Chapitre 10 : L’écho après la tempête

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Le matin filtra à travers les rideaux clairs, pâle et droit, sans fioritures. Une lumière franche, presque clinique, qui découpait les contours des objets, des corps, des souvenirs de la veille.

Evans ouvrit les yeux lentement. Zoé dormait encore, son dos nu tourné vers lui, une mèche de cheveux collée à sa nuque. Elle respirait profondément, paisiblement, loin de tout. Il resta là quelques secondes, à la regarder, à écouter ce silence si différent de celui qui habitait ses insomnies.

Il se leva sans bruit, ramassa ses vêtements un à un. Pas en fuite, non. Plutôt comme un homme qui redescend. Qui revient à lui.

Dans la salle de bains, il alluma la lumière. Se regarda dans le miroir. Ses yeux avaient l’air un peu plus calmes. Moins hantés. Mais aussi plus vides, d’une certaine façon.

L’eau froide contre son visage le ramena à une sensation oubliée : celle d’être vivant, ici et maintenant. Pas suspendu à un souvenir. Pas figé dans un rêve.

Quand il revint dans la chambre, Zoé était réveillée. Elle ne bougea pas. Juste ses yeux, qui le suivaient depuis l’ombre de l’oreiller, comme on suit un départ qu’on a vu venir trop tôt.

Elle était allongée sur le côté, la joue contre le tissu encore tiède, les cheveux en désordre, un coin de drap remonté sur l’épaule. Le genre de beauté qu’on ne fabrique pas. Elle ne disait rien. Pas tout de suite.

— Salut, souffla-t-elle. Sa voix était douce. Froissée.

— Salut, répondit-il.

— Tu pars ?

Il hocha la tête, lentement.

— Je crois que oui.

Elle inclina légèrement le visage, comme si elle pesait ce qu’il n’osait pas dire. Il était là, mais déjà ailleurs. Et elle le savait. Elle ne tenta rien. Pas de question. Pas de « reste ». Ce n’était pas son rôle, pas son droit.

Elle tapota doucement le matelas à côté d’elle. Un geste simple, sans enjeu.

— Assieds-toi une seconde, dit-elle. Pas pour me faire plaisir. Pour toi. Tu fais cette tête-là, tu sais, quand ton cœur part trop vite pour que tes pieds suivent.

Il sourit, un peu surpris. Et il obéit. Il s’assit au bord du lit, penché vers elle.

Elle leva les yeux vers lui. Et dans ce regard-là, il y avait tout ce qu’elle ne disait pas.

De l’envie. De la tendresse. De la peur aussi. Mais surtout, cet amour discret qui ne demande rien. Celui qui veut le bien de l’autre, même si ça fait mal.

— Je suis contente que ce soit moi, murmura-t-elle. Que ce soit moi, cette nuit. Pas pour ce que ça a été. Pour ce que ça t’a ouvert.

Il allait parler, mais elle leva la main, très doucement.

— C’était pas un détour. Ni une erreur. Je le sais. Mais maintenant… vas-y. Va là où tu dois aller. Trouve-la, ou trouve-toi. Peu importe. Juste… va jusqu’au bout cette fois.

Il hocha la tête. Il n’avait pas de mots. Il aurait voulu en avoir. Mais elle le sauva encore une fois.

— Et ne te retourne pas, ajouta-t-elle dans un sourire tendre. Je déteste les adieux qui hésitent.

Il se pencha, l’embrassa sur le front. Lentement. Avec un respect infini. Elle ferma les yeux sous ses lèvres, juste une seconde.

— Merci, murmura-t-il.

— Bonne route, Evans, répondit-elle. Et dans sa voix, il y avait la blessure muette de celle qui laisse partir… parce qu’elle sait que l’amour, parfois, c’est aussi ça.

Il sortit. Elle ne bougea pas. Pas tout de suite. Elle fixa le plafond, longtemps. Le souffle calme, mais le cœur un peu fendu sur la ligne du silence. Puis elle se retourna, enfouit son visage dans l’oreiller. Et sans bruit, sans drame, une larme coula.

Pas parce qu’elle regrettait. Mais parce qu’elle avait aimé. Vraiment.


Dans la rue, le vent du matin portait l’odeur du pain chaud et de la ville qui s’éveille. Il marcha sans se presser, les mains dans les poches, le cœur un peu plus léger.

Zoé était une parenthèse. Une respiration. Une main tendue dans le noir.

Et maintenant, il savait. Il ne cherchait plus une fille dans un ascenseur.

Il cherchait ce qu’il avait ressenti ce jour-là. Et surtout : ce qu’il voulait construire, pour de vrai.

Il enfourcha son vélo sans réfléchir. Le soleil commençait à gagner en force, dissipant les brumes de la veille. L'air était encore frais, avec cette morsure douce du matin qui réveille la peau et allège les pensées.

Il pédala lentement au début, sans but précis. Les rues défilaient, familières, mais un peu floues encore dans sa tête. Comme si tout avait légèrement changé, à peine, mais suffisamment pour qu’il le sente.

Le passage chez Zoé lui laissait une drôle de sensation. Ni euphorie, ni amertume. Juste… une paix étrange. Comme si quelque chose s’était décanté. Il ne l’avait pas utilisée. Et elle ne l’avait pas attendu. C’était deux solitudes qui s’étaient croisées dans la nuit, avec justesse, sans mensonge. Et ça, c’était rare.

Il se retrouva près du canal. Il descendit de vélo et s’assit sur un banc en bois, face à l’eau calme. Des canards traçaient des sillons discrets à la surface. Un joggeur passa, puis une mère avec une poussette. Le monde avançait, tranquillement, sans drame.

Evans inspira profondément. Il n’avait plus cette brûlure au creux de la poitrine. Juste une sorte de vide doux. Pas le manque. Pas le trop-plein. Le silence après la tempête.

Il repensa à la fille de l’ascenseur. À cette obsession née d’un instant suspendu. Et il se rendit compte qu’il avait commencé à la chercher sans vraiment vouloir la trouver. Parce que la chercher, c’était garder en vie une idée. Une possibilité. Une échappatoire.

Mais maintenant… il voulait autre chose. Il voulait du réel. Du lent. Du vrai.

Il observa l’eau, les reflets changeants, les arbres qui se balançaient doucement au vent. Il n’était pas amoureux d’un fantôme. Il avait été amoureux d’une promesse. Et ce matin, pour la première fois, il n’avait plus besoin de promesses.

Juste d’un chemin.

Et peut-être que c’était ça, grandir.

Il se remit en selle. Pédala encore, plus vite cette fois. Non pour fuir, mais pour aller de l’avant. Il ne savait pas encore où il allait, mais pour la première fois, il s’en foutait un peu.

Il avait l’esprit clair.

Et c’était déjà énorme.


Quand Evans poussa la porte de l’appartement, il y avait cette lumière de fin de matinée qui baignait le salon, douce et chaude, comme une nappe de miel sur les murs.

Damien était déjà là, jambes croisées sur le canapé, laptop sur les genoux et lunettes de lecture mal posées sur le nez. Il releva la tête, l’air à moitié surpris.

— T’es rentré tôt, pour un gars qui avait l’air de vouloir réécrire sa vie hier soir.

Evans posa son sac contre le mur, retira doucement sa veste. Il n’avait pas envie de jouer les mystérieux ce matin. Ni de tout raconter. Juste… d’être là.

— J’avais besoin d’air. Et de silence.

Damien acquiesça, comme si ça faisait parfaitement sens.

— Zoé, c’était bien ?

Evans haussa les épaules, mais avec un sourire honnête.

— Oui. C’était... juste. Simple. Sans pression.

— C’est rare, ça. Les choses simples.

— Ouais. Et peut-être que j’en avais besoin, plus que je croyais.

Il alla se servir un café, cette fois avec un peu de lait. Une douceur inattendue dans ses gestes. Damien l’observait du coin de l’œil, sans commentaire, mais un coin de sa bouche s’était étiré en un rictus discret. Un soulagement à peine masqué.

— Tu sais, j’étais un peu inquiet. Quand on s’accroche trop fort à une idée, on finit parfois par se perdre dedans.

Evans hocha la tête. Il comprenait maintenant ce qu’il n’avait pas voulu entendre la veille.

La porte d’entrée claqua soudain, et Kyle entra avec son énergie habituelle, des écouteurs vissés dans les oreilles, une bouteille de jus de fruits à moitié vide dans la main.

— Hey les philosophes du dimanche, je vous dérange pas ? Vous méditez sur le sens de la vie ou vous planifiez une révolution douce ?

Evans se retourna, et pour la première fois depuis longtemps, il accueillit Kyle avec un vrai sourire. Pas ironique. Pas forcé.

— Salut, poète incompris.

Kyle leva un sourcil.

— Woah, t’as pris quoi ce matin ? T’as l’air d’avoir médité avec un moine tibétain.

Damien ferma doucement son ordi, se redressa sur le canapé.

— Il a juste eu une nuit normale avec une fille normale. Et ça a déverrouillé une version un peu plus zen de lui.

— Incroyable, répondit Kyle en s’affalant à côté d’eux. Je propose qu’on le célèbre. Pizza ce soir. Mon choix. Sans ananas, je vous rassure.

Evans rit doucement.

— T’as changé, toi aussi ?

— Non. Mais tu souris à nouveau, alors je prends ça comme un feu vert pour relancer les conneries.

Ils restèrent là un moment, tous les trois. Sans musique, sans téléphone, sans bruit. Juste l’odeur du café, le tic-tac de l’horloge et le calme fragile d’un matin qui a tourné la page.

Et Evans pensa, en regardant ses deux potes :

Peut-être que c’est ça, finalement. Pas un coup de foudre. Pas un mystère à résoudre. Juste... ce genre d’équilibre.

Un peu bancal.

Un peu bordélique.

Mais sincère.

Et quelque part, ça lui allait très bien.

— Bon, maintenant que t’as bu ton café et retrouvé ton aura de mec apaisé, balance, dit Kyle en croisant les bras sur la table de la cuisine.

Evans haussa un sourcil sans relever la tête de sa tasse.

— Balance quoi ?

— Zoé, mec. Genre, tout. C’était comment ? Et pas la version poétique hein. J’veux les vrais détails. Les mains, les baisers, les frissons, tout. Elle est douce ou sauvage ? Elle fait des petits sons quand elle...

— Wow, stop, rigola Damien, lève le drapeau blanc, là. Tu t’emballes.

Kyle agita les mains dans un geste dramatique.

— Je veux juste vivre par procuration, c’est mal ? Il a couché avec Zoé, la Zoé ! Et il est là à faire comme si c’était juste une balade au parc.

Evans souffla doucement dans sa tasse, l’ombre d’un sourire au coin des lèvres.

— T’es pas prêt pour les détails, Kyle.

— Si, mec. J’ai vu des trucs sur internet, rien ne me choque.

Il y eut un court silence. Evans posa sa tasse, s’accouda à la table. Il avait ce regard mi-amusé, mi-lointain.

— C’était… lent. Pas parce qu’on se retenait, mais parce qu’on voulait prendre le temps. Chaque geste était… soigné, pas calculé, mais naturel. Elle est à l’écoute, tu vois ? Et très présente. Elle pose ses mains comme si elle voulait te garder là pour toujours. Et elle embrasse avec une sorte de calme… comme si rien d’autre existait.

Kyle ouvrit la bouche, mais ne dit rien.

Damien leva les yeux, impressionné.

— Putain, c’est presque romantique. Tu nous fais une chronique sensuelle là.

— J’essaie pas de vendre un fantasme, répondit Evans. C’était réel. Et ouais, ça faisait du bien. Pas de tension, pas de comparaison.

Kyle haussa un sourcil, presque trop vite.

— Et la rousse, alors ? T’as pensé à elle ?

Evans resta silencieux une seconde. Puis hocha doucement la tête.

— Un peu, au début. Puis Zoé a tout effacé. Pas en forçant… juste en étant elle.

Kyle se renversa sur sa chaise, mains derrière la tête.

— Eh bah. C’est officiel. Evans est amoureux.

— Non, dit-il avec calme. Mais je suis bien. Et j’ai envie de rester là, un moment.

— En tout cas, fais attention avec Zoé. Elle a vécu des trucs moches, vraiment moches. Si tu la fais souffrir, je te jure que je te botte le cul. Et pas symboliquement, hein. Littéralement. Avec élan.

Evans esquissa un sourire. Mais Kyle avait cessé de plaisanter. Son regard s’était durci, son visage soudain très sérieux.

Le sourire d’Evans s’effaça, lentement.

— D’accord, murmura-t-il. Message reçu.

— Bien, répondit Kyle en croquant dans un biscuit. Maintenant que c’est clair, t’as faim ?

La tension retomba d’un coup, comme un ballon qu’on relâche. Et sans même s’en rendre compte, ils passèrent à autre chose — comme souvent avec Kyle, qui savait exactement quand désamorcer.


Plus tard dans l’après-midi, au café du coin, les trois colocs étaient affalés à une terrasse comme des philosophes de fin de journée. Lunettes de soleil vissées au nez, boissons fraîches à la main, et mines faussement détachées. Le soleil jouait à travers les branches, projetant des ombres folles sur la table, tandis qu’une brise légère s’amusait à soulever les coins des serviettes comme si elle aussi voulait participer à la conversation.

— Tu te rends compte, déclara Kyle en observant sa limonade comme si c’était un objet sacré, qu’on a presque l’air d’adultes fonctionnels ? Genre, on sort, on boit des trucs pas alcoolisés, personne n’est en train de hurler contre la vie, ni de googler « comment reconquérir son ex en 10 étapes et demi ».

— Donne-lui une heure, lança Damien sans lever les yeux de son verre. Il va forcément évoquer une théorie cosmique sur l’amour ou tenter de séduire la serveuse avec un poème haïku.

— Déjà fait, répondit Kyle avec son sourire signature. Elle m’a ghosté dès que j’ai parlé de mon compte Insta. Apparemment, "200 abonnés dont ma mère et mon ex prof d’histoire" c’est pas un argument de séduction infaillible.

Il soupira dramatiquement, leva les yeux au ciel, et ajouta :

— J’aurais dû lui parler de mon empire galactique fictif. Mon alter ego spatial, Kyle-7X, dirige pourtant une confédération de planètes émotionnellement stables. Enfin bon, elle n’était visiblement pas prête pour ça.

Evans, adossé à sa chaise, regardait les passants défiler. Des enfants riaient, un chien jappait sans raison, une femme en trottinette frôlait l’hystérie, et lui, pour une fois, ne pensait ni à hier ni à demain. Il était là. Pleinement. Étrangement apaisé.

— Vous croyez qu’on peut rester comme ça ? demanda-t-il, presque pour lui-même.

Damien fronça les sourcils.

— Comme ça comment ?

— En équilibre. Calmes. Ensemble. Sans que tout s’écroule.

Kyle s’étira comme un chat trop sûr de lui, haussa les épaules, puis déclara avec une gravité totalement surjouée :

— On va forcément merder à un moment. C’est notre nature. Mais si on doit couler, autant le faire à bord du même radeau en plastique, avec des paillettes et une playlist correcte.

Ils éclatèrent de rire, un vrai, un de ceux qui laissent de la lumière sur la peau. Et pendant un instant, peut-être qu’ils n’étaient pas seulement fonctionnels. Peut-être qu’ils étaient juste heureux.


Le ciel était encore pâle quand Evans quitta le café. Les rues, vidées peu à peu de leur agitation matinale, semblaient retenir leur souffle, comme une ville entre deux pensées. Il pédalait lentement, le vent tiède de fin de matinée jouant dans ses cheveux, le corps encore engourdi par le manque de sommeil, et l’esprit trop plein pour vraiment se taire.

Zoé. Sa peau. Sa bouche. Ses soupirs à demi enfouis dans le noir. C’était réel, oui. Il se souvenait de chaque frôlement, de la douceur de sa voix quand elle avait murmuré son prénom comme si elle l’avait toujours connu. Et pourtant, il y avait ce quelque chose. Une trace étrange. Une caresse restée en suspens. Pas un regret. Pas une erreur. Juste... un décalage.

Était-il en train de tomber amoureux d’elle ? Était-ce possible, aussi vite ? Ou est-ce que son cœur, cabossé de partout, cherchait simplement un port d’attache — n’importe lequel — pour se reposer un moment ?

Il se revit, quelques jours plus tôt, dans cet ascenseur. Le regard de la fille rousse. Le silence dense. Ce vertige qu’il n’avait jamais ressenti avant, ni depuis. Ce n’était pas comparable. Ce n’était même pas la même dimension. Zoé, c’était la tendresse incarnée, la main tendue quand on se noie. Mais cette fille… c’était une tempête douce. Une fracture. Une faille.

Et il avait peur. Peur que le souvenir prenne le pas sur le présent. Peur de ne pas savoir choisir. Peur, surtout, d’abîmer Zoé. Parce qu’elle méritait mieux que ses hésitations. Mieux que ses silences. Mieux que ce garçon incapable de faire le tri entre une projection et une vérité.

En arrivant au pied de l’immeuble, il posa son vélo contre le mur avec un soupir. Il monta les trois marches du hall, les épaules un peu plus lourdes que la veille. Puis il appuya sur le bouton de l’ascenseur.

Un bruit sec. Rien ne se passa.


Il appuya de nouveau. Toujours rien. Aucun vrombissement familier, aucun cliquetis de moteur.

— Génial, souffla-t-il, plus pour le vide que pour lui-même.

Il se dirigea vers les escaliers avec un soupir, traînant les pieds sur les marches comme si chaque degré pesait un peu plus. Le silence dans la cage d’escalier, à cette heure-là, avait quelque chose de dense, presque liquide. Il passa le premier étage. Le deuxième. Rien ne bougeait, rien ne vibrait. Une ville morte entre les murs.

Puis, alors qu’il posait le pied sur la dernière marche du troisième, il s’arrêta net.

Un bruit.

Un son discret. Comme un murmure. Non… un cri étouffé. Bref. Lointain, presque irréel.

Il s’immobilisa, le cœur soudain plus lourd.

— Y’a quelqu’un ? lança-t-il.

Pas de réponse. Juste ce silence feutré qui suivait toujours les appels vains.

Il s’approcha de la porte de l’ascenseur. Rien ne semblait abîmé, et pourtant, quelque chose clochait. L’air semblait... tendu. Comme s’il contenait un secret. Il posa une main sur le métal froid, colla son oreille contre la paroi.

Un souffle. Un mouvement. Presque une prière.

Il glissa les doigts entre les interstices de la porte, força, poussa de toutes ses forces, muscles tendus, mâchoire serrée. Le métal grinça, lentement. Il réussit à entrouvrir juste assez pour y glisser la tête.

Et là, il s’arrêta.

Ses yeux s’écarquillèrent.

Elle était là.

La fille rousse.

Assise dans un coin de la cabine coincée entre les étages. Éclairée seulement par la lumière blafarde de secours. Une main posée sur son genou, l’autre crispée contre le mur. Elle leva les yeux. Leurs regards se croisèrent.

Et le silence s’épaissit.

Pas un cri. Pas une panique. Juste une surprise tranquille. Une stupeur contenue. Comme si elle savait. Comme si elle avait attendu ça. Lui.

Evans ne bougea pas. Ne parla pas. Il la fixait, la gorge nouée. Son cœur tambourinait comme un animal qui aurait reconnu sa forêt.

Et la seule chose qui traversa ses pensées fut :

Elle.

Encore elle.

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