Acte 3, chapitre 12 - "Ce que tu as fait"

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Alison avance lentement sur la passerelle instable, ses yeux rivés sur la créature-jouet qui se dresse devant elle. Elle serre fermement son fusil, prête à en découdre. Les planches grincent sous ses pas, menaçant de céder à tout moment.

Mais elle ne faiblit pas. Le démon-jouet se tient là, Ses bras démesurés se balancent d'un côté à l'autre, prêts à s'abattre sur Alison à tout instant. Ses yeux vides brille d'une lueur maléfique, tandis qu'un sourire dérangeant s'étire sur ses lèvres figées, montrant ses longues dents pointues et acérées.

— Tu vas moins rire quand tu vas t'en prendre une belle entre les deux yeux, sale monstre. dit-elle en s'avançant encore un peu plus vers ce dernier.

Alison prend une profonde inspiration, puis vise avec précision. Son doigt presse délicatement la détente, libérant une détonation assourdissante. Le bruit du tir résonne dans l'air, se mêlant aux grincements de la passerelle et aux murmures sinistres de la forêt environnante. Mais à cause du puissant recul du fusil, auquel elle n'était pas habitué, Alison perd l'équilibre et tombe par dessus la passerelle. Un long cri de terreur accompagne sa dégringolade.

La chute de vingt mètres lui semble durer une éternité. Le vent siffle à ses oreilles tandis qu'elle dégringole à une vitesse effrayante vers les profondeurs. Son cœur bat la chamade, mêlant la peur et l'adrénaline dans un cocktail explosif. Lorsqu'elle atteint enfin le point culminant de sa chute, la sensation de poids s'estompe soudainement puis reprend de plus belle, alors qu'elle est enveloppée par l'air froid et humide de la gorge.

Les parois rocheuses se rapprochent rapidement et menace de la broyer contre elles. Puis, le choc. Un bruit sourd résonne à travers l'obscurité tandis qu'Alison entre en contact avec l'eau froide. Son souffle est coupé, l'eau l'engloutit et la désoriente dans un tourbillon tumultueux. Elle lutte pour remonter à la surface, elle cherche désespérément de l'air. Ses membres s'agitent dans une bataille contre la pression qui l'écrase.

Finalement, elle émerge, expulsant l'eau de ses poumons avec un quinte de toux. La gorge est sombre, enveloppée d'une atmosphère oppressante. La lumière du jour peine à pénétrer les ténèbres épaisses qui l'entourent, l'ambiance est lugubre et étouffante.

Alison nage vers la berge, luttant contre le courant qui tente de la retenir. Son corps est épuisé, mais sa détermination reste intacte. Elle sait qu'elle doit continuer, qu'elle ne peut pas se laisser arrêter par cette chute brutale.

— Putain de forêt ! Merde ! J'ai de la chance d'être en vie !

Alors qu'elle atteint enfin la rive, épuisée et trempée, Alison se relève avec difficulté. Ses vêtements sont lourds d'eau, collant à sa peau, mais elle ignore la sensation désagréable. Ses pensées se tournent déjà vers la suite de son périple.

***

Alison pénètre plus profondément dans la grotte obscure, ses pas résonnant sur le sol rocailleux. La lueur blafarde de la lampe torche du fusil éclaire faiblement son chemin et projette des ombres dansantes sur les parois rugueuses de la grotte. L'atmosphère est oppressante, une sensation d'enfermement et d'isolement qui semble se resserrer autour d'elle à chaque pas.

Le faisceau de lumière éclaire de mystérieuses formations rocheuses, des stalactites suspendues au plafond, goutte à goutte, et des stalagmites émergeant du sol comme des doigts figés dans un geste éternel. Des courants d'air froid soufflent par intermittence, faisant frissonner Alison malgré sa détermination.

Le silence, seulement troublé par le grondement lointain de la rivière souterraine, ajoute une atmosphère pesante. Les gouttes d'eau tombant avec régularité résonnent comme des battements de cœur inquiétants, amplifiant la tension qui imprègne l'air. Les ombres mouvantes dans la lueur vacillante de la lampe torche donnent vie à l'obscurité, créant des illusions éphémères et des formes étranges qui ébranlent l'esprit.

Alison avance prudemment, son regard scrute chaque recoin sombre de la grotte, à la recherche d'une issue, d'une échappatoire hors de ce dédale souterrain. Les parois humides semblent se rapprocher, se refermer sur elle, mais elle résiste à l'oppression qui l'entoure. Sa lampe torche balaye les environs, éclaire les mystères cachés dans les profondeurs de la grotte.

— Bon, elle est où la sortie ?

La lumière de la lampe torche se faufile entre les interstices des rochers, créant des jeux d'ombres et de reflets, révélant de petites découvertes qui éveillent la curiosité d'Alison. Elle se laisse guider par cette lueur vacillante. Soudain, le cauchemar végétal reprend forme dans la gorge et envahi l'endroit, le rendant encore menaçant.

Elle distingue une silhouette humaine en face d'elle, mais n'arrive pas à bien la discerner. L'ombre s'avance vers elle et la jeune femme brandit son fusil sur cette dernière et révèle une jeune fille, rien de plus innocent.

Alison se rappelle immédiatement d'elle : elle reste figée sur place, surprise de retrouver l'adolescente qui se trouvait dans le cauchemar végétal de la gare de Southfall, dans cette sombre grotte. La jeune fille se tient là, vêtue des mêmes vêtements qu'elle portait la dernière fois, les yeux empreints de tristesse et de détresse. Son visage est pâle et marqué par des cernes profondes.

La lumière de la lampe torche illumine ses traits juvéniles, résultat d'une innocence brisée et d'une vulnérabilité palpable.

Les cheveux emmêlés de l'adolescente reflète le chaos qui règne dans son esprit tourmenté. Elle fixe Alison d'un regard empli de haine et de dégoût. Le silence règne entre les deux femmes, lorsqu'Alison se rapproche lentement de l'adolescente comme si leurs chemins étaient destinés à se croiser à travers les méandres de Death Pines.

— Alors, tu es vraiment venu à Death Pines. J'arrive pas à y croire...

— Encore toi ! Va-t-en ! Je dois aller retrouver Joshua ! répond Alison, la rage au ventre.

— Cette forêt... lorsqu'elle te montrera qui tu es vraiment, ce que tu as fait...

— "Ce que tu as fait"... que voulais-tu dire par là ? Pourquoi me sembles-tu si familière, et comment sommes-nous liées dans cet étrange endroit ? Je sens qu'il y a quelque chose d'important que je dois comprendre, mais je suis perdue dans ce dédale de mystères.

L'adolescente reste silencieuse un instant, son regard empreint d'une tristesse profonde. Puis, elle s'approche lentement d'Alison, posant doucement sa main sur son bras comme pour lui transmettre un message secret. Ses yeux expriment de la peur et de la tristesse.

Dans un murmure presque inaudible, l'adolescente répond : "Tu as déclenché quelque chose... une force sombre et puissante. Tu ne t'en remettras pas lorsqu'elle te montrera ce que que tu as fait."

— Ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Répond-moi !

— Tu le sauras bien assez tôt, répond-elle en disparaissant peu à peu dans l'obscurité. Tu es face à toi-même désormais. La forêt... elle est toi...

L'adolescente s'éloigne lentement, emportant avec elle les vestiges du cauchemar végétal qui l'a tourmentait. Elle laisse un sentiment à la fois de soulagement et d'incompréhension dans le cœur d'Alison.

— Qu'est-ce que j'ai fait ? La forêt, c'est moi ? Qu'a-t-elle voulu dire par là ? Il faut que je tire cette histoire au clair, dit-elle en continuant son chemin vers la fin de la gorge.

***

Après quelques minutes de marche dans les ténèbres, Alison trouve la sortie de la grotte qui débouche sur un paysage à la fois majestueux et inquiétant. La rivière serpente entre les arbres sombres de Death Pines. La lumière pâle et brumeuse se frayent un chemin à travers les nuages.

Le murmure apaisant de l'eau qui s'écoule ajoute presque une note de tranquillité à cet environnement sinistre. Les rives sont bordées de végétation dense et luxuriante, composée de plantes étranges aux feuilles sombres et aux formes déformées. Des branches noueuses et tordues s'étendent au-dessus de l'eau, comme des bras squelettiques cherchant à attraper tout ce qui ose s'approcher. Alison souffle et respire le bon air de la nature et profite du peu de répit que la forêt lui donne.

— Enfin un peu de tranquili...

Alors qu'Alison se tient au bord de la rivière, une sensation familière d'oppression envahit l'air. Les arbres qui l'entourent semblent se tordre et se métamorphoser lentement en créatures végétales cauchemardesques. Des vrilles et des racines serpentent le long des troncs, gesticulant de manière malaisante.

Le sol se craquèle et des bourgeons vénéneux émergent du sol, libérant un nuage de spores toxiques dans l'atmosphère. L'odeur acre et putride qui s'en dégage envahit les narines d'Alison, provoquant une sensation de nausée et de répulsion.

Les branches se courbent et se contorsionnent, et se transforme en bras monstrueux munis de griffes acérées. Des feuilles se métamorphosent en dents acérées et des fleurs se fanent rapidement, laissant place à des bouches béantes qui semblent prêtes à dévorer tout ce qui s'approche.

Le cauchemar végétal se déploie devant Alison, bloque son chemin vers la rive opposée de la rivière. Il se dresse comme une barrière vivante, cherche à la retenir et à la piéger dans cette forêt sinistre.

— Non, pas encore. C'EST UNE BLAGUE !

Des lianes s'enroulent autour des arbres, formant une toile épineuse qui serpente dans toutes les directions. Des bourgeons épineux éclosent, libérant des ronces qui semblent s'animer et se tordre dans des mouvements saccadés. Le cauchemar végétal émet des grondements sourds et des murmures étranges, comme s'il était animé par une volonté malveillante. Les ombres qui l'entourent semblent s'étendre et se mouvoir de façon menaçante, éveillant une sensation de malaise et de terreur chez Alison.

"Tu ne sauves pas les gens, Alison. Tu les laisses mourir autour de toi !"

— Qui est là ?! demande la native d'Alderton en regardant autour d'elle.

"C'est moi ma chérie. C'est maman."

— Ma... Maman ?

Alison est submergée par un mélange d'émotion et de terreur en voyant cette créature qui ressemble à sa mère, mais déformée par des éléments grotesques. Son corps nue et les boutons de pus jaune sur sa poitrine répulse la jeune femme horrifiée à la vue de cette scène cauchemardesque.

Son cœur bat la chamade tandis que ses pensées s'entrechoquent. Elle ne sait pas comment réagir face à cette vision dérangeante. Un mélange de sentiments contradictoires l'envahit : la peur intense de ce qu'elle voit, la confusion quant à la signification de cette apparition et une lueur d'espoir fragile qui brille en elle.

— Maman... c'est vraiment toi ?

"Alison, où es ton frère ? Il devrait être avec toi."

— Je... je suis revenu à Death Pines pour le ramener à la maison avec moi ! Viens avec moi, allons le chercher !

"Non ! Ça ne va pas... ton petit-frère devrait être à tes côtés ! Où est-il ?!" hurle la créature en attrapant Alison.

— Maman... lâche-moi. Tu vas me tuer...

"Tu as toujours été jalouse de ton petit-frère ! C'est pour ça que tu l'as tué !"

— Mais qu'est-ce que tu racontes, Maman ?!

"CE N'EST PAS NOTRE MÈRE, CE N'EST RIEN D'AUTRE QU'UNE CRÉATURE ! RESSAISSIS-TOI, BON SANG ! TU VEUX MOURIR DANS CETTE FORÊT ?!"

— Bien sûr que non ! dit-elle en se dégageant difficilement de l'emprise du monstre.

Alison rassemble toutes ses forces et tente de garder son calme. Elle sait que c'est une situation dangereuse, mais elle ne peut pas se laisser submerger par la panique. Elle se concentre sur la présence de son arme, prête à se défendre.

Le monstre avance lentement vers elle, ses mouvements grotesques amplifiant encore son apparence cauchemardesque. Alison ressent un profond malaise, un sentiment de répulsion et d'incompréhension face à cette distorsion de l'image de sa mère.

"Tu oserais me tirer dessus ? Moi qui t'ai mise au monde ?"

Tu n'es pas ma mère.

Alison observe le corps sans vie de la créature. En voyant sa dépouille inerte, du soulagement et de la terreur s'empare d'elle. Elle ressent une certaine satisfaction d'avoir réussi à se débarrasser de cette menace, mais en même temps, elle est dépassée par la violence de l'acte qu'elle vient de commettre.

Les gouttes de sang de la créature se mêlent à l'eau de la rivière, un tableau macabre, inquiétant se crée devant ses yeux. La jeune femme reste agenouillée par terre, la respiration saccadée, essayant de reprendre ses esprits après cette confrontation traumatisante.

Elle se sent épuisée, physiquement et émotionnellement. Les conséquences de ses actions commencent à peser sur elle, remettant en question sa propre nature et sa capacité à faire face à de telles situations.

— Besoin de... repos...

Alison perd connaissance, son corps inerte repose vulnérable sur le sol de la forêt. La tension et la fatigue accumulées ont finalement eu raison d'elle. La jeune femme laisse son esprit et son corps à la merci des forces obscures qui règnent sur Death Pines.

"Petite chose fragile. Ça n'était qu'une partie de ton enfer. Tu vas payer pour tous tes crimes, Alison Baker."

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