Acte 3, chapitre 11 - La créature de la rivière

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Alison tire plusieurs fois sur la créature des eaux, mais cette dernière esquive les balles rapidement en se déplaçant à une vitesse folle. La jeune femme n'a pas le temps de voir ses mouvements et se fait soudainement griffer à la joue par la femme hideuse. Elle sent la douleur brûlante se propager le long de sa joue alors que les griffes acérées du monstre laissent leur marque sur sa peau.

Une fine traînée de sang apparaît, mêlant l'angoisse à l'adrénaline qui pulse dans ses veines. Le visage de la jeune femme se crispe sous l'effet de la souffrance, mais elle refuse de se laisser submerger par la douleur.

Alison fait l'effort de rester debout et tire à nouveau plusieurs salve, cependant la créature reste intangible aux cartouches. Impuissante, elle décide sans tarder de lui échapper en courant à travers à bois à une allure folle.

Mais la créature la rattrape en un clair et manque de l'acérer son visage une seconde fois, avant que la jeune femme n'esquive l'attaque de justesse. Se faisant, elle trébuche par terre, totalement à la merci du monstre.

— Putain, non !

Alison se voit déjà mourir sous les coups de l'abomination, lorsque soudain, Jeremiah surgit de nulle part et la transperce brutalement par derrière la créature des eaux dans le thorax. Une giclée de sang impregne les vêtements d'Alison qui s'empresse de se relever. La femme hideuse pousse d'effroyables et stridents cris de douleur qui font souffrir les oreilles de la native d'Alderton et de Jeremiah.

— Elle est vulnérable maintenant ! Tire-lui dans la tête, allez !

Sous les ordres de ce dernier, Alison s'éxecute mais la créature esquive le tir en se baissant rapidement et la balle se loge malencontreusement dans la tête du sheriff qui meurt sur le coup.

— NON ! hurle Alison, choquée.

La jeune femme ne se relâche pas pour autant et tire à nouveau sur le monstre toujours blessé qui s'affaiblit un peu plus en tombant au sol. Alison s'approche et finit ce qu'elle a commencé en lui logeant une cartouche dans la tête.

— Meurs, saloperie !

"Ce n'est que le début... Alison Baker..."

La créature est enfin morte. Alison reste figée, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Ses yeux, écarquillés, fixent le corps inerte de Jeremiah qui se tenait devant elle quelques instants auparavant. Un mélange d'horreur et de confusion se lit sur son visage, tandis que les derniers échos de son cri de douleur résonnent encore dans l'air. Les gouttes de pluie se mêlent à ses larmes silencieuses, déchirant son âme en deux.

— Je... j'ai... tué... non. Jeremiah !

La forêt qui l'entoure reprend peu à peu son apparence paisible, comme si rien ne s'était produit. Les arbres majestueux se dressent fièrement, leurs branches caressées par la légère brise. Les oiseaux chantent à nouveau, comme s'ils ignoraient la tragédie qui venait de se dérouler. Mais pour Alison, tout est flou, enveloppé dans une nébuleuse de remords et de chagrin. Elle laisse échapper un murmure empli de douleur, mélange de regret et de culpabilité.

— Il m'a sauvé... et je l'ai tué... rétorque pour elle-même Alison, les genoux et les mains touchant le sol boueux de la forêt. Pardonne-moi, Jeremiah...

Alison s'agenouille près du corps sans vie, les mains tremblantes. Elle caresse délicatement le visage de Jeremiah, son regard perdu dans le vide. Les larmes coulent librement sur ses joues, emportant avec elles son innocence et son insouciance. Elle se sent brisée, déchirée entre le besoin de croire en sa propre humanité et la réalité d'avoir pris une vie. Son être fragile s'écrase sous le poids de cette responsabilité.

Dans un geste de désespoir, elle murmure des mots de repentir, des prières muettes à l'intention de l'homme qu'elle a involontairement condamné. Elle espère que son esprit trouvera la paix, que son âme trouvera le repos éternel.

— Repose en paix, Jeremiah.

Les mains tremblantes, Alison plonge dans les poches de Jeremiah à la recherche d'armes ou de quoi que ce soit qui puisse l'aider à se défendre dans Death Pines. Son cœur bat la chamade alors qu'elle tâte chaque recoin, espérant trouver une lueur d'espoir dans ce sombre cauchemar.

Soudain, ses doigts rencontrent un objet plié et froissé. Elle le retire lentement de la poche de Jeremiah, réalisant qu'il s'agit d'une carte. Son souffle se bloque dans sa gorge alors qu'elle déploie prudemment le papier, révélant une représentation détaillée de la forêt maudite qui s'étend devant elle.

Alison observe attentivement la carte de Death Pines, ses yeux balayant chaque marque et annotation tracées avec soin. Lorsue soudain, elle remarque immédiatement plusieurs lieux marqués avec du feutre noir, des endroits qui semblent plus sinistres et dangereux que les autres. Les symboles sombres semblent exsuder une aura de mystère et d'horreur, les avertissant des périls qui les attendent. Plus au sud-ouest de la carte, y est noté "Culte de Death Pines" et "Maison de la sorcière".

— Qu'est-ce que c'est que ça ? Le culte... et si Joshua était retenu là-bas ? Putain, Jeremiah ! Comment t'as eu cette carte ?

Cependant, parmi ces repères lugubres, Alison remarque également des emplacements spécifiques où les ténèbres de la forêt semblent moins menaçantes. Des zones où la carte est dépourvue de marques noires, laissant place à des espaces vides, vierges de toute indication de danger. Ces zones semblent être des "safes places" d'une certaine manière, des refuges épargnés par la noirceur qui consume le reste de la forêt.

Son cœur palpite d'excitation mêlée d'une lueur d'espoir. Ces emplacements spécifiques pourraient être des sanctuaires, des endroits où elle pourrait reprendre son souffle, se ressourcer et chercher un répit temporaire dans cette sombre forêt. Ils pourraient également contenir des réponses cruciales à ses questions, des indices sur la nature de la menace qui imbibe Death Pines.

Son courage se renforce en découvrant ces zones d'accalmie. Avec la carte de Death Pines entre ses mains, Alison trace mentalement son itinéraire, reliant les emplacements moins dangereux les uns aux autres et décide de se rendre directement au sud de Death Pines pour aller sauver son frère. La jeune femme range soigneusement la carte dans sa poche, la gardant à portée de main comme un guide précieux et se remet en route.

Alison reprend son chemin à travers les sinistres sentiers de Death Pines. Le sol est accidenté, parsemé de racines noueuses et de pierres glissantes. Alison avance avec précaution. Elle ajuste chacun de ses pas pour éviter de trébucher dans l'obscurité rampante. Les épines des arbustes épineux effleurent sa peau, laissant des marques de leur présence furtive.

Des murmures indistincts semblent flotter dans l'air, des voix lointaines et inquiétantes qui se mêlent aux bruits de la nature. Les branches se tordent et se contorsionnent comme des mains griffues cherchant à saisir leur proie. Le silence est interrompu par des craquements sinistres, comme si la forêt elle-même gémissait sous le poids de ses secrets. Mais Alison refuse de se laisser submerger par la terreur qui l'entoure. Elle avance avec une volonté farouche.

En se dirigeant toujours plus au sud, Alison découvre un pont. lI semble branlant et traverse un ravin profond. Elle hésite à y aller, mais en jettant un oeil à la carte, elle se rend compte qu'elle n'a pas d'autre choix que de se coltiner la passerelle lançante. Alison se lance donc à contrecoeur dans cette périlleuse épreuve.

— Ok le pont, tu n'as pas intérêt à me laisser tomber, compris ?

Les planches usées et fissurées craquent sous son poids, et le vent souffle avec insistance, faisant osciller le pont avec une inquiétante instabilité. Les câbles rouillés qui maintiennent la structure grincent de manière inquiétante et donnent l'impression qu'ils pourraient céder à tout moment. La gorge sombre qui se trouve en dessous semble engloutir la lumière, comme si les abysses de l'enfer l'attendaient au tournant si par malheur elle venait à tomber.

Les eaux tumultueuses qui s'écoulent en contrebas produisent un bruit sourd et menaçant, murmurent des avertissements dans l'esprit de l'audacieuse aventurière qui ose traverser. Alison serre fermement son sac à dos, son cœur bat la chamade.

— Allez, ce n'est pas le moment de faiblir. dit-elle en se donnant du courage. Tu vas y arriver. Pour Joshua.

Elle inspire profondément, se concentrant sur chaque pas qu'elle fait. Chaque mouvement doit être précis, chaque décision doit être calculée. Ses pieds s'avancent avec prudence sur les planches délabrées, cherchant un équilibre fragile entre la sécurité et le risque. Le pont grince et tremble sous son poids, les rafales de vent fouettent son visage, balayant ses cheveux.

Elle serre les dents, luttant dans le but de ne pas céder à la peur qui menace de l'envahir. Ses pas sont entreprenants, son regard est fixé droit devant, et elle avance instinctivement. Chaque seconde passé sur le pont semble une éternité, mais Alison arrive à la moitié, ce qui est déjà une victoire pour la jeune femme.

Soudain, l'atmosphère de la forêt change radicalement et laisse place au cauchemar végétal. Le visage de la jeune femme se transforme et son courage laisse place à l'effroi.

— Non, pas maintenant putain ! hurle Alison qui se cramponne aux cordes de la passerelle.

Tout à coup, un monstre apparaît sur l'autre rive du pont. Il a une apparence aussi étrange que terrifiante. Il ressemble à un jouet grandeur nature, mais avec une distorsion macabre.

— Jesus-Christ ! C'est quoi cette merde encore ?! crie Alison de terreur.

Son corps est composé de plastique décoloré et fissuré qui rappelle les marques du temps et de l'usure. Ses proportions sont déformées, avec une tête disproportionnée par rapport à son corps mince et frêle.

Son visage est déformé, avec des yeux vitreux et vides qui semblent fixés sur elle d'un regard inquiétant. Une bouche ouverte révèle des rangées de dents acérées, prêtes à déchiqueter tout sur leur passage. Des traits de couture grossières et inachevées parcourent son visage, donnant l'impression d'un assemblage maladroit.

— ALISOOOOOOOOOON ! Beugle-t-il de sa voix monstreuse.

Mais ce qui rend la créature encore plus terrifiante aux yeux d'Alison, ce sont ses bras. Démesurément longs, ils dépassent la taille normale d'un être humain et sont couverts de peluche déchirée et tachée, donnant l'illusion d'une douceur pervertie.

Des griffes aiguisées et pointues dépassent de ses mains, prêtes à lacérer et déchiqueter tout ce qu'elles touchent. Alison ne peut s'empêcher de ressentir une répulsion mêlée de fascination devant cette créature grotesque. Malgré une peur grandissante, la jeune aventurière s'arme du fusil qu'elle avait pris dans le coffre de la voiture du sheriff et se décide à avancer vers la créature des enfers.

— Je te l'emprunte, Jeremiah. dit-elle en le brandissant en direction de la monstruosité hybride.

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