Chapitre 17 : Une voiture noire et un chemisier vert menthe qui se parlent sous les étoiles

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Au bout d’un long moment, j’ai aperçu quelqu’un sur le trottoir. Il faisait le tour de la maison avec une lampe et une grande boite carrée dans la main. Les haies projetaient des ombres si grandes sur le jardin que j’aurais pu danser seule dans le noir sans être vue, mais le visiteur devait me chercher : il n’a pas cessé d’agiter sa lampe torche jusqu’à ce qu’il m’ait repérée. Il s’est assis dans l’herbe à côté de moi et il m’a demandé :

— Tu veux en parler ?

— Non, ça va. Je me sens bien. Je te raconterai demain.

Yassine m’a souri et il a sorti des parts de pizzas de la boite en me disant :

— C’est tout ce que j’ai pu sauver, les autres sont en train de faire un massacre.

J’ai joué avec un fil de mon chemisier.

— Mickaël va bien ?

— Ouais, je crois que Théo est avec lui. Ils se sont réconciliés.

J’ai attrapé un bout de pizza et je me suis régalée. Il y avait une ambiance particulière. Yassine n’arrêtait pas de croiser et décroiser ses jambes tandis que j’évitais son regard le plus possible.

— Merci d’avoir pensé à moi, ai-je murmuré. Et de m’avoir rejointe avec les restes de pizzas.

— Merci à toi de t’être éclipsée. J’avais besoin de prendre l’air… Et j’avais envie de te voir.

Il a ajouté la dernière phrase en guettant ma réaction. Il voulait savoir si oui ou non, j’allais flancher.

— On devrait peut-être retourner à l’intérieur, tu ne penses pas ?

J’ai refusé tout de suite. L’obscurité était trop paisible pour que je l’abandonne si vite. Le calme de la rue et le silence des étoiles avaient quelque chose de réconfortant.

— Et si on parlait d’autre chose ? ai-je demandé. Je n’ai pas envie de supporter les invités de Léa.

Il a éclaté de rire.

— Le contraire m’aurait étonné ! Chipie.

Je lui ai donné une petite tape sur l’épaule et il m’a fait son sourire de tombeur.

— Alors mademoiselle Demir, de quoi voulez-vous parler ? De l’actualité, de la météo ou d’un sujet complètement futile et illusoire ?

J’ai entouré mes genoux de mes bras.

— Pourquoi voudrais-tu qu’on parle de ça ?

— Parce qu’on n’en a jamais parlé, justement.

Il a cueilli un trèfle et il s’est tourné dans ma direction. Ses yeux brûlaient. Les musclent de son corps se sont tendu et sa voix s’est faite plus grave.

— Toi et moi, on était tellement à fond dans notre bulle d’amoureux et dans nos sujets profonds qu’on en a oublié de parler de ces choses inutiles.

— Mais j’aime bien ces sujets profonds, ai-je rétorqué en m’allongeant sur l’herbe. Je ne veux pas qu’on arrête de se poser des questions existentielles à trois heures du matin, qu’on se retienne de prédire l’avenir ou qu’on cesse d’imaginer ce que seraient nos vies si un détail avait changé.

Il s’est allongé à côté de moi et nous avons observé le ciel. Un grand « et si » m’a traversé l’esprit ; mais je l’ai étouffé aussi sec.

Le noir infini me faisait penser à un océan. Yassine a croisé ses mains sur son ventre et il m’a chuchoté :

— Moi aussi, j’aime quand on discute de tout ça.

Je pouvais sentir la chaleur de son corps à vingt centimètres du mien. Il a croisé ses bras derrière sa nuque et il m’a dit de commencer.

— Choisis un sujet, n’importe quoi.

— Même si c’est une question d’amour ?

— Surtout si c’est une question d’amour. Les amis font ça, non ?

Il n’était pas convaincu et moi non plus, mais je me suis quand même lancée.

— Pourquoi est-ce que tu n’as jamais aimé personne avant moi ? Tu étais déjà majeur quand on s’est rencontré et tu étais beau.

Je me suis tourné sur le côté pour observer sa réaction et j’ai ajouté :

— Personne ne t’a jamais fait de l’effet ?

— Si, une ou deux fois, m’a-t-il avoué tristement, mais je n’ai jamais réussi à sortir avec elles. Pourquoi ? Tu as peur que je retourne vers une ex-copine ?

— Non. Je me demandais pourquoi tu étais tombé amoureux de moi. Peut-être que tu te sentais seul, ou que tu en avais marre d’être le mec célibataire.

Un nuage est passé dans son regard. Ses boucles dorées ont scintillées à ses oreilles lorsqu’il a rejeté ses dreads en arrière. Il a pris ma main dans la sienne.

— Je ne suis pas sorti avec toi pour la gloire ou parce que j’étais le puceau qui passait pour un coincé. Je suis sorti avec toi parce que je suis vraiment tombé amoureux de toi.

Mon cœur a loupé un battement. Il avait les larmes aux yeux, le traitre ! Je lui en voulais de m’aimer si fort. Le détester ou douter de lui aurait été dix mille fois plus facile que de le sentir si proche de moi, si sincère et si inaccessible. Il compliquait les choses. Alors, j’ai tenté le tout pour le tout :

— Et tu n’étais pas triste d’être célibataire ? Tu n’as jamais eu peur de finir seul ou de ne pas trouver le bonheur ?

— J’étais malheureux comme les pierres, a-t-il soufflé. Parfois je crevais d’envie en regardant d’autres couples. Je ne supportais pas les histoires de cœur de mes potes.

Il a serré ma main un peu plus fort dans la sienne et il m’a confié :

— Mais ce n’était pas la peine de brusquer les choses. Je n’étais pas un garçon qui vivait les choses à la légère et je ne le suis pas plus aujourd’hui. Tant pis si on me jugeait.

J’ai caressé sa paume du bout de mes doigts.

— Quand je t’ai rencontré, a-t-il murmuré, je savais que j’étais capable d’aimer et d’être aimé. Je ne suis pas sorti avec toi pour prouver quoique ce soit, je suis sorti avec toi parce que j’ai senti que ce que nous vivions était réel. Tu n’étais pas un outil pour que je devienne quelqu’un d’autre ou pour que je rattrape mon retard face à mes amis. Je ne valais pas moins qu’eux avant, quoi qu’ils en disent.

J’étais pensive. Ce qu’il me disait me faisait un bien fou, mais ses mots remplis d’assurance me renvoyaient au visage mes propres incertitudes.

— Comment est-ce que tu fais pour avoir confiance en ton destin ? ai-je demandé en jouant avec les boutons de ma chemise vert menthe. Moi, j’ai peur de l’avenir. Je ne sais pas où j’en suis, je n’ai aucune idée de ce que je vais devenir. Si je ne t’avais pas aimé, je pense que je déprimerais sur mon sort. Je me sentirai seule, exactement comme Mickaël.

— C’est peut-être parce que tu ne te vois pas comme je te vois. Tu ne sais pas encore qui tu es.

— Et comment tu me vois, toi ? Qui est-ce que je suis ?

Il s’est mis à rire.

— Une chipie, je dirai.

Il m’a fait son regard de tombeur.

— Non, plus sérieusement, Ellie : j’aperçois une infime partie de la fille que tu es vraiment. J’aimerais beaucoup répondre à ta question, mais on a tous nos petits secrets, pas vrai ? Je ne peux pas tout savoir de toi.

Yassine ne savait pas à quel point il avait raison (et c’était peut-être mieux en ce qui concernait ma petite bizarrerie).

— Je comprends enfin mes parents, ai-je soupiré. Avoir un bébé c’est un moyen garanti de devenir un type d’adulte bien précis. On sait qui on est, ce qu’on doit faire et ça donne un sens à la vie.

On s’est remis assis en tailleur sur la pelouse. L’ombre de la maison de Léa se dessinait derrière nous. Une partie des lampadaires s’est éteinte. Il n’y avait pas un seul volet ouvert, comme si le monde avait les yeux bandés. Nous étions seuls. Yassine avait la chair de poule. Il a frictionné ses bras et en même temps, il m’a dit :

— Tu penses à faire la même chose qu’eux, parfois ?

— Non, je ne me vois pas devenir ce genre d’adulte. Et toi ?

— J’aimerais bien avoir des enfants plus tard, quand je serai interprète pour ma langue natale, que j’aurais acheté un appartement près d’un jardin public et que je serais trop vieux pour entrer dans un skate park.

J’ai souris dans l’obscurité. Yassine et ses plans sur la comète avaient tout pour me plaire.

— Quand ce jour viendra, tu pourras peut-être essayer les patins à roulettes.

Ma blague était nulle, mais c’était très drôle d’imaginer Yassine en train de se tenir à une rampe pour ne pas se casser la figure. Il m’a donné un petit coup de coude dans les côtes pour rigoler et on s’est souri. Pendant un instant, j’ai eu l’impression d’avoir remonté le temps. J’étais à nouveau la fille de quinze ans qui n’avait encore jamais pu toucher autre chose que le visage ou les mains de Yassine. Sa peau foncée m’appelait. J’adorais quand il me regardait ainsi, comme si, à moi toute seule, je pouvais le rendre heureux jusqu’à la fin de sa vie.

J’avais envie qu’il glisse ses mains sur mes jambes lentement, pour faire durer le moment entre le désire et l’excitation. Il n’y avait pas que sa peau qui m’appelait : son torse chaud me criait de me coller à lui, le souvenir de son dos me suppliait de le caresser à pleine main et son bassin me murmurait des scénarios beaucoup trop tentants. J’avais envie de fusionner tout entière avec lui, de le sentir partout sur mon visage, mon cou, sur ma poitrine, entre mes bras, de respirer son parfum lorsqu’il pencherait vers mes cuisses et de le gouter du bout de ma langue lorsque je l’embrasserai.

Tout d’un coup, je me fichais de tout ce que mon père avait pu me dire au sujet des petit-amis. Je me suis rendue à l’évidence : Yassine était un problème, il pouvait découvrir ma bizarrerie et ruiner ma vie en un clin d’œil ; il pouvait perdre la tête et m’agresser parce que j’étais une métamorphe et que je lui avais caché ; il pouvait se mettre à m’aimer pour de faux (bien que je doutais de moins en moins à ce sujet), mais rompre avec lui ne servait à rien. J’aimais trop Yassine. Et supprimer mon problème n’était pas une option. Certes, il faudra bien un jour que je le règle, mais pour l’instant, l’essentiel était d’ouvrir les yeux sur la situation. Yassine était le garçon parfait. Je ne savais pas si j’aurais deux fois la même chance dans ma vie. J’avais mis du temps à le réaliser, mais je voyais maintenant que ce mec valait la peine que je prenne des risques. Je lui ai demandé :

— Tu m’en voudrais si je te disais que je regrettais de t’avoir plaqué, que je n’étais qu’une idiote et que même si c’est mal, j’ai envie de t’embrasser ?

— Tu n’es pas idiote. Et moi aussi, j’ai envie de t’embrasser.

Je n’ai hésité qu’une fraction de seconde pour lui faire mon sourire de tombeuse. Quand ses lèvres se sont plaquées contre les miennes, j’ai explosé de bonheur. Je mentirais si je disais que je m’étais souciée ne serait-ce qu’une seule seconde des conséquences. C’était bien simple : je m’en foutais. Les autres pouvaient bien nous voir, ça m’était égal. Yassine était tout ce que je voulais, tout ce dont j’avais besoin. J’ai enroulé mes bras autour de lui, comme pour lui faire un câlin, et il m’a attiré sur ses genoux. Mes mains glissaient entre ses dreads. Ses muscles se tendaient sous le tissu de son pull et nos fronts se touchaient. Il a caressé ma joue. On s’est embrassé, encore et encore, mais ce n’était pas assez. Il poussait mon dos vers lui et, plaquée à son corps, j’ai commencé à descendre mes lèvres sur la peau dénudée de son cou. Je voulais plus, encore et toujours plus. Je jouais avec le feu. Yassine venait à peine de revenir dans mes bras, il ne fallait pas que je le pousse au-delà des limites (même si j’en avais tellement, tellement envie).

J’ai pris de profondes inspirations pour me forcer à rester calme, mais son parfum me rendait folle. Il m’a fait son sourire de canaille et il m’a regardé me tortiller sur ses genoux.

— Tu es déjà toute rouge.

— Ne te moque pas, ai-je râlé.

Il a ri et je me suis blottie contre lui. Mes yeux fermés pour écouter ses chuchotements, on s’est rallongés et j’ai enlacé nos mains sur mon ventre. Il fredonnait le même air qui était passé à la radio l’année dernière, le jour où il avait appris qu’il devrait redoubler, une fois encore. Je me souvenais encore de ce soir-là : il fixait le plafond de sa chambre depuis plusieurs minutes et je m’attendais à ce qu’il m’annonce qu’il avait choisi d’abandonner. Après tout, il aurait eu mille raisons de le faire. Mais non, il ne l’avait pas fait. Yassine n’était pas quelqu’un qui laissait tomber — ni ses études, ni ses rêves, ni les personnes qu’il aimait.

Je me sentais à ma place entre ses bras. J’aimais et j’étais aimé. Il s’est arrêté de chanter pour me demander :

— Tu es sûre ? Tu ne vas pas regretter ce que tu viens de faire ? Et ton père ?

— Mon père dira ce qu’il voudra, je m’en fiche. C’est toi que je veux, Yassine. Toi et seulement toi.

J’ai recommencé à l’embrasser et notre étreinte s’est faite plus forte. L’appel de son corps m’a repris, j’avais l’impression que tout mon être se tendait vers lui.

— Tu me pardonnes ?

— Évidemment, a-t-il murmuré. Je t’aime.

— Moi aussi, je t’aime. Si un jour je décidais de faire le tour du monde, est-ce que tu viendrais avec moi ?

— C’est promis.

J’ai serré mon bras plus fort sur ses épaules, j’ai enfoncé mon autre main plus profondément dans ses dreads et lui, il m’a fait un regard en coin. Nous savions tous les deux ce que mes paroles signifiaient. Nous nous sommes relevés, nous avons abandonné la pelouse et main dans la main, nous sommes allés vers sa voiture. Il a cherché les clés dans sa poche et lorsqu’il l’a déverrouillée, j’ai sauté la première sur les sièges arrière où de vieilles couvertures traînaient. J’avais l’impression d’être dans un de mes rêves où notre fantasme se réalisait.

Je crois que je ne l’ai jamais autant embrassé que ce soir-là. Ses baisers troublaient mes sens et les seuls repères qui me restaient étaient ses dreads entre mes doigts, la peau de son dos, l’odeur de son coup et la chaleur de ses bras. Il y avait quelque chose de magique dans notre étreinte. Enfermés dans le petit habitacle, nos vêtements sont tombés sur le sol un à un. L’espace entre les sièges était bien plus étroit que ce que je pensais, mais cela ne nous a pas arrêtés. Il s’est allongé et je me suis faufilé au-dessus de lui.

Mes mains couraient du haut de ses cuisses à son visage tandis que les siennes agrippaient ma taille et mes hanches. Je l’ai embrassé encore et encore, comme si une force m’attirait vers lui. Il m’aimantait, je n’étais plus qu’un être de désir et de sensations. Il accaparait tout mon cerveau et j’étais bien incapable de penser à autre chose tandis qu’il se penchait vers la boite à gants. Il en a sorti une boite de capotes. Dans ma tête, c’étaient des passeports en latex. Nous allions faire le tour du monde et même voyager bien au-delà de ses frontières.

Même si je n’avais que seize ans et que Yassine en avait vingt et un, même si la vie n’avait aucun sens, même si c’était interdit, même si c’était risqué et même si le ciel nous était tombé sur la tête, nous aurions fait l’amour parce que nous n’étions plus que ça : de l’amour. Je n’avais plus les idées claires mais ce n’était pas grave. Je n’avais pas besoin de réfléchir pour ressentir de telles choses. Yassine et moi chuchotions sans même nous en rendre compte. Essoufflée, je mordillais la peau de son cou tandis que ses doigts griffaient mon dos ; mon cœur battait à toute vitesse et je voulais aller encore plus vite, encore plus fort, encore plus loin. La fièvre du voyage m’hypnotisait, la drogue de l’amour pulsait dans mes veines et embrumait mon cerveau, j’étais en plein trip.

Ses effets sont arrivés à leur paroxysme. Je me suis sentie comme si je venais d’interrompre mon tour du monde pour atterrir sur la lune, je flottais dans un nuage de plaisir. Je me suis accrochée jusqu’au bout à cette sensation. Une fois dissipée, Yassine m’a embrassé encore un peu et je me suis assise à côté de lui. La gravité était retombée sur nous ; l’air était devenu étouffant, il faisait si chaud dans sa voiture que les vitres étaient recouvertes de buée. Nos peaux étaient moites de sueur, nos lèvres étaient gonflées et nos deux corps avaient besoin d’être seuls.

J’ai attrapé mon chemisier sur le sol. Je n’y avais pas prêté attention, mais lorsque je m’étais métamorphosé face à Agathe, les coutures avaient craquées. Mon jean aussi était déformé. Heureusement que j’étais grande, sinon le corps de mon père (ou bien était-ce celui de mon grand-père ?) aurait déchiré les tissus. Je me suis rhabillée mécaniquement et je suis sortie de la voiture pendant que Yassine s’allongeait sur la banquette. Assise sur le trottoir, j’ai repris petit à petit le contrôle de moi-même. Mes muscles étaient épuisés et mes jambes tremblaient. Je suis restée face à la lune plusieurs minutes dans le froid en regrettant d’avoir laissé ma veste chez Léa. Yassine est bientôt venu me rejoindre. Il ne portait qu’un pantalon et lui aussi, il avait du mal à s’habituer au brusque changement de température.

Il avait l’air intrigué par l’état de mes vêtements depuis un petit moment, mais il ne m’a pas posé de question. À force, j’allais finir par croire qu’il en connaissait déjà les réponses.

— Tu veux que je te prête des vêtements ?

J’ai accepté tout de suite, trop heureuse de pouvoir enfiler quelque chose de chaud. Je me suis habillée avec un de ses survêtements en vitesse, devant son coffre, et je suis retournée chez Léa pour aller aux toilettes. Je priais pour que personne ne m’entende et ne vienne voir ce qu’il se passe (coup de bol, ils étaient tous à l’étage). Je me suis faufilée à la salle à manger sur la pointe des pieds, j’ai récupéré une bouteille d’eau et ma veste et je suis retournée avec Yassine.

Il était encore torse nu, appuyé sur sa voiture dans sa position à mi-chemin entre la détente et la frime. Je lui ai fait mon sourire de tombeuse et il m’a embrassé. Nos corps frissonnaient. J’avais l’impression d’avoir trouvé ma place dans l’univers. On s’est allongé dans la voiture qu’il avait aérée, puis on s’est mis à somnoler.

— Je suis content que tu sois revenue, m’a-t-il dit. Et je suis content qu’on se soit remis ensemble.

— Moi aussi.

Il m’a parlé de sa soirée « film d’amour triste » après notre rupture et je lui ai parlé de ma soirée « fontaine d’appartement » avec Léa. Il m’a fait rire en me racontant une de ses anecdotes de skate et on a parlé de ma mère et de Mathieu.

— C’est à cause d’eux que tu te faisais du souci, tout à l’heure ?

— Non, pas du tout.

Je lui ai expliqué pour la voisine, les colis et Agathe (en laissant de côté la partie où je me transformais, bien évidemment). Je croyais qu’il dormait déjà assez pour oublier ce que je venais de dire, mais il m’a fait un sourire et il a réouvert les yeux pour chuchoter :

— C’est tout ce qu’elle méritait. Et pour ce qui est de ton père, fais attention : je sais que ta voisine est une ordure mais c’est quand même étrange.

— Je vais essayer.

J’étais sincère. Je voulais vraiment faire de mon mieux et ouvrir les yeux, même sur les pires réalités. Mais en étais-je seulement capable ? J’ai laissé cette terrible question au lendemain. On a continué à parler de tout et de rien jusqu’à ce que je m’endorme dans ses bras, apaisée, les yeux rivés vers les étoiles.

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