Chapitre 15 : L’écho de Zoé
Le matin, Zoé se réveille seule dans son appartement, la lumière du jour filtrant à peine à travers les rideaux. Elle reste quelques secondes allongée, les yeux fixés sur la fenêtre de sa chambre, un vide lourd dans la poitrine. La chaleur du lit, encore imprégnée de l’odeur d’Evans, semble désormais distante, presque irréelle. Elle se souvient de la veille, de la douceur de ses gestes, de la tendresse silencieuse qui avait marqué leurs échanges. Mais maintenant, seule dans son espace, les doutes refont surface.
Elle roule sur le côté et regarde l'heure. Il est déjà assez tard, et elle se rend compte qu'elle a passé une grande partie de la matinée à tourner en rond dans ses pensées. L'idée d’Evans, d’abord une présence apaisante, devient peu à peu une source d’incertitude.
Zoé a beau être calme en apparence, à l’intérieur, c’est un tourbillon. Elle se sent prise entre deux mondes : celui de l’amour qu’elle éprouve pour Evans, et celui de sa propre solitude, de son passé, des blessures qu’elle a jamais vraiment guéries. L'ex de Zoé… Ce fantôme reste dans sa mémoire comme une ombre douloureuse. L’homme qu’elle a quitté il y a des années lui a laissé plus que des cicatrices physiques : il a laissé une peur, une méfiance envers les relations trop intenses, trop demandantes.
Elle a appris à se reconstruire seule, à se protéger, à ne pas s’attacher trop vite. Mais avec Evans, tout semble différent. Il y a cette proximité, cette compréhension qui se tisse lentement, mais sûrement. Et pourtant, Zoé sait qu’elle doit être prête à tout. Ce qu'elle ressent pour lui n'est pas une illusion, elle en est consciente, mais elle ne peut pas s'empêcher d’avoir peur.
Elle se lève finalement, se dirige vers la cuisine, mais ne prend pas la peine de préparer un vrai petit-déjeuner. Elle se contente d’une tasse de thé chaud, ses pensées toujours focalisées sur lui. Sur ce qu'il vit, sur ce qu’il ressent. Sur Lena.
Elle se laisse tomber sur le canapé, les jambes repliées sous elle, les yeux fixant un point invisible dans le vide. Peut-être que ce qu’elle ressent n’est pas entièrement réciproque. Peut-être qu’il est encore trop pris par ses propres conflits intérieurs. Mais ce qui la perturbe encore plus, c’est l’incertitude de la situation : Evans, sa quête de réponses, Lena… Comment pourrait-elle se tenir en retrait alors qu’il traverse tout ça ?
Zoé ferme les yeux, un petit sourire triste se dessine sur ses lèvres. Elle ne veut pas être un poids pour lui. Elle ne veut pas l’empêcher de vivre ce qu’il doit vivre, même si ça implique de le voir s’éloigner. Il cherche quelque chose de sincère, et elle ne peut pas se permettre de l’empêcher de suivre son cœur, même si elle se trouve dans la position la plus douloureuse de toutes : celle de l'amie qui aime en silence.
Elle pense à son passé, à la violence qui l’a marquée. Aux cris, à la peur. Elle se souvient de la première fois où elle a dû fuir, sans un regard en arrière, comme si chaque fibre de son être était en alerte. Elle a toujours eu ce besoin de sécurité, de ne pas laisser quelqu’un pénétrer trop profondément dans son espace personnel. Mais Evans, il est différent. Elle a été vulnérable avec lui, peut-être plus qu’avec n’importe qui d’autre. Et pourtant, elle sait que l’amour, parfois, implique de faire confiance à quelqu'un, de risquer de se perdre un peu pour mieux se retrouver.
Elle prend une gorgée de son thé et se laisse envahir par un sentiment de lassitude, comme si tout ce qu’elle vivait était une répétition d’un scénario qu’elle n’avait pas choisi. Elle l’aime, mais elle ne veut pas être une entrave à son bonheur. Si Evans doit se tourner vers Lena, elle l’acceptera, même si cela la brise. C’est ce qu’elle veut, n’est-ce pas ? Qu’il soit heureux, qu’il trouve la paix. Même si cela doit se faire sans elle.
La sonnerie de son téléphone la fait sursauter. Elle prend une inspiration et regarde l’écran. Un message d'Evans. C’est bref, presque incertain :
« Je ne sais pas vraiment où j’en suis, mais… j’ai besoin de te parler. »
Zoé serre le téléphone dans ses mains. Elle ne peut s’empêcher de ressentir un frisson dans tout son corps. Peut-être que c'est maintenant, peut-être qu'il va enfin clarifier ce qu'il ressent. Peut-être qu’il cherche à se confier, ou peut-être qu’il se prépare à la laisser partir. Quoi qu’il en soit, elle le sent : ce moment est crucial.
Elle prend quelques secondes pour réfléchir, puis décide de répondre, le cœur serré.
« Je suis là, Evans. Quand tu seras prêt. »
Elle repose le téléphone et ferme les yeux. Peut-être qu'il la choisira, ou peut-être qu'il choisira Lena. Peu importe. Zoé sait que, quoi qu’il arrive, elle a fait de son mieux. Et elle sera là pour lui, dans l'ombre si c'est ce qu’il faut, ou à ses côtés, si c’est ce qu’il désire. Mais elle sait que cet amour ne peut pas être forcé. Elle l’acceptera dans toutes ses formes, même celles qui la briseront.
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