Chapitre 19 : La partie la plus reculée — et sinistre — de la verrière

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D’après les calculs de papa, je m’étais assez métamorphosée pour la journée — je ne pouvais donc pas échapper à la vieille qui, encore et toujours, avait besoin de nous dans sa serre. (Je la soupçonnais de nous exploiter pour le simple plaisir de nous voir transpirer au-dessus d’un compost). Mais un samedi reste un samedi : je suis donc restée habillée en jogging et je suis sortie de mon lit à la dernière minute. Papa nous a accompagnés en bas de l’immeuble, comme s’il craignait qu’on s’échappe.

— Elle a tué Alexandre.

Papa n’a même pas levé le nez des affiches sur lesquelles la photo de Garfield, le chat disparu, commençait à s’effacer.

— Ellie, arrête de dire des bêtises !

— Mais tu ne peux pas nous laisser y aller, ai-je supplié, elle pourrait nous faire du mal. Je suis certaine qu’elle a acheté de l’acide pour faire disparaitre le cadavre. Et pense à ce que mamie a découvert !

— Ça suffit ! J’aurais dû demander à ma mère de partir plus tôt. Sortez-vous ces histoires du crâne, ça ne vous apportera rien de bon. Compris ?

— Mais papa ! a crié Mickaël en dansant d’une jambe sur l’autre.

— Contrairement à vous, madame Choux n’a rien à se reprocher.

Il a réajusté la capuche de son pull et il a ajouté :

— De toute façon, nous ne sommes pas certains qu’Alexandre ait été enlevé. Si ça se trouve, il est vraiment parti en vacances.

Mon œil, oui. Mickaël s’est retenu de dresser la liste de tous les crimes de notre voisine. Dépités et réduits au silence, nous l’avons attendue, les jambes tremblantes. Je me suis rassurée en me disant que, jusqu’ici, elle n’avait été ni violente ni menaçante envers nous. Quand elle a débarqué dans son quatre-quatre, papa nous a abandonnés à notre sort. Dans la voiture, j’ai observé les mains de la vieille se serrer autour du volant et dans mon imagination, je l’ai remplacé par le cou d’Alexandre. Quand la vieille a claqué la portière, elle a aussi claqué un objet sur la tempe de mon ami. Quand elle a déverrouillé la serre, elle a l’a enfermé à double tour dans une pièce sombre. Avait-elle aussi enlevé sa petite copine ? Possible.

À genoux dans la terre, j’ai essayé d’imaginer à quoi ressemblerait la vie de Sophie dans quelques semaines. Sans espoir et sans fils, que lui resterait-il ? Son mari aussi serait dévasté. Gérard avait toujours été gentil avec nous, c’était le genre de père qui cédait quand son fils voulait sortir ou regarder un film tard le soir. C’était aussi le genre de voisin qui proposait de nous emmener à l’air de jeux quand notre père était trop occupé. Sophie aussi se comportait comme ça avec nous. Ce couple était adorable. Pas étonnant que leur fils soit devenu mon meilleur ami.

Et pendant que je ressassais de vieux souvenirs, madame Choux, ce monstre, continuait de déambuler au milieu de ses palmiers sans aucun état d’âme. Vivement que je trouve un moyen de la dénoncer, elle ne perdait rien pour attendre !

— Qu’est-ce qu’on plante, déjà ? m’a demandé Mickaël.

Lui aussi, il avait la tête ailleurs.

— Des choux-fleurs ou des asperges, je ne sais plus.

Nous avons guetté la vieille jusqu’à ce qu’elle disparaisse de notre champ de vision et là, enfin, nous avons pu nous assoir sur les pavés. Mon frère avait de la terre jusque dans ses cheveux noirs, ils tombaient sur son visage en petites mèches ondulé. Entre la lumière qui filtrait dans la serre, son visage et son air concentré, il me rappelait maman. Elle aussi avait cette aura, ce je-ne-sais-quoi qui illuminait sa peau pâle. Ce petit truc invisible brillait dans leurs yeux, comme s’ils étaient capables de voir ce qui se cachait au-delà de notre monde. Il a essuyé ses mains sur son pantalon et il m’a demandé :

— Qu’est-ce qui t’est arrivé, ce matin ?

— Je me suis métamorphosée.

— Quoi ? Comme ça ? Sans prévenir ? Mais c’est horrible ! Ellie, tu es malade ? Tu as attrapé un cancer ? Ou alors, ce sont les radiations du micro-ondes qui t’ont fait ça. Tu sais, c’est très dangereux de…

— Non, l’ai-je coupé. Mon pansement s’est juste décollé de ma cuisse.

C’était un petit mensonge, mais il me pesait quand même. Qu’aurais-je pu dire d’autre ? La vérité était trop floue pour que je puisse ouvrir les yeux dessus. Je me suis mise à jouer avec la fermeture éclair de mon pull et je lui ai dit :

— Papa était furax.

— Furax ? a-t-il répété. Tu rigoles ? Il est à deux doigts de nous mettre à l’orphelinat. Nos téléphones sont confisqués, il a caché les télécommandes, débranché les ordinateurs, retiré toutes les recharges… Et ne parlons pas de son humeur ! Pour la première fois depuis qu’on le connait, il est devenu maniaque. La liste des tâches ménagères sur le frigo est plus grande que la liste des courses ! On doit nettoyer le miroir de la salle de bain, désinfecté la baignoire, faire la poussière au salon, l’aspirateur à la cuisine, gérer le lave-vaisselle, ranger les Tupperwares de mamie, trié toutes les affaires qu’il a balancées n’importe comment dans les placards et ont doit même aller à la laverie nous-même !

— Ça pourrait être pire. Au moins, le jeu en valait la chandelle.

— Tu parles ! À cause d’une seule soirée on va morfler pendant toutes les vacances. Et puis, je n’ose même pas imaginer le bazar que ça va être avec maman. Il va bien falloir que papa la prévienne.

Je suis tournée vers lui et je lui ai dit en essuyant mes mains sur mon jogging :

— Maman sait à peine pourquoi tu es allé à l’hôpital le weekend dernier.

— Ah bon ?

Il n’en croyait pas ses oreilles.

— Comment ça se fait ?

J’ai regardé distraitement le ciel bleu et les feuilles qui nous entouraient avant de répondre.

— Je pense que papa n’a pas envie qu’elle lui fasse la leçon ou qu’elle lui dise qu’il est incapable de s’occuper de nous. Elle serait capable d’utiliser ton accident comme prétexte pour nous garder après son mariage.

— Tu crois que Mathieu va tuer papa ?

J’ai failli avaler de travers. Mickaël luttait pour ne pas ronger ses ongles remplis de terre (à la place, il jouait avec un élastique d’Agathe qu’il portait toujours au poignet).

— Quoi ? Mais pourquoi voudrais-tu que Mathieu s’en prenne à lui ?

— Je ne sais pas, comme ça.

— Tu recommences à angoisser pour un oui ou pour un non.

— Excuse-moi Ellie, mais c’est toi qui crois que nous sommes dans le jardin d’une tueuse en série.

J’ai continué à jouer avec ma fermeture éclair.

— Comment est-ce que tu peux croire que cette vieille peau est innocente ?

Il a commencé à refaire ses lacets et il m’a lancé :

— Tu es trop méchante avec elle ! La voisine est vieille et ok, ça lui arrive d’être carrément imbuvable, mais pense un peu à ce qu’elle vit.

— C’est-à-dire ? Passer à ses journées passées à espionner les autres, enquiquiner le monde et salir son appartement ?

— Non ! Elle a pu vivre son rêve en allant au Kenya, mais ça lui a tout couté. Toi aussi, tu serais en colère contre la terre entière si on t’avait fait ça.

Un silence s’est installé au milieu des arbres et des fleurs qui nous entouraient. J’ai pris le temps de les admirer avant d’écouter la suite des paroles de Mickaël.

—Son père n’a pas supporté qu’elle fasse ce qui la rendait heureuse. Elle s’est échappée d’un village où les habitants la regardaient de travers. Et quand enfin, elle pensait avoir conquis sa liberté en gagnant l’Afrique, elle a été obligée de revenir en France à cause de menaces injustes et de problème d’argent. Elle a abandonné son paradis, sa maison et sa savane. C’est le seul endroit où elle a été heureuse et elle n’y retournera jamais.

J’ai poussé un soupir et j’ai fini par l’admettre. Oui, à sa place, moi aussi je serais aigrie.

— Et puis, a continué mon frère, ça n’a pas tellement de sens de croire que c’est une tueuse en série. Dans tous les films, ce n’est jamais le suspect le plus suspect qui est responsable. C’est celui auquel on ne pense pas. Je sais que dit comme ça, on croirait que c’est impossible de trouver le tueur, mais dans notre situation ça colle plutôt bien. Ce n’est pas elle qui est responsable de la disparition d’Alexandre mais surement quelqu’un d’autre.

Je l’ai regardé droit dans les yeux. Je ne croyais pas trop à sa théorie. Il a précisé :

— Bon d’accord, ce n’est pas Sophie, mais ça pourrait être le facteur.

Je me suis arrêté de jouer avec la fermeture éclair et j’ai répété :

— Le facteur ?

— Ouaip.

— Pourquoi ?

— Un mec avec un uniforme qui passe pourtant inaperçu, c’est suspect.

Je me suis remise à jardiner en souriant. Mickaël avait le chic pour les scénarios catastrophiques, mais pour une fois, il avait réussi à me rassurer. Les coupables n’assument pas autant leur mauvais caractère que madame Choux. Peut-être que personne n’avait tué Alexandre, finalement (ok, j’avais réuni pas mal d’informations suspectes, mais pourquoi quelqu’un lui aurait-il voulu du mal ? Au diable les soupçons sur papa). Cette histoire n’était peut-être qu’une énorme erreur ; peut-être qu’Alexandre allait bientôt revenir de ses vacances. Ou alors, il avait été kidnappé par une personne qu’on ne connaissait pas. Peut-être même que c’était sa petite amie — après tout, tant qu’il n’y avait pas de cadavre, on pouvait bien imaginer ce qu’on voulait.

Quand la vieille est revenue vers nous, je m’attendais à ce qu’elle nous demande de travailler plus vite mais au contraire, elle nous a dit de laisser nos outils et de la suivre. J’ai lancé un regard à mon frère. Elle avait parlé gentiment ! Elle était même polie. Fascinés, nous avons marché derrière elle. À travers les arbres et les pots en terre cuite qui débordaient de pétales, madame Choux nous a raconté l’histoire de ces plantes.

— Ma voisine m’avait offert ce plan de cerisier pour mon anniversaire et maintenant, regardez comme il est grand ! Presque aussi haut que le lierre que j’ai planté le dernier jour de l’an mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-neuf. Quel évènement ! On pensait tous que l’informatique n’allait pas supporter le changement de millénaire.

(Surprise ! Madame Choux n’avait pas craché sur les jeunes en les tenant pour responsables. J’avais enfin une piste pour la mettre de bonne humeur).

— Alors comme ça, vous aimez l’informatique ?

— Pas du tout ! En vérité, je déteste les téléphones. Mais si la télévision avait cessé de fonctionner, j’avoue que j’aurais été bien embêté. Question pour un champion et N’oubliez pas les paroles, ça, ce sont de bonnes vraies émissions qui valent la peine d’être diffusées — pas comme ces reportages sur tout et n’importe quoi qui passent en boucle sur les chaines soi-disant sérieuses.

(Loupé. Mais au moins, elle avait fait un commentaire positif).

— Et ces cactus ? a demandé Mickaël. Ils viennent du Kenya ?

— Bien sûr que non ! Je les ai achetés à la caisse du supermarché.

L’anecdote n’avait rien d’incroyable. Dommage, elle venait de briser la nostalgie du cerisier et du bug des années deux-mille.

La partie la plus reculée de la verrière m’a foutu les jetons. Ici, les anciennes usines assombrissaient l’espace. L’envers du décor n’avait rien de charmant. Les vitres étaient sales, les touffes d’herbe engloutissaient les pavés et les buissons laissés à l’abandon faisaient peur à voir. Leurs branchages s’étaient multipliés. Ils avaient des dizaines de bras tendus vers la lumière, comme s’ils avaient essayé de s’enfuir vers elle. Même les fleurs étaient rares et ternes. Si je tournais le dos aux vitres, je pouvais voir le chemin par lequel j’étais arrivée et un arrosoir verdâtre qui traînait, mais rien de plus.

— Qu’est-ce qu’on fait là ?

— Suivez-moi, a râlé la vieille en s’enfonçant dans un petit sentier caché par les feuilles. Il faudra que je pense à débroussailler un jour. Ou bien, vous le ferez.

J’ai jeté un regard à mon frère en m’enfonçant dans la verdure. Il n’était pas à l’aise avec ce genre d’endroit étouffant, mais il a serré les dents. Madame Choux, qui n’avait pas eu de réponse, nous relança :

— Vous le ferez, hein ? Vous n’allez pas me laisser seule ici comme l’a fait Alexandre, j’espère.

J’aurais aimé décrire sa voix comme la plus froide et la plus agressive que je n’avais jamais entendue, mais c’était faux. Cette petite mamie avait beau prétendre que la disparition de notre voisin de ne l’affectait pas, on sentait bien l’émotion dans sa proposition. Elle craignait d’être abandonnée à nouveau.

— Nous n’irons nulle part, a ri Mickaël.

— Pas si votre mère vous embarque ! a-t-elle rétorqué. Combien de fois ai-je cru voir ce jour tant attendu arriver ? Autrefois, vous pleurnichiez tellement que j’avais réclamé son numéro de téléphone pour lui demander de venir vous faire taire, mais je commence à le regretter. Vous n’êtes plus des voyous depuis que vous avez les mains dans la terre.

Quand elle s’excusait ainsi, j’étais prête à me faire attendrir et à lui pardonner ses travers. Finalement, il y avait aussi du bon en elle. Mickaël avait raison, j’avais eu tort de me montrer si dur avec une femme terriblement seule. Comment est-ce que je me serais comportée, moi, si j’étais aussi isolée qu’elle ? Surement pas mieux.

Une odeur de terre humide est montée jusqu’à mes narines. Nous sommes sortis des branchages et là, un spectacle étrange nous attendait. Je m’étais attendue à des dalles de pierres ou à des mauvaises herbes, mais il n’en était rien. L’espace entre les arbres était assez grand pour accueillir une salle de classe. Il n’y avait rien dessus. Le seul élément sur lequel on pouvait se concentrer, c’était le sol. Il ressemblait à un champ de bataille. La terre avait été retournée, il n’y avait plus une seule touffe d’herbe. Partout, ce n’était que mottes et grumeaux bruns. Qu’est-ce que madame Choux avait fabriqué ?

— J’aimerais beaucoup aménager l’endroit, nous a-t-elle dit. Qu’est-ce que vous en pensez, les gnomes ? Un banc serait très joli par ici. On pourrait voir le soleil de l’après-midi et profiter de la fraicheur quand c’est encore le matin. Des nains de jardin seraient superbes, non ?

— Euh, pourquoi pas.

La vieille s’est penchée vers une cagette et en a sorti une boite en fer. Elle l’a ouvert et elle s’est mise à nous tendre des biscuits secs. Décidément, elle n’arrêtait plus de me surprendre. On s’est assis sur des caisses entre des pots de fleurs ébréchés et un arbre.

— Mon truc n’est pas vraiment la pâtisserie, a-t-elle articulé en mastiquant, mais je n’avais rien de mieux à faire. De toute façon, de nos jours, on ne peut plus compter que sur nous même : les magasins ne vendent que des gâteaux qui ne sont pas comestibles, les boulangers ne savent plus faire leur métier et les jeunes sont incapables d’allumer un four.

J’ai pris un biscuit sans savoir si je devais la remercier ou m’excuser d’être une adolescente. Mon frère n’avait soi-disant pas faim (peut-être avait-il raison de se méfier de la cuisine d’une femme qui vivait dans un appartement sale du sol au plafond, mais je m’en fichais. J’avais faim et les biscuits étaient bons). Il a commencé à discuter avec elle d’une théorie du complot. On se serait cru dans un film de science-fiction. Entre autres, il était question de produits chimiques responsables de mutations et de drogues utilisées par le gouvernement pour nous asservir sans que nous nous en rendions compte. J’aimais mon frère mais parfois, je n’avais qu’une seule envie : qu’il change de disque.

J’avais déjà entendu l’histoire des pesticides et des Illuminati au moins dix fois, alors ce fut sans surprise que je me perdis dans mes pensées. Déconnectée de leur conversation, je me mis à regarder vers le ciel en me grattant le bras. Le soleil descendait et ses rayons étaient dispersés par les vitres. De petits arcs-en-ciel brillaient sur les feuilles sombres et ternes autour de nous. Un des carreaux du toit était fissuré. Dans un frisson, je me suis souvenue des éclats de verre dans le visage de ma mère lorsque je m’étais métamorphosée. Le sang qui avait dégouliné sur mon pull attestait de la profondeur des blessures. Même si papa m’avait raconté que ce n’était rien, je ne pouvais m’empêcher de douter. En grignotant un autre biscuit, j’ai essayé de me souvenir de la voix que j’avais entendue ce matin, dans ma tête.

J’étais incapable de dire à qui elle appartenait. Les souvenirs qu’elle renfermait étaient surement moches. Une fois que je les aurais découverts, il n’y aurait plus aucun moyen de faire marche arrière. J’en étais persuadée et pourtant, je mourrais d’envie de les découvrir.

La conversation délirante avait stoppé. On n’entendait plus que le bruit de ma respiration difficile. J’avais l’impression d’être essoufflée alors que je n’avais pas bougé. Madame Choux a pris un dernier biscuit et elle a rangé la boite. Je lui ai demandé :

— Qu’est-ce que vous avez mis dedans ? Ils ont un gout que je ne reconnais pas.

— J’espère que vous n’avez pas utilisé des yaourts périmés ! s’est inquiété Mickaël.

— Pas du tout !

Elle m’a regardé droit dans les yeux et elle a ajouté :

— Je n’ai mis que les meilleurs ingrédients qu’il me restait à la maison. Ce qui rend mes gâteaux uniques, ce ne sont pas des yaourts bourrés de conservateurs, mais du beurre de cacahuète.

AH. Mon cœur s’est arrêté. PAF. J’ai eu l’impression de recevoir un coup dans le ventre. MERDE. J’ai repensé à Mickaël qui avait failli mourir… Et à mon allergie qui se déclarait plus vite que la sienne. Merde, merde, merde ! Ma respiration s’est accélérée. Il ne fallait pas que je panique. J’avais mangé combien de biscuits, déjà ? Ma gorge me brulait. Peut-être que mon corps n’allait pas réagir, peut-être que je n’avais pas avalé assez de cacahuètes pour que ce soit dangereux. Peut-être, peut-être pas….

J’ai gratté mes bras encore une fois. Ils étaient couverts de plaques rouges. Ne pas paniquer. Surtout, ne pas paniquer.

Mickaël est devenu tout pâle et d’un coup, sans prévenir, il s’est évanoui. La peur a eu raison de lui. Et la vieille… Elle n’a même pas réagi. J’ai réalisé que j’allais mourir et mon estomac a fait un looping. J’ai regardé le sol. Ce n’était pas que de la terre retournée. C’était mon futur cimetière ! Mes genoux ont tremblé, j’ai repensé à papa, à maman, à Mickaël et ses histoires, à Léa et à Yassine, j’ai repensé au futur et à cette version de moi-même que je n’allais jamais devenir et j’ai senti les larmes me monter aux yeux. Quand la vieille s’est approchée avec sa tenue de safari et son ridicule bob beige, ma vue s’est troublée. Je me suis relevée à la vitesse de l’éclair. Elle allait m’achever comme elle avait achevé Alexandre. Même c’était trop tard, je me suis mise à courir le plus vite possible entre les énormes platanes en prenant garde à ne pas tomber sur des racines, mais où aller ? J’étais essoufflée avant même de commencer. Ma tête tournait. Une crise d'asthme m’a coupé le souffle.

J’étais foutue. Mon corps s’est effondré et je me suis retrouvée à plat ventre, coincée dans la verrière. Je n’ai pas fermé les yeux. Ça n’aurait servi à rien.

Elle allait me liquider.

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