonté et elle a abandonné les cuissardes pour des escarpins et des collants de couleur noire. Elle se manifeste face à moi, m’observant fixement tandis que mon muscle cardiaque bat à tout rompre.

— Bonjour, Isabelle ! Voici quelques fleurs pour ton anniversaire... même si c’était hier.

Malicieuse, elle s’incline pour m’embrasser sur la joue, se rattrape en pouffant de rire, puis me récompense d’un léger baiser sur la bouche.

Merci, Olivier. Me voilà bien présente devant toi. Pas de duel pour l’instant… Je te propose le programme que j’ai concocté ; on va d’abord se promener dans le square Capitan que tu ne dois pas connaître. On file ensuite chez moi pour déposer ton superbe bouquet, mais on n’y reste pas, car je te vois venir avec tes gros sabots. En arrivant dans l’appart, je te le fais visiter, mais après, on repart à pied en direction de la rue Mouffetard où j’ai réservé une table. Ça te semble correct, mon plan ?

— As-tu prévu les bulles, au moins ?

— Je me doutais bien que tu émettrais cette question ! Donc, ce matin, j’ai commandé un gâteau avec les bougies ; des bleues et des roses. Je me suis dépêchée de le récupérer à la boulangerie et de le ramener à la maison ; il est consigné dans le réfrigérateur, ainsi que le champagne, mais ce sera pour plus tard. Il ne faudra pas en abuser, Olivier, n’est-ce pas ! On a constaté le résultat hier soir, hein ! Que penses-tu de mes initiatives ?

— Parfait, Isabelle ! je réponds, dépité. Mais j’ai souvenir que tu avais programmé tout autre chose.

— Tu connais Clemenceau et son escalier ! Changeons de sujet, Olivier ! Te voir à la Sorbonne m’a fait plaisir, d’autant que tu paraissais stupéfait de ma présence… Toufou l’était davantage.

— Et moi, j’ai été sidéré par l’invitation privilégiée, provenant d’un ministre de surcroît… Le fameux Robert m’a tout autant épaté ! Le pompon fut de te trouver à moitié nue sur un tableau…

— J’avais pourtant tiré ça au clair avec Olaf… Cette toile ne devait être exposée nulle part…

— Soit ! Moi, de mon côté, je n’avais pas planifié de t’emmener dans un restaurant ni d’avoir la gueule de bois par la suite, alors que je n’avais savouré que deux verres de gevrey-chambertin et deux flûtes de champagne.

— Trois de bourgogne, Olivier ! Tu en avais achevé trois… Un homme de science se doit d’être précis.

— Je ne bois jamais. Je peux aussi t’annoncer que je n’avais pas espéré que tu te retrouverais chez moi. J’ai plutôt été consterné par la demoiselle qui a mené la surprise-partie après.

— Dois-je m’excuser ?

— Mais non, Isabelle !

— À la bonne heure ! Moi, cela m’a permis de te percevoir autrement.

— J’en ai pris conscience, Isabelle.

— Aujourd’hui, nous allons recommencer sur de bonnes bases. Cependant, je ne regrette absolument pas de t’avoir découvert dans toute ta fragilité… Tiens ! Tu deviens écarlate, Olivier… Te voir rougir tout le temps me séduit… ça m’émeut même…

— Isabelle, je t’en supplie, n’en rajoute pas une couche… Tu ne pourras jamais piger ce qui se passe dans mon cerveau, mais j’ai été terriblement gêné par ta désinvolture… Je dois te signaler que j’ai beaucoup pris sur moi et que j’ai longuement hésité avant de venir t’affronter ce matin au milieu de cette arène.

— Ah, Olivier ! Cela aurait été dommage. Maintenant, ne m’explique plus rien, écoute-moi et laisse-moi te déchiffrer… Tu restes pour moi un parfait inconnu ! Sache d’abord que j’ai eu honte de t’avoir perturbé dans ta vie de cette manière, mais je ne me le reproche pas, au contraire, car je vais faire en sorte de te rendre plus fort. Ta propre éducation te situe aux antipodes de la mienne… Est-ce à cause de tes parents ou de ton oncle ? Mais un fait déterminant s’est déroulé dans ta petite enfance ou ton adolescence… Ta gouvernante, me déclarais-tu hier ! Tu ne t’en rends même pas compte, mais tu rougis pour des babioles… À partir d’aujourd’hui, je te le jure, je vais effectuer le nécessaire pour exorciser tes phobies…

— Tu me fais peur d’un seul coup, Isabelle…

— Ne t’inquiète pas, je me suis promis de restituer ta normalité… Ce matin, je suis allé faire un saut jusqu’à l’église Saint-Etienne-du-Mont pour allumer un cierge sur le tombeau de Sainte-Geneviève, ceci pour t’aider à te dépêtrer de ton carcan.

— Tu m’affoles, Isabelle. C’est si grave que ça ?

— Si tu savais ! J’avais aussi pensé que je devrais te présenter à Anne-Liesse, une collègue de Claire, qui est psychiatre et que j’écoute beaucoup… Mais ce n’est pas une bonne idée. C’est grâce à elle que j’ai bouquiné Freud, Lacan et les autres…

— Tu lis tous les livres de tes copines ? De médecine pour Claire… De psychanalyse pour Anne-Liesse ? 

— Tout m’intéresse.

Tandis que nous nous asseyons sur un banc, une mésange se pose aussitôt sur la pelouse avant de s’envoler vers un micocoulier. Au loin, deux bambins jouent au ballon devant leur mère qui les sermonne.

— Tu me parles souvent de ton amie Claire. Comment est-elle dans la vie ?

— Je crois qu’on se ressemble beaucoup, au niveau du caractère… Et même physiquement. Étant enfant unique, Claire aurait pu être ma grande sœur. Elle l’est d’ailleurs depuis la mort de ses parents. Ce qui la mine, c’est qu’elle doit faire face à l’adversité dans sa profession.

— Elle est cardiologue à la Pitié, c’est bien ça ?

— Oui ! Mais elle ne va pas y rester. Elle s’en va vers ses 33 ans et elle vise un poste qui va bientôt se débloquer à Marseille… à la Timone, au juste. Claire a constamment besoin de décompresser. D’ici quelques semaines, je la rejoins en Normandie, à Bully plus exactement. Puis le 17 ou 18 août, je la récupère à l’aéroport de Bastia, pour couler quelques jours de congés avec elle.

— Ton amie Claire possède également une maison en Corse ?

— Non ! Claire a la chance d’avoir sa chambre à elle, dans la propriété de mes parents. Et elle éprouve un réel plaisir à passer ses vacances en Corse. Pour ce qui concerne la Normandie, elle a hérité, avec sa sœur Christine, de la ferme des Roys depuis la disparition de ses parents qui sont morts dans un accident de la route, il y a de cela quelques années.

— C’est donc en Corse que ton amie applique sa fameuse thérapie !

— Sa thérapie ? s’étonne Isabelle.

— Se baigner toute nue dans la mer !

— J’observe que tu m’as bien écoutée hier au restaurant. Tu ne cherches même pas à concevoir cette idée, Olivier. Il faut y avoir goûté pour en sentir les bienfaits. Pour elle, cela constitue une thérapeutique psychologique, suivant sa pertinente définition. C’est comme si elle se retrouvait dans le ventre de sa défunte mère, tu comprends : cet état la rassure, la réconforte et lui permet de renaître en quelque sorte.

— … C’est amusant, Andie exprimait une pareille chose…

— Ah ! Elle aimait nager en tenue d’Ève, elle aussi ?

— Elle ne l’a expérimenté qu’une seule fois et cela m’a beaucoup perturbé. Heureusement, il n’y avait personne pour la lorgner sur la plage.

— Tu aurais dû profiter de l’occasion pour te mettre à poil, Olivier ! Cela t’aurait fait beaucoup de bien.

— Isabelle, j’ai pris conscience de ce que tu pensais à mon sujet. Il faut cesser de me considérer comme un attardé mental !

Isabelle éclate de rire. Que puis-je réfuter ? Je n’ai pas l’habitude de tels bouleversements, même si j’en ai connu il y a fort longtemps, comme l’intrusion soudaine d’Aurore dans mon existence ou bien ma déception sentimentale avec Vanessa qui avait disparu du jour au lendemain. Je songe souvent à cette période troublée. Quelques mois avant ma majorité, mes parents m’avaient suggéré d’aller piocher quelques précieux conseils d’ordre musical auprès de mademoiselle de Lestandart, soprano, pianiste et premier prix de conservatoire. C’est le samedi suivant, un après-midi, que je m’étais rendu dans son magnifique appartement. Après qu’elle m’eut accueilli, j’avais pu lui interpréter le nocturne, opus 9, numéro 2 en mi bémol majeur de Chopin. Lors de cette rencontre, mademoiselle de Lestandart, comtesse de son état, mais Aurore pour les intimes, mon aînée de sept ans et demi, avait très vite entrevu le bénéfice qu’elle comptait tirer de mes dix doigts en accédant à son désir caché, celui de me recevoir régulièrement pour entretenir une relation charnelle qui avait commencé le jour même de mon dix-huitième anniversaire en son château de Bully. Durant deux années universitaires, j’avais pu persévérer dans la perfection de mes gammes sur le corps de cette femme qui raffolait de ces effets prodigieux. Tel était l’alibi que j’avais pu me forger auprès de mes proches qui ne comprenaient pas ma réelle assiduité pour les cours de solfège de mademoiselle de Lestandart.

— Olivier, je te sens absent d’un coup. Tu es là ?

Je ne réponds pas, tandis qu’un rayon de soleil perce un nuage pour illuminer notre banc.

— C’est l’heure du duel ! m’annonce-t-elle, toute joyeuse.

Je demeure interrogatif sur la nature de son épreuve récréative qu’elle nomme duel. Après une courte réflexion, je me lève et trottine à ses côtés. Cependant, persistant à rester enfermé dans mes pensées, j’estime que je me suis encore fourré dans un guet-apens. Mademoiselle bien comme il faut se complaît dans le silence, fixant les pigeons ramiers perchés dans un cornouiller. Marchant d’un pas tranquille, elle remonte un étroit chemin, les bras croisés sur sa poitrine, elle me précise :

— Nous sommes presque arrivés, Olivier, je suis domiciliée rue de Navarre, dans cette copropriété donnant sur la place. J’habite au dernier niveau, au huitième. Tu ne devineras jamais, c’est celui du paradis. 

Nous parvenons devant l’entrée d’un immeuble moderne, en pierre de taille et de bonne architecture. Isabelle compose un code et m’invite à avancer dans le hall, puis à pénétrer dans l’ascenseur stationné au rez-de-chaussée.

Après avoir accédé à son étage, elle ouvre la porte palière, me priant de m’introduire dans son appartement : « À tout seigneur, tout honneur ! » dit-on. Mais le seigneur va quand même devoir défaire ses souliers dans l’entrée, pendant que je vais dans la cuisine pour arranger tes jolies fleurs dans un vase. J’en ai pour une seconde. En attendant, enlève ta veste et installe-toi dans le canapé.
Ôtant mes mocassins, je reconnais quelques odeurs subtiles, dont celle de son parfum vanillé qui se mêle à la fragrance des roses et des tulipes. Je me dirige vers la pièce du fond, éclairée par la lumière du soleil, qui sert de salon-salle à manger. Isabelle me rejoint rapidement pour me demander, une nouvelle fois, de retirer ma veste, ce que je récuse, ayant camouflé dans ma pochette le précieux sésame qui me faisait tant défaut hier soir et qui, aujourd’hui, devrait me permettre d’atteindre le Saint des Saints, mais seulement si Dieu le veut, suivant la formule consacrée par Isabelle.

Ma rebuffade l’étonne, tandis que mon regard se braque sur son cou gracile. Je l’aide à se débarrasser de son manteau, puis elle se retourne vers moi pour me fixer de ses prunelles incandescentes.

Je m’abstiens de pousser un cri, sa tenue vestimentaire produisant au plus profond de mon être un effet prodigieux, Isabelle ayant eu l’extrême audace de porter un chemisier d’organdi noir transparent me laissant entrapercevoir ses seins qui transpercent le léger voilage.

Mon Dieu, où va-t-elle chercher tout ça ?

J’en ai le souffle coupé et mes pupilles ne parviennent pas à se détacher de ces appâts orgueilleux. Je ne sais même plus quoi faire de mes mains qui deviennent moites. Me saisissant les poignets, elle embrasse mes paumes, avant de les coller sur chacune de ses rondeurs.

— Ton regard est étrange, que t’arrive-t-il ? 

Réussissant à récupérer mes esprits, je pointe mon index vers le crucifix qui orne son cou.

— J’apprécie le calvaire que tu me fais endurer, Isabelle !

— Et maintenant, nous sommes quittes !

— Je doute que nous le soyons, Isabelle !

— Commençons l’exploration de mon chez-moi, si tu le veux bien. Cet appartement n’est pas comparable à celui de tes parents ; celui-ci est un cinq pièces spacieux, dont le plan fut imaginé par mon père. Comme tu le sais déjà, il fut, à l’époque, le collaborateur de l’architecte qui avait conçu cet immeuble. 

Sans crier gare, elle se saisit d’une casquette New York dans la penderie qu’elle s’empresse de coiffer avant de poursuivre :

— Bonjour Docteur Prevel, je vous fais visiter… Vous avez ici l’entrée, et là : un placard, une salle de bains et la cuisine ; et de l’autre côté, la chambre d’amis devenue celle de Claire qui a déménagé récemment me laissant seule désormais ; voici celle de mes parents… Oui, Olivier ! J’anticipe ta question ; ils sont absents et je t’assure qu’ils ne débarqueront pas, car ils ne viennent à Paris qu’occasionnellement… Si je le précise, c’est parce que je présume que tu t’interroges ! Tu es inquiet ! Enfin, je te montre mon dortoir, mais je ne t’y emmène pas à cause de Petit Ours et des demoiselles de Rochefort qui se reposent. Et puis, c’est bien trop dangereux, une chambre. Tu dois bien le savoir ! Je vais quand même te présenter : à droite, c’est Petit Ours qui somnole sur monsieur Lit ; monsieur Lit, je dois vous informer que le docteur Watson alias mister Prevel veut m’examiner aujourd’hui ! Ce monsieur a une pensée fixe depuis hier soir, il souhaite absolument m’observer sous toutes les coutures.

— Oh, Isabelle ! Tu as une manière d’exposer les choses !

— Je le fais bien évidemment exprès, Olivier ! Pour que tu sois en pleine forme, si jamais…

— Si jamais ?

— Si jamais… Tu devais prendre les jambes à ton cou…

— Dis-moi, Isabelle, pour quelle raison cette ancienne casquette de la RATP négligemment posée sur ta table de chevet. Où te l’es-tu procurée ? C’est atypique comme idée…

— On verra… Tu sais Olivier, tout est incongru dans ma tête. C’est la casquette que Claire m’a offerte en guise de cadeau de départ.

— On verra ? Que veux-tu dire ?

— Réserve tes interrogations pour la conclusion de cette visite… je te montre le reste : le séjour et la salle à manger, mais surtout la terrasse qui présente un fabuleux panorama sur Paris. Comme tu es en train de le constater, elle est assez grande pour y installer des transats, des tables et des chaises, et surtout pour y recevoir l’été.

— Tu es toujours ainsi, Isabelle, tu as constamment cette même verve, cette pareille énergie ?

— Depuis que je me suis enfuie de chez toi, je ne suis plus tout à fait la même. Encore une question, Watson ?

Je ne peux que réagir par la négative.

Isabelle me ramène dans la pièce principale où une clarté à giorno égaye le mobilier. Je peux y déceler la multitude de bibelots qui ornent chacun des meubles campagnards provenant de différentes régions, ainsi que les diverses terres cuites, disposées à l’intérieur d’une vitrine. Debout sur une crédence, des pots à pharmacie en faïence de Rouen sont placés en ligne comme des petits soldats. Observant l’un de ces pots, je reconnais la technique de Masséot Abaquesne qui fut directeur de la manufacture de Rouen. Devant la porte-fenêtre, quelques compositions florales s’abandonnent aux rayons du soleil. Près d’une commode Louis XVI, accolée contre le mur, se détache un piano droit laqué noir.

— Je dois absolument le faire réparer ! me confie Isabelle, tandis qu’elle retire sa casquette pour la poser sur le rebord d’un buffet. Viens avec moi sur la terrasse !

La vue est magnifique, si je me laissais aller à la méditation, je pourrais m’éterniser durant des heures à contempler Paris avec ses immeubles, ses toitures, ses monuments. Tandis que je m’arrache à mes rêves, Isabelle m’entraîne par la cravate pour que je réintègre le salon. Tapotant sur l’assise, je comprends qu’Isabelle me fait signe pour que j’aille m’installer près d’elle dans son grand canapé d’angle. N’en restant pas là, elle m’oblige à m’étaler sur le dos avant de s’étendre sur mon corps.

— Comme Venise sur pilotis ! susurre-t-elle. 

Prenant ses aises, elle s’accoude sur mon torse avant de me toiser intensément. Mon cœur chavire.

— Isabelle, je te trouve adorable. J’aime tout de toi ; ta fantaisie, ta folie, tes mimiques clownesques, les noms que tu me donnes, ton imagination débordante, tes surprises, les…

— Stop, tu parles beaucoup trop, Olivier !

Ses lèvres effleurent les miennes, puis sa langue câline longuement le papillon de ma bouche avant de durcir pour pénétrer dans la lice. Par petites touches, elles se tâtent, s’escriment, redémarrent leur souffle pour recommencer leur furieux combat. Je me sens désarmé devant son ardeur, sa recherche de domination. Toujours collée contre moi, Isabelle refuse d’abandonner la place qui aurait dû être la mienne. J’essaie toute tentative pour la désarçonner. J’assimile que ce duel est d’abord le sien. Dans la frénésie de notre passion, nous glissons, lamellés l’un contre l’autre sur le parquet. Raide sur mon corps comme l’aiguille d’une boussole, elle se complaît dans cette position, percevant une sorte de bien-être sur son radeau de fortune qu’elle cramponne de toutes ses forces.

— Viens avec moi ! requiert-elle, m’aidant à me relever.

Elle me conduit dans sa chambre de jeune fille modèle, dans laquelle deux poupées, les fameuses demoiselles de Rochefort, semblent attendre l’arrivée de leur prince charmant. Un étrange silence accompagne les rayons du soleil qui immortalisent en aquarelle notre premier face à face. Aussitôt, elle se dirige vers la fenêtre pour dénouer les embrasses des rideaux qu’elle tire avant d’allumer une lampe de chevet.

— Olivier ! Est-ce que la luminosité te convient ?

J’approuve et abaisse les yeux pour distiller ce plaisir rare, amorçant les caresses que je vais prodiguer à ma belle amoureuse. Je l’étreins, tandis qu’elle se plaque tout contre moi.

— Oh ! Monsieur est déjà tout ému.

Je quitte ses lèvres, m’évertuant à affirmer mon emprise sur elle en l’inspectant d’un regard trouble, ce qui l’enchante. En silence, j’appuie mes yeux dans les siens afin qu’elle ressente que c’est à mon tour de devenir le maître du temps en commençant un petit cérémonial qui devrait lui faire perdre la raison.

Je dégrafe les trois premiers boutons du col de son chemisier pour les remettre aussitôt, ce dont elle s’indigne, avant de pouffer de rire.

Mon manège la ravit. Elle me lance des éclairs malins avant d’esquisser une mimique qui m’oblige à sourire.

— Soyons sérieuse, mademoiselle. Ne voyez-vous donc pas que je travaille pour vous ? À la prochaine incartade, je sévis…

Elle se pince les lèvres pour éviter de rire, le regard malicieux. À travers son chemisier translucide, je fixe ses seins que je soupèse avant de les frôler. Je m’amuse avec ses tétons dont la fierté se manifeste outrageusement, puis je détache le reste des boutons, tandis que sa respiration devient saccadée. Je peux maintenant faire davantage connaissance avec ses seins que je dégage pour les embrasser, les délaissant ensuite pour m’atteler à une tâche nouvelle. Retroussant sa manche, je lui effleure la face interne de son bras. Réceptive, elle abaisse ses paupières et garde le silence en attente des émotions futures qui vont la submerger. Isabelle soupire. Son cœur bat de plus en plus fort.

— Où en est-on, mademoiselle ?

Je prends tout mon temps pour estimer son état, puis j’achève l’ouverture de son chemisier que je lui enlève. Je considère sa peau laiteuse qui se révèle à mon regard. Ma main se pose sur son front, tandis que mon index file entre ses yeux, puis son nez, sa bouche, son menton, la symétrie de son corps jusqu’à la ceinture. Isabelle clôt ses paupières pour se concentrer, tant sa respiration apparaît difficile.

— Dois-je cesser le processus, mademoiselle ?

Isabelle, qui paraît flattée par tant d’égards, garde le silence. Je poursuis lentement le rituel de son déshabillage. Mes mains contournent ses hanches pour ôter l’attache de sa jupe qui s’échappe avant de tomber sur le parquet. Ses yeux, toujours fermés, semblent suivre le bruit du frôlement du tissu.

Mon Dieu, elle avait tout prévu !

Je détache les agrafes de son porte-jarretelles, laissant glisser ses bas le long de ses jambes. Elle croise ses bras contre sa poitrine en attente de ce qu’il va lui advenir. Tel un ado en état de découverte, je la contemple de tout mon saoul, tandis que je m’agenouille devant elle, à sa manière, pour lui soustraire les derniers remparts qui protègent son corps. Tous ses sens s’éveillent, alors que je me redresse pour lui susurrer des mots d’amour, ce qui illumine son visage.

La cérémonie est consommée. Ses vêtements, avec lesquels elle affrontait le monde chaque jour, jonchent le parquet.

Tandis que je la louange, le temps semble s’être figé. Isabelle ne bouge absolument plus, ses yeux restant résolument clos. Sa bouche est en attente du prince charmant qui la délivrera du sommeil éternel. Je m’avance près d’elle, caresse le grain de sa peau et pose un baiser sur ses lèvres. Ses paupières s’entrouvrent. Isabelle me scrute intensément avant d’accoler son oreille contre ma poitrine. Fière, elle relève la tête pour soutenir un regard dominateur dans le mien et sans baisser la garde.

Renflouée par le désir, ses doigts habiles s’appliquent à retirer ma veste qu’elle glisse sur le dos d’une chaise. La dextérité de ses gestes lents et précis m’ébranle profondément. Patiemment, elle détache les boutons de ma chemise qu’elle enlève et accroche à la patère.

— Beau voyageur ! Vérification des billets ! impose-t-elle.

Je demeure muet devant ses yeux provocateurs qui m’émoustillent totalement.

— Vous ne voulez pas me répondre ? Je vais être obligée de vous contrôler !

J’adore écouter sa voix cristalline qui me fait frémir même si je tiens compte qu’elle agit comme un bourreau qui doit accomplir son office à l’heure dite. Elle se campe devant moi, les mains entrouvertes sur ses hanches, évaluant longuement le supplicié qu’elle doit exécuter. Ses yeux fouillent les miens pour débusquer l’indéfinissable émotion qui me trouble l’esprit.

— Vois-tu ? Je suis entièrement nue ! Je m’offre devant toi comme je te l’avais promis. Je devrais en rester là… Cependant… Je vais engager ta séance de thérapie… Ton cerveau va-t-il supporter ce challenge ? Je suis en train de m’interroger… C’est bien cela notre duel… Voyons voir le beau monsieur… Sera-t-il aussi bavard qu’hier soir ?

Je réalise que la confrontation récréative vient de débuter. C’est regard contre regard qu’elle enclenche son dessein, ses doigts se saisissant de ma ceinture qu’elle entreprend aussitôt de desserrer.

— Alors, toujours rien à déclarer ? me demande-t-elle. 

La désirant pourtant de toute mon âme, les mots me manquent pour décrire tout ce que j’éprouve pour elle. Ses yeux brillants paraissent se refléter dans les miens. L’ardillon sorti de la boucle, mon souffle est ralenti, tandis qu’elle manœuvre l’agrafe de mon pantalon qui se libère. Fermant les yeux, j’entends un doux bruissement, celui de la fermeture éclair qui glisse progressivement, ce qui me donne la chair de poule.

— Mon Dieu ! soupiré-je.

Posant son index au travers de sa bouche, Isabelle me fait signe de me taire.

Après quelques instants de répit, elle s’incline, puis s’agenouille pour baisser mon jean jusqu’à mes chevilles. Posément, elle fait descendre chacune de mes jambes de pantalon, m’intimant de soulever chacun de mes pieds. Les chaussettes acceptent le même chemin.

Puis, se relevant, Isabelle, la mine réjouie, me toise davantage…

— Monsieur n’a-t-il toujours pas un mot à objecter pour sa défense ?

Elle me suggère de garder le silence, avant de recoller son oreille contre mon torse pour écouter les battements de mon cœur. Le pouce levé vers le haut, elle me fait signe que tout va bien et que je suis parfait pour le service.

J’ignore où elle veut en venir, mais je suis admiratif de la gracieuse révérence qu’elle me soumet comme seule une danseuse de l’Opéra sait l’exécuter, ce qui accentue mon désir jusqu’au paroxysme. M’envoyant un sourire qui en dit long sur ses prochaines intentions, ses mains s’animent sur mon boxer, testant la résistance de l’élastique.

Nous y voilà !

— Monsieur préfère conserver le mutisme. Je vais mettre fin à ton agonie.

Me confrontant avec ses yeux, puis se pinçant les lèvres pour dissimuler sa joie, elle se met à genoux devant moi pour me dévêtir intégralement avant de s’asseoir sur le sol pour mieux me jauger.

— Mademoiselle est enfin satisfaite ? Dis-moi à quoi tu réfléchis ? m’enquis-je.

— Entièrement à toi, mais aussi à Freud et à Dieu…

— Laisse donc Freud et le divin où ils sont ! J’ai déjà un oncle pas banal ! lui fais-je remarquer.

Après nous être scrutés dans un face-à-face devant l’amour, Isabelle, l’esprit joueur, affichant son sourire en coin, propose d’engager un affrontement singulier comme du temps des Romains, ce qui me plaît beaucoup.

Comparable à un gladiateur fourbissant ses armes, mes yeux se posent sur les lignes harmonieuses de cette bien trop jolie guerrière. J’inspecte mon glaive dont la lame affûtée me laisse croire que je vais gagner le combat. Tout le poids de mon regard se porte sur son flanc, mis en avant, où je discerne une tache de vin rappelant nettement l’empreinte d’une patte de félin, puis je m’attarde sur la légère toison de son pubis en forme de bouclier rectangulaire.

Je me hasarde à risquer le corps à corps dont elle a tant rêvé. Surprise par mon attaque soudaine, elle tente de s’enfuir dans le couloir. J’ai le temps de l’attraper par l’avant-bras. Elle se libère. Je verrouille la porte pendant que ma belle se réfugie sous le lit. Néanmoins, je parviens à l’agripper par une jambe pour l’attirer vers moi. La saisissant par les hanches et les épaules, j’élève mon trophée jusqu’au plafond afin de l’exposer à un public imaginaire. Après avoir fait le tour de la chambrée, je consigne mon trésor sur monsieur Lit, puis je m’installe à califourchon sur elle pour l’immobiliser. Impressionnée par ma force et mon audace, elle se débat en riant aux éclats. Totalement conquise, elle se sent prête à succomber aux prémices de l’amour. Sans soupir, sans mot dire, elle me dévisage, la bouche entrouverte, comme une biche blessée qui allait mourir.

Après qu’elle m’eut incité à me glisser sous le drap, je m’allonge à ses côtés pour l’embrasser. Sans crier gare, d’une seule main, je lui bloque les poignets pour la soumettre à mon emprise.

— Olivier, je crois que tu es en train de gagner… Tu es trop costaud. Fais de moi ce que tu veux.

J’ai tout le loisir de lui prodiguer des effets de frôlements sur l’ensemble de sa peau, prenant le temps de bien cartographier la géographie de son corps. Je me demande si Antoine avait, tout autant que moi, eu tout le plaisir de survoler ces régions où monts, gorges, vallons, creux, plis et replis semblaient exiger qu’un géomètre-expert arpente ce vaste territoire pour en définir l’intégralité des coordonnées.

— Nous avons été beaucoup plus loin de ce qui a été prévu au départ, me murmure-t-elle. Nous allons modifier le programme. Déjà, cela va être à mon tour de te faire découvrir mes talents. Ne sois pas interloqué, je vais inaugurer une petite plongée dans le monde du silence.

Voilà qu’elle se prend pour Cousteau !

Je demeure étonné par son escapade surprise sous les draps.

Ravie de son coup de théâtre, elle émerge, se love tout contre moi puis goûte mes lèvres. D’un coup de reins, roulant sur moi-même, je m’étends sur son corps, l’embrasse et laisse reposer ma main sur son sein pour percevoir les pulsations de son cœur.

Le restaurant de la rue Mouffetard décommandé, j’aligne caresses et baisers dans le creux de son lit, tandis que je ne me lasse pas de la voir rire, sourire, parler, multiplier ses mimiques. Sans crier gare, elle se saisit de la casquette de la RATP qu’elle avait entreposée près d’elle. Fébrilement, elle fouille l’un des plis intérieurs qui servent de cachette pour attraper un petit sachet qu’elle étouffe dans sa paume.

— J’ai très peur, Olivier… Je n’aurais pas dû, mais j’ai voulu en acheter… Je suis parée pour faire un grand voyage avec toi. Quand je t’ai intercepté dans les arènes, je ne pensais pas que nous irions jusque-là… Nous avons brûlé quelques étapes. Olivier, te sens-tu prêt à expérimenter une belle aventure avec moi ?

— Oui, Isabelle… Je le désire depuis la première fois que je t’ai vue.

— Moi aussi, j’en étais là… C’est vraiment magique… Maintenant, je vais t’avouer mon petit secret… J’avais juré à Claire que je me résoudrais à m’épiler la toison en forme de ticket de métro, le jour où je tomberais enfin amoureuse…

— Et quand t’es-tu décidée ?

— Au moment même où tu m’as embrassée au cinéma… J’étais déjà très éprise. En même temps, j’étais très angoissée…

— Cette coupe est très originale et très étudiée… Tu as repéré le modèle dans un catalogue.

— Non, c’est Claire qui, s’inspirant de cette casquette RATP, avait eu l’idée d’opter pour le format ticket de métro pour ses vacances, l’année dernière.

— Ah ! Mais dis-moi, tu as dû prendre un sacré risque en me larguant après la séance de cinéma. Donc, dès le lendemain, tu as couru chez l’esthéticienne ; tu te mentais ?

— J’étais amoureuse de toi. Je ne savais plus où j’en étais… Mais cessons de discuter… Passons à présent aux choses sérieuses… Si je dois voyager avec toi, c’est maintenant que tu dois poinçonner mon billet… Tu es d’accord avec moi, mon admirateur adoré ?

D’un signe de tête, j’acquiesce. Elle m’exhibe un petit sachet carré contenant un préservatif.

— C’est toi… ou moi qui…

— Toi… Je n’en ai jamais mis… pose-le, toi, Isabelle !

— Je vais essayer ! Cela peut être drôle, propose-t-elle.

S’énervant déjà, elle ne réussit pas à le déballer, puis déchire l’ouverture avec ses dents s’y reprenant à plusieurs fois avant d’extirper le fameux sésame.

— Ne t’inquiète surtout pas, cela va bien se passer, mon tendre héros, me gazouille-t-elle.

Déconcerté par sa dextérité, je ferme les paupières pour la laisser faire. Je ne dis plus rien, tellement mon émotion est trop forte.

— Viens maintenant ! me souffle Isabelle.

Mes yeux rivés dans les siens, je m’allonge sur elle, me rapprochant de son ventre, tandis qu’elle soulève légèrement son bassin en écartant ses jambes. Prenant les initiatives qui s’imposent, elle guide mon membre avant de l’introduire dans son chemin doux, humide et obscur. Elle vibre sous mon étreinte, livrant à son conquérant son âme, son corps, sa Vie.


Couchés l’un à côté de l’autre comme deux gisants de cathédrale, nous nous complaisons dans le silence. C’est la première fois que je me surprends à cogiter ainsi sur le sens de la vie, Dieu et le monde du vivant. Ne se dégage-t-il pas que la communion de nos âmes, suivant les traditions religieuses, fut conjuguée à travers la fusion de nos êtres ?

La main d’Isabelle file sur le drap avant de chatouiller ma cuisse. Puis je sens son corps s’accoler contre moi, jusqu’à souder son flanc tout contre le mien.

— La tache de vin sur ta hanche qui ressemble à s’y méprendre à l’empreinte d’un fauve me surprend, lui soufflé-je.

— C’est effectivement original ! Ma grand-mère maternelle, Marianne, portait exactement la même marque. C’est bizarre, n’est-ce pas ?

— Si on veut… Ton amie Claire, qu’est-ce qu’elle en dit ?

— Elle pense que c’est un angiome… Copie conforme de celui de mon aïeule.

— L’hérédité est probablement en cause…

— Personnellement, je crois qu’il y a autre chose…

— Autre chose…

— Peut-être que je te raconterais un jour !

— M’expliquer quoi ?

— L’histoire de ma grand-mère… 

C’est quoi cette histoire ?

D’un tour de rein, elle s’allonge sur moi avant de me délivrer un baiser sur la joue et me mordiller le lobe de l’oreille.

— Bel Olivier, j’adore te voir frissonner lorsque je te croque, me chuchote-t-elle. Je souhaite embrasser avec toi l’immensité de la passion infinie. 

— Oubliant mes interrogations, je déploie un sourire béat.

— C’est très joli, ce que tu viens me déclamer ! C’est un oui du fond du cœur.

— Pour toujours ! termine-t-elle avant de chantonner, son visage enfoui dans ma poitrine.

Une nuit, je m’endors avec lui…

Mais je sais qu’on nous l’interdit…

Et je sens la fièvre qui me mord…

Sans que j’aie l’ombre d’un remords, ords, ords, ords, ords, ords…

Et l’aurore m’apporte le sommeil…

Je ne veux pas qu’arrive le soleil…

Quand je prends sa tête entre ses mains…

Je vous jure que j’aie du chagrin…

Et je me dem…

Stoppant sur cette dernière strophe, Isabelle s’endort profondément, ses larmes coulant sur ma peau.

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