CHAP 1 6

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Moins d’écho dans les sons, un air plus frais. Mon corps frémit, je sens que je peux le contrôler. J’ouvre les yeux. Une forêt de nouveau. Les arbres sont vieux, ils me toisent. Ils ont faim et vont m’engloutir. Le type qui me traîne s’appelle Jean. Il doit me lâcher.

— Lâche-moi...

Je suis secoué comme un paquet de linge sale. Sa voix est plus effrayée qu’agressive.

— Compte pas là-dessus, copain !

On s’engouffre sur ce qui doit être un nouveau sentier. La forêt est menaçante quand je redresse la tête. La douleur m’explose le crâne. L’état passe, je vais m’en sortir. Qu’est-ce que je fous là ? Prendre l’ascendant sur Grand Jean. Grand Jean ? La mémoire à court terme revient lentement.

— Je vais te crever, Jean Foutre

Il me secoue. Ma tête heurte le sol. Les arbres se télescopent au milieu d’un grand feu d’artifice. Nouvelle déflagration douloureuse. Perte de repères spatiaux, trou noir. Un liquide poisseux me coule du nez aux lèvres, son goût est métallique. La situation est confuse. Quelqu’un me retourne, son expression furieuse se transforme en peur. Il enroule mon bras autour de son épaule et se met à marcher, vite. Chacun de ses pas effrénés ravive une onde insuportable. J’ai des flashs d’un autre temps. Des tours de béton sales en cache misère. Des routes cabossées interminables, sur lesquelles végètent des files de véhicules qui dégueulent une fumée puante. Encore et encore, ça se répète, encore et encore. Seul oasis au milieu de cet enfer urbain, une silhouette rousse et sensuelle. Elle me sourit et j’éclate d’un rire salvateur. Puis elle s’éloigne et s’efface. Je suis seul. Longtemps je la cherche, en vain. L’absence est insupportable. Cette vie n’a plus aucun sens, je m’en échappe en hurlant son nom :

— Valérie !

Quelqu’un me parle, je me raccroche à sa voix pour revenir.

— Hein ? Reste avec moi, Bertrand ! Nom de Dieu !

L’évocation du Suprême me ramène en plein Finistère. J’émerge, abasourdi, sur une clairière large, baignée d’une lumière lunaire émanant du ciel désormais sans nuage. Grand Jean beugle, mais je ne comprends pas ce qu’il dit, de toute façon je ne l’écoute plus. J’en ai vu des choses étranges dans ma vie. Mais là, c’est sûr que je tombe marteau et que la sortie est définitive.

Au milieu de l’étendue herbeuse, une grosse pierre rectangulaire, sur laquelle repose un vieux corps frêle, inerte, que je reconnais sans me rappeler son nom. C’est pour lui que je suis là. Vague de sympathie. Non, c’est mon ennemi. Ce sont tous mes ennemis. À côté de lui, couché sur le flan, un gros chien respire lourdement, visiblement endormi. Au-dessus d’eux une silhouette de petite taille, dissimulée sous une cape sombre, appose ses mains au-dessus du corps de Léon — c’est son nom — en gestes appliqués, indifférente au tapage nocturne. Quatre feux nourris brûlent dans de gros âtres de pierres disposés à équidistance entre eux et de l’autel, projetant des ombres mouvantes sur la scène. Dans mon délire, j’y vois des silhouettes humanoïdes difformes qui dansent frénétiquement autour d’eux.

Je détecte une troisième présence, qui se meut doucement, tapie dans l’ombre du seul arbre de la clairière, à une vingtaine de mètres de l’autel. Son corps démesuré se confond avec le tronc noueux et un hurlement de terreur se coince dans ma gorge quand elle s’immerge dans la lumière nocturne. Je devine aux formes moulées par sa toge blanche brodée de motifs ésotériques qu’il s’agit d’une femme. Ou plutôt d’une femelle, car sa gueule est celle d’un cerf, dont les bois imposants se dessinent dans le cercle de la pleine lune. Je suis terrassé par la vision, à la lisière de la folie alors que la chose tourne sur moi ses yeux d’un noir d’ébène. Nous nous rapprochons. Je suis totalement pétrifié, incapable d’esquisser le moindre mouvement.

Grand Jean s’arrête à la bordure d’un cercle de petites pierres calcaires qui entoure l’autel sur un diamètre d’une quinzaine de mètres, frontière où brûlent les feux dont les âtres de grosses pierres forment de nouveaux cercles, apposés sur la ligne crayeuse des gravillons. Je me débats mollement, mais Jean me maintient, me demandant de me calmer, à bout de souffle. La créature parvient à notre hauteur en un ralenti infernal. Je cesse de lutter, paralysé de terreur, jusqu’à constater que de longs cheveux gris dépassent de la tête du cerf. Détail pragmatique qui coupe court à la manifestation surnaturelle. Un masque. Juste un putain de masque. Je reste interloqué quelques secondes, suspendu entre le dramatique et le ridicule de la situation, avant de basculer définitivement en un fou rire hystérique. Les tensions accumulées explosent, mes nerfs lâchent et se détendent en spasmes douloureux, mais je suis incapable de m’arrêter. Je hurle dans la nuit, entre deux éclats de rires, un dément au milieu de dingos costumés :

— Bambi ! Bordel, j’ai trouvé Bambi !

La voix de la "chose" prend un écho caverneux, mais c’est bien celle d’une femme :

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

Malgré la douleur provoquée par les spasmes, je ne peux plus m’arrêter de rire. Le costaud lui répond, consterné et penaud :

— Il était chez Léon… Je l’ai trouvé assommé dans les bois. Il est pas bien ! Il tient plus debout et arrête pas de tomber dans les vapes. Je croyais qu’il était bourré mais il tremble et saigne du nez ! Je savais pas quoi faire…

Tête de cerf m’observe un instant, impassible version taxidermiste. Je n’en peux plus de rire.

— Qui es-tu et qu’est-ce que tu fais ici ?

J’en rajoute une couche entre deux ricanements :

— Je cherchais l’Ankou (1) et j’ai trouvé Bambi avec un lutin et un troll !

Elle semble vaguement agacée.

— Tu n’es ni en état, ni en position de fanfaronner. Réponds à la question.

La situation est aussi surréaliste que précaire, dur pourtant de garder son sérieux devant cette donzelle et son costume sorti d’un film de John Carpenter.

— Fanfaronner ? Qu’est-ce-à-dire ?

— Lâche-le, Jean. Tu l’as fouillé ?

Le garçon fait mine basse.

— Non…

Il me libère, le sol se dérobe sous mes pieds, mais il me rattrape, in extrémis. La parenthèse comique se referme, mon rire s’éteint sur une violente nausée. Je dégueule du sang aux pieds de Tête de cerf, visiblement peu impressionnée. Elle me fouille sans que je puisse rien y faire, extrait clefs, frontale et caméra de mes poches, puis les balance au sol.

— Blessure au front, confusion, perte d’équilibre, saignement divers. Tu fais une hémorragie cérébrale.

Je halète dans la nuit alors qu’une panique nouvelle me saisit. Elle pourrait bien avoir raison. C’est pas bon ça, voire mauvais.

— Peu importe qui tu es. L’Ankou, tu l’auras trouvé avant l’aube.

Crever au milieu de ces tarés n’était pas au programme. Je me souviens que j’ai toujours soif. J’ai la bouche pâteuse d’une irrépressible envie d’alcool. Un putain de verre. Donnez-moi un putain de verre.

— Juste un putain de verre.

Et une putain de clope pour aller avec. L’encapuchonnée semble avoir terminé son ouvrage, elle s’approche. Sous la cape, le visage juvénile d’une femme sans âge. Ses cheveux et sourcils d’un noir épais contrastent avec une peau pâle. Ses yeux d’un bleu pur brûlent la nuit comme deux tisons incandescents. Elle semble jeune, pourtant son regard se transporte depuis des temps immémoriaux. Je suis scotché, noyé dans la profondeur de ses yeux. Un chapelet d’injures à son encontre meurt à l’état de pensée. Elle dépose sur mon front une main étrangement apaisante. Sa voix coule, douce, limpide. Implacable.

— Elle a raison. Vous mourrez.

La fille s’approche, sans sortir de son cercle, comme pour me humer. Je jurerais voir son corps se détendre et onduler comme celui d’un serpent qui s’apprête à fondre sur sa proie. Si près que son souffle me caresse la nuque, si près que je perçois son corps luisant nu, luisant sous sa cape, qui dégage une forte odeur de plantes mentholées. Ses yeux s’installent bien en face des miens, pourtant elle semble loin. Très loin. La recherche d’une compréhension mutuelle s’installe entre nous. Son iris bleu creuse mon âme, elle la triture jusque dans ses méandres. Je suis submergé mais je tiens bon, soutenu par Jean, je ne la lâche pas. Je suis percuté, pris de nouveaux soubresauts alors que des larmes roulent sur mes joues. Elle prend tout, mais en me livre en échange une partie d’elle-même, une présence ancienne, lumineuse, puissante.

— Je vais libérer le chien.

Une pause puis des mots sentencieux franchissent ses lèvres :

— L’homme servira de sacrifice.

Les miens sont d’une logique moribonde. Je ne peux pas envisager l’impensable :

— Tu déconnes, là ? Elle déconne, non ?

Grand Jean est la voix de la raison dans cette folie ambiante :

— Heu, on devrait pas plutôt l’amener à l’hosto ?

Je lui voue un amour instantané et opportuniste. Grand Couillon est le meilleur ami que j’ai jamais eu :

— Oui ! Grand Jean ! Mon copain ! Amène-moi à l’hosto, bordel !

La fille ne répond pas, jette un regard à Tête de cerf qui acquiesse à sa sentence d’un haussement d’épaules, indiférente. Puis sur Grand Jean, que je sens s’affaisser de résignation. Je m’affale contre lui en poussant une nouvelle plainte, fataliste. Sanglots et suppliques morveuses se confondent en pleurs effrayés. Je suis pathétique mais n’en ai rien à foutre : c’est quand même une condamnation à mort.

— Vous pouvez pas faire ça ! Pitié ! J’ai une famille ! De pauvres gosses innocents qui attendent leur papounet ! Une maman grabataire qui va finir à l’hospice, une sœur triso ! Jean ! Me laisse pas ! Fais-le pour eux !

Lui aussi, est accablé par la fatalité.

— Désolé, Bert…

Le géant à des trémolos dans la voix, il est malléable, proche de la capitulation. Mais Tête de cerf sonne le glas :

— Ça suffit ! Tu es pathétique !

— Ta gueule, toi !

Capuche revient à moi, patiente, presque compatissante, jusqu’à ce que je retrouve mon calme. Petit hochement de tête :

— Ça ira.

Connasse ! Non, rien n’ira plus, plus jamais ! Je réponds en me débattant en vain : je tiens à peine debout.

— Va te faire foutre, pétasse ! Je vais te crever ! Je vais tous… vous crever…

Insultes et menaces se ternissent, je suis fini... Plusieurs bourses en cuir sont accrochées à même sa cape, le long de sa hanche. Elle plonge la main dans l’une d’elles, puis la ramène à ma hauteur. D’un souffle sec, elle m’envoie un nuage de poudre noir à la gueule. Effet immédiat. Ma trogne bourdonne, les douleurs refluent. Je me retrouve solidement ancré. Trop. Je suis incapable de bouger ou de prononcer le moindre mot. La réalité ondule autour de moi. Seuls subsistent ce bleu lumineux et le son clair de sa voix.

— Le temps manque. Jean, sors de la clairière. Monsieur, déshabillez-vous.

Houston ne répond plus mais je tiens debout, plus vivant que jamais, pour la dernière fois. Incrédule, je me débarrasse malgré moi de mes frusques, en état de distanciation, tandis que le mastard s’éloigne en maugréant dans sa barbe. Tête de cerf rejoint son arbre et ramasse un tambour, qu’elle martèle doucement. La fille me laisse à poil à l’extérieur du cercle et retourne à hauteur de l’animal. Un souffle de poudre noire, il se redresse aussi sec, remuant une queue affectueuse, visiblement peu rancunier. La jeune femme passe une main dans le pelage brun de la bête. Puis à mon adresse :

— Entrez dans le cercle et prenez sa place.

Le chien, un mélange massif de rottweiler et de labrador, bondit de la pierre puis s’ébroue. Je franchis le cercle, mes poils se hérissent comme si je traversais une barrière d’électricité statique. De l’intérieur je distingue que les flammes projettent un mur de fumée translucide et vibrante, rendant flou tout élément extérieur. Impossible. C’est des conneries tout ça. Je suis en plein coma éthylique. Je vais me réveiller dans le Tacot, totalement bourré, et j’en rigolerais bien en sirotant mon alcool frelaté. Pourtant mes sens me contredisent. L’herbe tendre sous mes pieds, l’air frais et humide qui fait vibrer les arbres, déposant une chair de poule sur ma peau… Je vais crever. Pour de bon… L’animal s’arrête à ma hauteur, me gratifie d’un sourire d’imbécile heureux, avant de filer sans demander son reste, d’une démarche pataude.

Je parviens à l’autel, empreint d’une sourde appréhension. Au centre de la pierre, une bougie qui perle d’une cire rouge et grasse, un vieux bol rempli d’un liquide poisseux et noirâtre, un petit poignard dont le manche noir est incrusté de symboles runiques. J’ai retrouvé l’usage de mes jambes. Je les prendrais bien à mon cou, mais suis incapable de faire autre chose que d’obéir. Léon dort d’un souffle paisible, il paraît serein. Je pose mon cul sur la pierre détrempée. Conscience que tout est réel. Je m’allonge. La lune et les étoiles brillent dans un ciel limpide. Le grand Inconnu, plus pour longtemps. Les ramifications de mon étrange journée s’imbriquent pour déboucher sur une étrange logique. On est loin de l’apocalypse à laquelle j’aspirais. Mais je crève depuis mon premier souffle.

Le visage de la jeunette se superpose au cercle lumineux. Je la fixe sans lutter. Elle pose sa main sur mon front, jamais ne me suis senti aussi bien. Elle reste ainsi jusqu’à ce que mon souffle s’allonge pour devenir profond et régulier. Puis elle se retire. J’entends bientôt le raclement de l’acier contre la pierre. Je flippe vaguement puis elle revient, poignard en main, plaque la lame froide contre ma plaie. Nouveau haut le cœur mais elle l’enlève, imbibé de mon sang. Elle la trempe dans sa mixture pour mélanger doucement. Puis elle pointe l’arme vers le ciel, récitant d’une voix puissante :

— Oh Dana, Déesse Lune, par son sang je t’en conjure, guide ton fils à la lisière du Sidh !

C’est ridicule mais grave. Ses mots n’en sont pas, ils sont des invectives puissantes. Elle passe hors de mon champ de vision, emportant avec elle poignard et coupe, ne plus la voir me terrifie :

— À toi, esprit du Nord, par cette offrande je te conjure ! Eclaire-nous le Chemin !

S’ensuit un souffle puissant, une vague de chaleur qui traverse l’autel. Quelques instants se passent, je la distingue de nouveau, quelque part sur ma gauche.

— À toi, esprit de l’Est, par cette offrande je te conjure ! Libère nos esprits de l’entrave de nos chairs !

Elle verse sa mixture dans l’âtre, le feu s’élève avant de retourner à un crépitement paisible. La chaleur ne faiblit pas, elle se superpose en couche brûlante et vaporeuse. La fille se déplace encore. Je peux l’apercevoir nettement lorsqu’elle s’arrête devant le foyer situé devant moi. Elle tend son poignard, puis de sa voix puissante :

— À toi, esprit du Sud, par cette offrande je te conjure ! Donne-nous la force de surmonter cette épreuve !

Elle répète l’opération, la chaleur devient plus prégnante encore. La fille se dirige vers le dernier foyer, sur ma droite :

— À toi, esprit de l’Ouest, par cette offrande je te conjure ! Laisse-nous revenir purifiés de notre périple !

Elle vient se replacer devant l’autel, la fournaise est tout juste supportable, confinée dans le cercle. Elle dépose le bol entre Léon et moi, saisit une bourse accrochée à sa cape, dont elle vide le contenu dans le récipient.

Un instant elle se recueille devant nous, les bras en croix plaqués contre sa poitrine, le visage fermé, plongé dans l’obscurité de sa capuche. Puis doucement elle défait les nœuds qui maintiennent l’étoffe. Le tissu glisse sur son corps en la révélant totalement nue. Elle déploie lentement ses bras, paumes et visage tournés vers le ciel. Je reste béat devant son être magnifique, les yeux embués de larmes devant cette apparition mystique. J’observe, hypnotisé, les ombres qui font vivre ce corps dans son immobilité parfaite. Elles tournoient sur elle, caressant ses courbes, exaltant sa vie. Son énergie est puissante. Le temps se perd définitivement lorsqu’elle se penche de nouveau sur la pierre. Elle saisit la bougie pour faire couler une flammèche dans la coupe. Une fumée noire se repend sur nous, je l’inhale profondément. L’effet est saisissant. La sensation de distance que je ressents s’amplifie. De nouvelles inspirations me portent dans un état second, je suis là sans l’être, je ne suis rien d’autre que ma conscience, qui s’élève. Mon être qui se dissipe, sa voix résonne encore, elle est partout, transportée par la fumée :

— À toi, esprit des Brumes, je te conjure ! Ouvre-nous les portes de l’Autre Monde !

La fumée est épaisse. Je ne vois plus rien, mais je sens toujours sa présence, qui tournoie autour de moi, de nous. Le tambour nous accompagne, lent, lourd. Il s’emballe progressivement en battements sourds.

Encore un tour, je la perçois de nouveau, ses pas martèlent le rythme tribal. Son corps, d’un blanc immaculé, ondule aux impulsions du tambour. Sa marche chaloupée se transforme en danse, l’incantation remplit furieusement l’espace. Ses jambes fines et musclées frappent le sol de plus en plus fort. Elle tournoie en arc de cercle, son cul pivote sur la toison noire qui orne son sexe, ses seins lourds rebondissent sur son buste, ses cheveux de jais caressent ses épaules, son visage reste doux malgré l’effort et la concentration. Je m’aperçois que j’ai tout vu les yeux fermés. La vision est magnifique, maintenant je peux mourir.



(1) Ankou : émissaire de la mort, dans la culture bretonne. Il est chargé de collecter les âmes des défunts. Son apparition est un présage funeste.

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