Chapitre 23 : Le savoir tue l'espoir

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Maman m’a embrassé sur le front, elle a fait pareil avec Mickaël et elle est partie sans que papa ne dise un mot. Quand j’ai entendu le moteur de sa voiture gronder puis partir au loin dans la nuit, je me suis décidée à retourner au salon. J’ai demandé à mon frère comment il allait.

— Sérieusement ? Ellie, je crois que je n’ai jamais réussi à aller bien. J’ai toujours craint quelque chose ou de quelqu’un, mais ce soir, c’est le pompon. Nos parents ont failli déterrer un cadavre ! Nous ne savons toujours pas ce qui s’est passé et on vit peut-être en ce moment même avec un tueur.

— Papa a surement…

— Je ne veux pas le savoir ! Dis-moi, tu ne trouves pas ça étrange qu’Alexandre ait confié ses cartons à la moitié de l’immeuble ? Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond là-dedans et je ne veux surtout pas savoir ce que c’est. J’en ai assez ! Je devrais être en train de regarder un film avec ma petite amie ou de passer une soirée tranquille avec toi et papa. Pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas être des gens normaux pour une fois, hein ? J’en ai assez d’être le mec anormal. J’en ai assez de voir des problèmes là où il n’y en a pas et d’être aveugle à ceux qui existent réellement. C’est injuste ! Pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas faire comme si rien de tout ça ne s’était passé ?

— Mais, et Alexandre ? Et s’il était encore en vie ?

— Arrête de te raconter des histoires ! Et puis, ce ne sont pas nos affaires. Est-ce que nos voisins s’en soucient ? Non. Au lieu de faire comme nos potes et profiter de nos vacances, on se fait des nœuds au cerveau avec des soucis plus gros que nous.

Mes bras encore rougis m’ont démangés. Je lui ai demandé :

— Alors pourquoi est-ce que tu passes ton temps à imaginer le pire ? Ce n’est pas pour te le reprocher, ai-je dit en m’étalant sur le canapé, mais je ne comprends pas pourquoi tu t’angoisses autant quand tout va bien.

— Parce que je n’ai pas le choix ! Ça ne va pas bien depuis que j’ai compris que si nous étions des métamorphes, il y en avait certainement d’autres.

J’ai froncé les sourcils.

— D’autres quoi ?

— D’autres personnes avec des super-pouvoir, a-t-il chuchoté avec un regard perdu. Voler des visages c’est bien beau, mais pourquoi n’y aurait-il pas des gens qui effacent notre mémoire ou lisent dans nos pensées ? Pourquoi n’y aurait-il pas des gens capables de nos faire du mal ?

— Mais nous n’en avons jamais vu, ai-je rétorqué en appuyant ma tête sur mon bras.

— Je sais bien, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que si nous, on peut se transformer, alors pourquoi pas les autres ?

— Essaie d’en parler avec papa, peut-être qu’il pourra…

Mickaël m’a tourné le dos et s’est recroquevillé de l’autre côté du canapé. Papa (qui devait surement espionner notre conversation) s’est rapproché.

— Je pourrais quoi ?

Sa question m’a agacé. Je n’avais pas envie de lui parler.

— Je n’en sais rien, ai-je râlé. Le rassurer un peu ? Lui dire que tout va bien, que personne ne va mourir ?

— Alexandre est peut-être mort ! a crié mon frère.

— Bon, d’accord. Tu marques un point.

J’étais à court d’arguments. Mickaël, lui, avait encore beaucoup de choses sur le cœur.

— De toute façon, a-t-il craché, je suis sûr que notre propre père ne nous aimera bientôt plus.

— Tu te moques de moi ? a répondu papa. Mickaël, arrête de faire comme si je n’étais pas là et écoute-moi : je n’ai jamais dit que je ne vous aimais plus.

— Peu importe ce que tu dis, tu finiras par te lasser de nous. Après tout, nous ne sommes qu’un accident. Si tu avais eu le choix, tu ne serais peut-être pas devenu papa.

— J’ai eu le choix. Crois-moi, si j’avais refusé d’avoir des enfants, je n’en aurais pas eu.

— Mais ce n’est pas toi qui voulais être père ! Celui qui a choisi était encore un ado. Maintenant que tu es adulte, je n’arrête pas de me demander ce qu’il va se passer. Qu’est-ce qui te retient de nous abandonner ?! Les mecs de trente ans rêvent rarement d’avoir deux ados à gérer. Ce qui s’est passé entre toi et maman n’était qu’une erreur qui s’est envenimée au cours des années. Entre le mariage et l’accident de ce soir, tout le monde comprendrait si tu décidais de devenir quelqu’un d’autre.

— Je ne suis pas quelqu’un d’autre !

Il s’est assis entre nous deux et il nous a pris par les épaules. Je me suis écartée de lui. Ça lui a fait de la peine. Il a continué :

— Je suis devenu père pour de mauvaises raisons, c’est vrai. Je voulais que vous me transformiez en un homme que je n’étais pas. Je voulais me sentir légitime, je voulais qu’on m’aime et par-dessus tout, je voulais que mon père m’aide. Je voulais qu’il fasse attention à moi, qu’il m’apprenne à devenir comme lui. Même si je me rends compte qu’il était un mauvais modèle, ça me tenait beaucoup à cœur. Mais, rien ne s’est passé comme prévu. Et vous savez quoi ? Ce n’est pas grave. C’est ma vie et elle est très bien comme ça.

Il était sincère et j’avais envie de le croire, mais il restait un problème.

— Et si tu pars en prison ? ai-je demandé sèchement. Comment est-ce qu’on va faire si tu es coupable ? Comment est-ce que je vais m’en sortir avec ma tache ?

Imaginer une vie sans mon père c’était comme essayer de respirer sans mes poumons.

— Je ne sais pas, a-t-il chuchoté. Mais on trouvera, je te le promets.

Les larmes me sont montées aux yeux. Papa nous a serrés très fort contre lui. Il nous a chuchoté « je vous aime vraiment, d’accord ? ». Et moi aussi, je l’ai serré contre mon cœur.

Je suis allée me coucher. Ma colère s’est déplacée sur mon grand-père. Tout était sa faute, il aurait dû aider mon père, il aurait dû être présent. Pourquoi avait-il fallu qu’il disparaisse ? Si seulement Alexandre était là… J’avais besoin de parler de mes peurs avec quelqu’un Dans mon lit, j’ai regardé l’écran de mon téléphone : Yassine m’avait envoyé un message. Un sourire est apparu sur mon visage et je me suis enfermée dans ma petite bulle. Il était le remède à mes problèmes, il ne lui fallait que quelques instants pour me les faire oublier. J’ai vérifié que ma porte était bien fermée, j’ai éteint ma lampe de chevet en forme d’étoile et je me suis enfouie sous la couette pour lui faire des vocaux. Il m’a raconté des bêtises. Il m’a écouté. Il m’a fait rire. On a parlé jusqu’à ce que mes paupières se mettent à tomber d’elles-mêmes. Aimer quelqu’un, ça faisait du bien. Il me manquait.

Le lendemain, je me suis réveillée motivée comme jamais. En brossant mes cheveux, je me suis dit qu’il fallait que j’innocente mon père le plus vite possible. Si jamais il partait en prison, je n’aurais plus aucun espoir de maitriser ma petite bizarrerie et il était hors de question que je perde Yassine à cause de ça. Mon père devra vivre avec un meurtre sur la conscience et puis tant pis, je trouverais un moyen pour qu’il reste libre. Il fallait qu’on m’apprenne à diriger mon visage, et vite. J’ai rasé la barbe qui avait poussé sur mon menton par accident pendant la nuit et je suis allée déjeuner. En face de moi, Mickaël restait silencieux dans son pyjama bleu déjà trop petit pour lui. Ses réflexions avaient l’air de complètement l’absorber.

Une heure plus tard, quand papa est sorti de sa chambre en pantoufles, j’avais déjà mis mon plus beau jean. Mickaël m’attendait, assis à la table de la salle à manger et habillé avec une chemise froissée. Il regardait des photos d’Agathe.

— Elle me manque.

— Ne fais pas deux fois la même erreur, lui a ordonné papa.

— Et si elle revient et qu’elle me promet d’être gentille ?

J’ai instantanément pensé à ce qu’elle pourrait lui rapporter.

— Non ! Surtout pas ! N’écoute pas ce qu’elle te dit.

Les garçons ont tourné la tête vers moi sans comprendre. J’ai fait comme de rien n’était et je me suis concentrée sur les photos de mon frère et moi quand on était tout petit qui étaient accrochées aux murs beiges.

— Sinon, ai-je demandé, vous avez un plan à propos d’Alexandre ? Qu’est-ce qu’on cherche, exactement ? Maman a précisé quelque chose ?

Papa a froncé les sourcils.

— Ne te préoccupe pas de ça, je vais gérer. Peut-être que si j’arrive à m’hypnotiser, je pourrais retrouver ma mémoire.

Il a attrapé une tasse qui traînait et il l’a rincée au lavabo.

— Je vais remplacer le café par la tisane et avec un peu de chance, d’ici ce soir, je sortirai de ma chambre avec des explications précises à filer à votre mère. Si vous sortez, laissez-moi un post-it. Pour manger ce midi, il y a des conserves dans le placard et des pâtes dans le frigo.

— Attends ! Papa, tu es sur que ton père a fait ça ?

Papa a essayé de me cacher sa culpabilité, mais il n’a pas réussi.

— Peut-être, a-t-il avoué. Il se battait souvent quand il était jeune. C’est le genre de type qui t’ignore quand tu lui poses des questions sur ses tatouages ou sur sa famille. Fermé, froid et distant. Mais de là à dire que c’est un tueur… Je ne sais pas. Il a des défauts, c’est vrai, mais aussi de belles qualités. Mon père a toujours caché son jeu.

Il a sorti le carnet bleu de sa poche de pantalon et il me l’a tendu.

— Si tu veux une preuve, lis la suite. Il m’aimait. Il m’aime vraiment.

— Pourquoi est-ce que tu ne me racontes pas toi-même ce qu’il s’est passé ? Ce serait plus simple que de jouer aux devinettes.

Il a soupiré et j’ai posé le carnet bleu sur la table de la salle à manger.

— Tu as peut-être raison, a-t-il dit.

Il m’a demandé de m’assoir à côté de Mickaël et il s’est installé avec sa tasse en face de nous.

— Je ne sais pas par où commencer…

Les rayons du soleil traversaient le séjour beige tandis qu’il réfléchissait. Des gouttes d’eau brillaient sur les carreaux.

— Mamie m’a tout raconté, a avoué Mickaël. Enfin, jusqu’à ce que tu pètes un câble contre le père de maman et que tonton t’aide à finir le sale boulot. Elle n’a pas voulu m’en dire plus.

— Jeremy y est allé un peu fort, c’est vrai.

Il s’est retenu de rire et j’ai arrêté de regarder par la fenêtre pour me concentrer sur la conversation.

— Cette histoire me parait folle, a ajouté papa. C’était il y a tellement longtemps ! Et je me suis tellement efforcé de l’oublier qu’elle me parait irréelle.

Je me suis jetée à l’eau :

— Qu’est-ce que ton père a bien pu faire pour disparaitre comme ça, du jour au lendemain, sans que personne n’ose plus poser de questions ?

— Il n’aurait jamais dû partir. Il devrait être là, à prendre soin de vous dans le bistro de votre grand-mère pendant que Liliana travaille ou organise son mariage.

— Et toi ? Ou est-ce que tu en serais, aujourd’hui ? Tu aurais quand même tué Alexandre ?

Il a regardé au fond de sa tasse et il s’est mis à agiter le sachet de thé avec colère.

— Moi ? Moi, je me suis comporté comme un imbécile, j’ai perdu le contrôle et le père de Liliana a failli mourir. Dès qu’il s’est réveillé à l’hôpital, il a porté plainte. Évidemment, personne n’a pris la peine de me demander ce qu’il s’était passé. Personne n’a parlé du fait qu’il m’a poussé en premier. Personne, absolument personne n’a voulu savoir pourquoi moi, un sale petit métamorphe, aurait eu le droit de se défendre, d’être pardonné ou même d’exister.

Je me suis figée, prête à entendre la fin de l’histoire. La jambe de Mickaël s’est arrêtée de bouger sous la table. Il était absorbé par la voix de notre père. Ce dernier a bu une gorgée de son infusion avant de reprendre.

— Nous n’avions pas besoin d’attendre le verdict pour savoir que je ne pourrais pas rester avec vous. Ils allaient m’envoyer en prison au moins dix ans — alors que si je n’avais pas changé de visage, ils ne m’auraient même pas enfermé. À l’époque, les lois étaient contre nous. C’était injuste. J’allais louper mes études, votre naissance… Presque toute ma vie. Avec ma mère, on a cherché à se faire aider par des associations mais aucune n’a accepté de prendre ma défense. Samantha, la copine de mon frère, nous détestait. Elle a fait courir le bruit que j’avais été monstrueux avec un vieillard et que je cachais mes crimes sous l’excuse de ma bizarrerie. J’étais terrifié. Pour un instant de violence, pour un seul instant passer à riposter contre un connard, j’allais tout perdre.

Il a regardé dans le vide et puis, il nous a dit d’une voix remplie d’émotion :

— Mais mon père était là. Il m’a parlé, il m’a écouté et quand notre audience est arrivée, il m’a demandé de me taire. Je n’ai pas compris pourquoi jusqu’à ce que je le vois s’avancer à la barre des accusés.

— La barre des accusés ? ai-je répété. Papa, qu’est-ce que…

— Il s’est dénoncé. Il a pris ma place pendant le jugement. Je l’ai regardé mentir et raconter qu’il m’avait volé mon visage pour défendre ses petits-enfants, je l’ai regardé s’excuser, implorer et tout tenter pour me sauver. Jamais je ne me suis senti aussi coupable de ma vie.

J’étais frappée par la foudre. À côté de moi, la respiration de mon frère s’était arrêtée.

— Si j’avais eu l’espoir de voir mon père s’en sortir, j’aurais pleuré de reconnaissance, je lui aurais dit mille fois merci et je me serai senti redevable à vie. Mais je savais très bien que la situation était sans issue. Je savais que nous ne pouvions pas en réchapper. Si je n’étais pas condamné, alors ce serait lui. Cette certitude m’a tétanisé pendant tout le jugement.

Ses doigts se sont serrés autour de sa tasse.

— Quand nous sommes sortis du tribunal, j’avais envie de hurler que c’était le père de Liliana le monstre, l’enflure, l’homme à enfermer. Pas le mien. Mon père n’avait pas mérité ça. Ils en avaient conscience et pourtant, ils l’ont mis en prison sans aucun état d’âme. Ils n’ont eu aucune pitié pour ma mère qui pleurait, aucune pour mon frère qui hurlait de désespoir et aucune pour moi, qui m’agrippait de toutes mes forces à mon père. Ça fait quinze ans. Quinze ans que mon père a disparu derrière des barreaux pour un crime qu’il n’a pas commis et qu’on aurait pardonné à un ado normal. Quinze ans que j’essaie de vivre avec ça et de vous éviter le même drame.

Mickaël a baissé les yeux et il a demandé :

— Est-ce que tu as revu ton père, depuis ?

— Quelques fois, oui. La plupart du temps, je lui passe des coups de fil.

J’ai joué avec ma fermeture éclair et j’ai chuchoté :

— Et pourquoi est-ce que tu ne nous l’as jamais dit ?

— C’est une histoire bien trop sombre pour des enfants. Et pourquoi aurais-je ressassé le passé si personne ne m’y avait obligé ? C’est plus facile de profiter de la vie que mon père m’a offerte en ignorant les drames d’hier. Et puis, Liliana était contre. Vous expliquez que j’ai failli tuer un homme et que quelqu’un d’autre a été condamné ? Jamais de la vie. Vous auriez pu vous effrayer, vous mettre en colère ou penser que ce n’est pas grave de commettre des crimes si on a un père pour nous innocenter. Je ne voulais pas vous dire que votre grand-père est un super-héros alors qu’en réalité, c’est la victime.

Mickaël s’est agité sur sa chaise en fronçant les sourcils.

— Mais aujourd’hui, les lois…

— Les temps ont changé, l’a coupé papa, aujourd’hui vous seriez jugés comme des personnes normales par la justice, mais pas par les gens autour de vous. Personne ne pourra venir à votre rescousse si vous dérapez. C’est pour ça que vous ne devez surtout pas faire comme moi et vous mettre à changer de visage dès que vous êtes inquiet ou en colère.

— Pour qui est-ce que tu t’inquiètes ? Je ne comprends pas, ai-je râlé. En ce moment, tu n’as aucune raison de te mettre en colère au point de faire du mal à Alexandre.

— Depuis trois semaines, mon père ne me répond plus au téléphone. Les responsables de la prison ont refusé de me dire quoi que ce soit. Je ne comprends pas ce qu’il se passe et ça me met sur les nerfs. Ma mère et mon frère non plus n’ont pas de nouvelles. Il se passe quelque chose.

Nous avons hoché la tête en silence et il s’est levé.

— Je ferai mieux d’aller me concentrer sur mes souvenirs, maintenant. Faites comme si je ne vous ai rien dit, cela vaut mieux pour tout le monde. Vous pouvez arrêter votre petite enquête, je vais m’occuper de ça.

Il nous a souri et il est parti s’enfermer dans sa chambre. Avec Mickaël, on s’est regardé un long moment. Il n’arrêtait pas de mettre ses ongles à sa bouche. Il a fini par me dire :

— Une tisane ! Il croit vraiment qu’il va résoudre le mystère avec une tisane ?

— Je croyais que tu voulais être un ado normal et que tu en avais marre de toutes ces histoires, ai-je répliqué en relevant un sourcil. Laisse-le gérer. Tu l’as entendu, on doit faire comme si de rien n’était.

— Ça m’étonnerait qu’il réussisse à trouver quoi que ce soit à propos d’Alexandre avec sa technique d’ermite. Ellie, imagine une seconde ce qu’il se passerait s’il ne trouvait rien avant ce soir ! Maman va venir nous chercher et il va se retrouver seul alors que, si ça se trouve, son père s’est évadé !

— Tu crois ? ai-je répondu distraitement en me baladant dans le séjour.

— Ça parait logique, non ? C’est peut-être lui, notre vrai grand-père, qui s’en est pris à Alex.

— Pourquoi est-ce que notre grand-père aurait fait disparaitre notre voisin ? Ça n’a pas de sens.

— Peut-être qu’il veut se venger de papa.

— Après l’avoir sauvé de la prison ? ai-je rétorqué. Non, trop bizarre. Ça ne tient pas debout. Et puis, s’il s’était évadé, la prison aurait directement appelé mamie pour savoir si elle avait vu son mari.

Mickaël a observé quelques cactus avec moi, les sourcils froncés et les oreilles rougies tant il réfléchissait, puis il a admis :

— Bon ok, très bien. Peut-être que ça parait fou, mais imagine un peu : si notre grand-père a été libéré et qu’il a demandé à la prison de ne rien dire à sa famille, il a très bien pu venir ici et perdre les pédales. Il est resté enfermé quinze ans entre quatre murs, il y a de quoi devenir fou. Peut-être qu’il voulait faire une surprise à papa, qu’il a croisé Alexandre en arrivant dans l’immeuble et qu’il s’est passé quelque chose. Le moindre petit accident a pu faire déraper sa tache de naissance. Après tellement de temps à la réfrénée en taule, le moindre petit accrochage a pu tout faire péter.

— Ça tient peut-être la route, mais je persiste à croire que papa va régler ça.

Je me suis tournée pour aller chercher de l’eau à la cuisine et il a continué à me suivre.

— Tu es sûre que tu n’es pas plutôt en train de fuir le problème ? Tu sais tout aussi bien que moi ce qu’on devrait faire.

— Pas du tout, ai-je nié.

— Ellie, je t’en prie, vient avec moi ! Juste pour vérifier. On a une voisine qui fait office de tour de contrôle dans l’immeuble, elle doit savoir quelque chose. Et, n’oublie pas que, pour une obscure raison, elle refuse de nous aider.

J’ai bu mon verre d’eau et j’ai répliqué :

— Elle ne dira rien.

— Peut-être que si on s’y prend correctement, a-t-il frimé, elle finira par céder.

Il n’a pas attendu ma réponse pour partir vers la porte.

— Allez, bouge-toi ! Il faut qu’on lui parle avant qu’elle ne découvre le trou béant dans sa verrière.

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