Chapitre 6 : Junkie

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Je détestais les lundis. Ils commençaient toujours mal. Au petit-déj, mon père a essayé (en vain) de me raisonner à propos de la voisine.

— Ellie, c’est une vieille dame ! Pas une tueuse en série. Si elle avait quelque chose à voir dans la disparition d’Alexandre, les flics l’auraient déjà coffrée. Je sais que tu as eu un weekend difficile, mais s’il te plaît, arrête de te concentrer sur des théories absurdes et vas en cours. Tu vas être en retard !

Je suis arrivée dans mon premier cours dix minutes après tout le monde. Le prof aimait autant que moi le lundi matin, il était d’une humeur massacrante. Pour ne rien arranger, au cours suivant je me suis aperçue que je n’avais pas mes affaires de sport. C’était la quatrième fois. Je me suis fait coller. À la cantine, j’ai renversé des flageolets (froids et sans aucun gout) sur un de mes rares jeans alors qu’avec Léa, on débriefait sa soirée d’anniversaire. La bonne nouvelle, c’était que maintenant, Théo et elle se faisaient des messages en permanence (si on estime que plusieurs messages par jours équivalaient à « en permanence »). Elle allait bientôt être en mesure de déterminer son thème astral (bien que cela me fasse rire, j’étais admirative). La mauvaise, c’était que ses parents étaient rentrés avant qu’elle ne termine de tout nettoyer et qu’à l’avenir, ils lui laisseraient moins de liberté pour organiser ses soirées. Dommage.

J’ai passé mon après-midi à regarder partout autour de moi quand je n’avais pas le nez collé à l’écran de mon portable. Noir, noir et toujours noir. Je n’en pouvais plus d’attendre, j’allais finir par croire que la voisine ne s’en était pas seulement prise à Alexandre, mais aussi à lui. Je n’arrêtais pas de me répéter qu’il fallait que je fasse confiance à mon père, mais c’était plus fort que moi. J’étais formelle : à partir du moment où mon voisin du dessus disparaissait, il me fallait un coupable… Et la vieille avait une tête de coupable, une attitude de coupable et plusieurs crimes à son actif (comme des animaux empaillés dans son salon, par exemple. Quoi qu'en dise la justice, je comptais ça comme un crime).

Ça me paraissait crédible. Nous avions tous des secrets, mon frère m’avait caché qu’il sortait avec Agathe (la peste), ma mère m’avait caché qu’elle allait déménager, mon oncle avait surement rencontré quelqu’un et moi… Moi, j’étais la pire. Déjà, je voyais Alexandre le plus discrètement possible. Ensuite, je sortais souvent sans dire à mon père où j’allais vraiment. Et après, il y avait lui. Lui, c’était mon plus gros secret. Alors, oui, j’étais persuadée que ma voisine aussi nous cachait un secret. J’espérais juste que ce n’était pas un cadavre.

La seule chose qui était cool, le lundi, c’était de terminer avec une heure de perm. Une heure de perm qui, par un gros coup de bol, se trouvait aussi sur son emploi du temps. Je suis allée derrière le bâtiment de la cantine où il n’y avait jamais personne. J’attendais de voir si je resterais seule, avec mon écran noir, ou si, enfin, il allait venir. Je me sentais stupide d’être éternellement dans l’attente d’un signe. Je savais que je n’avais l’air de rien. Que c’était futile. Mais au fond, je m’en foutais. Tout ce que je voulais, c’était qu’il vienne.

Je me suis assise sur le rebord d’une fenêtre, la jambe tremblante. Je n’aimais pas cet endroit (je n’aimais aucun endroit dans ce foutu lycée). Mais c’était le point de rendez-vous le plus pratique. Au-delà, au milieu des arbres et des haies, nous n’aurions pas réussi à nous retrouver. Il y avait tant d’endroits où se cacher ! Cela expliquait surement pourquoi, quand j’étais avec lui, j’avais l’impression de devenir un secret.

J’avais envie qu’il arrive, qu’il me fasse un sourire et qu’il me prenne la main pour qu’on puisse s’enfuir loin d’ici. J’étais prête à tout plaquer, à tout oublier pourvu qu’on soit ensemble. L’amour était plus dangereux qu’une drogue. À seize ans, on n’avait pas besoin de se défoncer, on avait besoin d’aimer. Ses baisers étaient pour moi la véritable adrénaline, l’odeur de sa peau, la véritable nicotine. Ses yeux, sa voix et ses cheveux, une hallucination. Il était la dose qu’il me fallait pour être démesurément heureuse. Il était le fameux secret dont je ne pouvais pas me passer, il était le paradis de toutes mes pensées. Je me demandais parfois si les autres filles aussi avaient l’impression d’être des junkies, mais je n’osais pas leur demander.

Je n’étais pas assez courageuse pour ça et surtout, je n’étais pas assez grande. En comparaison lui, il l’était trop. Depuis le mois de janvier, il avait vingt et un ans. Vingt et un ans. Et moi, j’en avais toujours seize. Jusqu’en juin, nous étions condamnés à cinq années de différence. C’était beaucoup. C’était trop. Mais dans à peine trois mois, j’aurais dix-sept ans et nous serions seulement à quatre ans et six mois de différence. Techniquement, si on ne regardait que nos années de naissance, c’était quatre ans de différence. Était-ce encore de trop ?

Je ne voulais pas le savoir. À partir de quand pouvait-on dire que ce nous faisions était mal ? Je n’en savais rien. Dix ans de différence, par exemple, ça me dégoutait. Mais deux ans, ça ne me choquait pas. C’était « passable ». Quatre ou cinq ans, en revanche, ça commençait à faire beaucoup. Mais quatre, était-ce vraiment si gênant ? J’avais du mal à faire le point.

D’un côté, il y avait les chiffres et les nombres tragiquement écrasants et de l’autre, il y avait lui. Yassine. Beau, mate de peau, des yeux sombres et des tresses qui se balançaient dans son dos quand il marchait, une petite barbe noire sur le bas du visage et un sourire… J’étais tombée amoureuse de son sourire avant même d’entendre ses blagues, d’être serrée dans ses bras et de sentir à plein nez l’odeur de son cou. Il avait des airs de canaille, avec ses épaules larges, ses boucles d’oreilles dorées et cette posture à mi-chemin entre la détente et la frime lorsqu’il s’appuyait contre un mur — le genre de posture qui me donnait envie de lui sauter dessus.

J’étais en manque. Pas besoin d’être médecin pour le comprendre. Il me fallait une nouvelle dose. L’amour était une drogue pour moi. Mais, mes sentiments m’empêchaient-ils de voir la réalité en face ? Yassine était-il un problème ? M’aimait-il vraiment, ou m’étais-je persuadée que je lui plaisais ? Était-il un connard qui profitait d’une fille trop jeune pour lui ? Je doutais en permanence. Et puis, il y avait ma bizarrerie : si Yassine la découvrait, il pourrait s’en prendre à moi. Parce qu’il se sentirait trahit, par peur ou par colère. Tant de personnes adorables pouvaient devenir violentes lorsqu’on les effrayait… Si Yassine avait mon âge, j’aurai peut-être eut une chance de le battre. De m’échapper. De le fuir. Mais avec quatre ans de plus, il était bien trop fort pour moi. S’il découvrait ma tâche et qu’il était anti-métamorphe, comme pratiquement tous les gens normaux, je serai en danger.

Le pire dans cette histoire, c’était que j’étais un danger pour moi-même. J’aimais Yassine, c’était moi qui étais accro, c’était moi qui en réclamais toujours plus. J’allais volontairement vers un garçon qui signerait peut-être ma perte. Mais il avait l’air de m’aimer ! Parfois je m’en laissais persuadée. Mais c’était toujours lui qui nous stoppait. Lui aussi, il avait du mal à faire le point. Parfois, il culpabilisait à cause de nos âges et il devenait froid. Il me disait qu’il avait besoin du regard des autres pour savoir si ce qu’on faisait était bien ou mal.

Mais à quoi bon demander l’avis de mes parents ? Ils m’obligeraient à tout arrêter et il n’y aurait plus rien entre nous. Je ne pouvais pas l’envisager, même pas une seconde. J’avais besoin de cette dose, j’avais besoin d’aimer. Je n’étais peut-être qu’une camée, mais j’étais bien comme ça. Je voulais que Yassine m’aime, qu’on soit seul au monde, qu’on ferme les yeux sur les années qui nous séparaient et qu’on soit heureux. Je voulais fuir la réalité. Pourquoi aurions-nous eu besoin de demander la permission pour aimer ?

Quand j’ai rencontré Yassine, nous étions en train de danser. C’était le cours où Léa m’avait entrainée de force, l’été après la fin du collège. Il croyait que j’avais dix-sept ou dix-huit ans, mais je venais d’en avoir quinze. Je croyais qu’il avait seize ou dix-sept ans, mais il en avait dix-neuf. Ce n’est qu’après que nous avons compris. On parlait de la rentrée, j’allais entrer au lycée. Quand il l’a compris, il m’a regardé un long moment sans rien dire. Il avait l’air tellement triste, tellement déçu ; tellement coupable, aussi. Lui, il allait en terminale. Mais il avait déjà redoublé deux fois, en CP et en seconde. Comme lui, j’avais l’impression que le sol tanguait, que notre petit monde d’amoureux se désintégrait.

La réalité m’a cognée, elle m’a poussée par terre. J’avais envie de m’enfuir loin d’elle et de ses coups cruels. J’étais triste. Tout ce que nous avions construit les trois derniers mois, la drague, les premiers baisers, les blagues et les sourires, tout devait être effacé. Le garçon que j’aimais n’avait pas le droit d’être avec moi, je ne devais pas le fréquenter. Mais c’était déjà trop tard, j’étais piquée. Je n’ai pas pu m’arrêter, je l’ai supplié de ne pas me quitter. Heureusement pour moi, on s’aimait déjà trop. Il a posé des règles, il a fixé des limites, nous sommes restés en couple, il a redoublé pour la troisième fois l’année dernière et maintenant, je suis en première et lui, toujours en terminale.

Assise sur le rebord de la fenêtre derrière la cantine, je me souviens du temps où tout se passait bien. Nous étions heureux et je croyais vraiment que me mentir et ne pas me prendre la tête sur nos âges était la solution idéale. C’était génial. Mais j’en voulais toujours plus. C’est pour ça qu’il y a quelques mois, j’ai transgressé les règles, j’ai franchi les limites. Et je ne sais toujours pas ce qui va nous arriver ensuite. Parfois, je me dis qu’on aurait mieux fait de respecter les règles, ce jour-là. J’aurais dû fuir. Je le savais. Lui aussi. Et pourtant, je ne regrettais pas d’avoir franchi les limites, j’avais même adoré ça.

Le parc du lycée était aussi penseur que moi. La pelouse et les buissons restaient calmes, il n’y avait pas de vent. Yassine n’était toujours pas là. Pourquoi n’avait-il pas répondu à mes messages ? J’avais une boule dans la gorge. Mes yeux me piquaient. Je ne voulais pas rester seule, je ne voulais pas le perdre, je voulais qu’il me prenne dans ses bras, je voulais passer mes doigts sur ses tresses, je voulais me sentir bien. J’avais besoin de lui. J’avais besoin de ça, de cette drogue, de cette relation qui n’était peut-être qu’une anarque, mais dont je ne pouvais plus me passer. J’avais seize ans et j’avais besoin d’aimer, c’était tout ce qui comptait. Je jouais avec la fermeture éclair de mon sac à dos en me retenant de pleurer. Il n’arrivait pas, je me sentais seule.

Je suis descendue du rebord de la fenêtre et je suis retournée près des bâtiments de cours. Léa devait surement être au CDI, ou dans une des permanences, je ne savais pas exactement où (je n’étais jamais avec elle pendant cette heure de libre, j’étais toujours avec Yassine). Ce lundi était dix mille fois pire que les autres. Les émotions étaient étranges, j’étais triste de ne pas avoir vu mon copain alors qu’en parallèle, il se passait des choses bien plus graves, comme la disparition d’Alexandre. Je n’arrêtais pas d’y revenir. C’était comme une notification qui revenait sans cesse sur l’arrière-plan de mes pensées, elle bipait et interrompait tout le reste pour que je me concentre sur elle. Alex me manquait beaucoup. D’une manière différente de Yassine, qui n’avait rien à voir avec une drogue, mais qui faisait mal quand même. Qu’aurait-il dit, si je lui avais parlé de Yassine ? Je ne le saurais jamais.

J’ai traîné des pieds jusqu’à mon casier qui était à deux pas des toilettes. Du côté des mecs, un petit groupe discutait. Je n’y ai pas prêté attention, jusqu’à ce que je le reconnaisse. Il était là, il me regardait par-dessus ses potes et il essayait tant bien que mal de s’éclipser. J’ai jeté les classeurs dans mon casier en prétendant ne pas le voir. Je l’ai entendu répondre à une énième question d’un garçon super lourd qui ne voulait pas le lâcher. Mon cœur faisait des bonds. Yassine était là, vivant, en chair et en os. Il n’avait pas disparu ! Ses potes sont entrés dans le bâtiment et il s’est précipité vers moi.

— Désolé, a-t-il chuchoté, je n’arrivais pas à partir.

Il a regardé à gauche et à droite pour être sûr qu’on ne soit pas surpris. J’étais aussi tendue que lui. Il a poursuivi :

— J’ai déglingué mon portable la semaine derrière, j’espère que tu ne t’es pas trop inquiétée.

— Bien sûr que si !

Il a ri.

— On ne devrait pas rester là.

— Je m’en fous, ai-je chuchoté. Embrasse-moi maintenant, on n’a plus le temps d’aller derrière la cantine.

— Ellie, si quelqu’un vient…

Mon cœur n’arrêtait pas de sautiller, je ressentais les effets du manque d’une manière encore plus puissante maintenant qu’il était devant moi et que je n’avais même pas le droit de m’en approcher. J’ai refermé mon casier à toute vitesse, j’ai jeté mon sac sur mon épaule et j’ai jeté un œil aux toilettes. Pas un bruit. J’ai pris la main de Yassine et je l’ai tiré à l’intérieur. On avait à peine refermé la porte d’une cabine sur nous qu’il posait déjà nos affaires sur le sol pour mieux entourer ma taille de ses bras. Je me suis jetée sur sa bouche. Je l’ai embrassé avec une respiration tendue, pleine de son parfum. J’étais dingue de son parfum. Il s’est un peu plus collé à moi. Une de ses mains plaquait ma poitrine contre la sienne, l’autre caressait ma nuque. Nous étions affamés. J’avais envie de le dévorer. Mes deux bras encerclaient son cou et rapprochaient toujours plus son visage du mien. Sa petite barbe me chatouillait. Mon cœur battait trop vite, trop fort, trop bien. Quand ses lèvres se sont déplacées sur mon cou, j’ai cru qu’il allait lâcher.

— Tu m’as manqué.

— Toi aussi.

On chuchotait toujours. J’adorais quand on murmurait des choses que personne ne pouvait entendre à part nous, elles faisaient partie du secret. J’ai glissé mes mains dans le creux de son dos et il a posé sa joue sur le sommet de mon crâne. J’avais envie qu’on soit collés davantage, j’avais envie de fusionner avec lui. L’attirance pulsait dans nos veines, c’était magique. J’ai fermé les yeux. Il m’a serré un peu plus fort contre lui, puis il s’est écarté. Ses yeux sombres me contemplaient. Il m’a fait son sourire de tombeur et il s’est appuyé contre le mur, dans sa position à mi-chemin entre la détente et la frime. Je craquais complétement pour lui. À mon tour, j’ai calé mon dos contre les parois de carrelage froides et j’ai mis mes mains dans mes poches, pour éviter d’être retentée par une nouvelle dose. J’ai soufflé :

— Tu m’as vraiment, vraiment manqué.

Je lui ai fait un sourire pour ponctuer ma phrase. Un sourire de tombeuse. J’avais appris à l’imiter mieux que personne. J’ai dit :

— J’ai cru que tu t’étais fait kidnapper.

Il a d’abord cru que je blaguais, mais j’étais sérieuse. Je lui ai raconté tout ce qui s’était passé depuis la semaine précédente, j’ai serré les dents en parlant de ma mère, je me suis énervée en parlant de mon frère et je ne savais pas sur quel pied danser en parlant de mon père. La seule chose dont j’étais certaine et qui ne variait pas en fonction de mes émotions, c’était la voisine. Objectivement, c’était ma meilleure piste. Yassine était d’accord, il m’a posé des questions sur elle. J’aimais bien quand il s’intéressait à moi comme ça. Je lui ai raconté tous les détails, puis on s’est mis à faire de nouvelles hypothèses. Aucune n’était plus crédible que les autres.

Le temps passait à une vitesse folle, j’avais l’impression d’être dans un rêve. J’étais incapable de me souvenir précisément de ce qu’on avait dit. Les seules choses qui me marquaient, c’étaient ses yeux sombres, son sourire, son haussement de sourcil quand je le faisais rire ou encore sa main qu’il passait sur son menton.

Une fille est entrée dans les toilettes, alors on a dû se taire. Quand elle est partie, il m’a raconté comment il avait explosé son téléphone en faisant du skate. Il adorait ça, mais il n’était pas très doué. Ça me faisait rire quand il m’envoyait des vidéos de lui en train d’essayer de nouveaux trucs. Le plus souvent, elles se terminaient par des gamelles mémorables.

Et puis, trop tôt, la sonnerie s’est déclenchée. Le lundi était terminé. J’ai eu droit à un tout dernier baiser, puis il s’est envolé. La magie était terminée, il était temps d’ouvrir les paupières, mais je crois que je n’étais pas encore tout à fait prête à voir la réalité en face. Je suis rentrée chez moi la tête dans les nuages, en prétendant que tout allait bien, qu’il n’y avait aucun problème à voir son copain en cachette et que quatre ans d’écart, c’était peut-être trop pour les autres, mais pas pour moi.

Je n’avais pas envie de savoir si les effets de l’amour, cette drogue, étaient réels ou s’ils n’étaient que le reflet de mes rêves. Étais-je vraiment en couple, ou juste aveuglée et manipulée par les beaux yeux d’un garçon trop grand pour moi ? Était-ce normal que l’amour ressemble à cela ? Qu’importe la réponse, cela ne m’empêcherait pas de me demander combien de temps s’écoulerait jusqu’à la prochaine dose.

Les autres filles étaient-elles aussi des junkies ?

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