Acte final, chapitre 18 - Renaissance

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La grande porte du Q.G. de la secte s'ouvre avec un grincement sinistre, dévoile un intérieur sombre, orné d'étranges symboles. Les deux fanatiques, encore haletants de leur course à travers la forêt, pénètrent dans le bâtiment, leurs silhouettes encapuchonnées se détache de la lumière bleutée provenant de torches fixées aux murs.

Le hall est vaste et sort tout droit d'un cauchemar. Les murs en pierre sont gravés de runes anciennes, des bougies éclairent faiblement la pièce qui projette des ombres inquiétantes. Des murmures faibles, presque comme des prières, viennent de tous les coins de la salle. Des adeptes en robes sombres vont et viennent, la plupart baissent la tête en signe de respect lorsque les deux fanatiques passent.

Mais tous ces détails pâlissent devant la figure dominante au centre de la salle. Là, assis sur un trône orné d'os et de pierres précieuses, s'y trouve un jeune homme. Sa peau pâle, presque translucide, contraste fortement avec ses cheveux d'un noir de jais qui tombent en cascade sur ses épaules. Mais ce sont ses yeux qui attirent le plus l'attention : d'un bleu glacial, ils sondent l'âme de quiconque croise son regard. Des cicatrices profondes et enchevêtrées marquent son visage, il porte un lourd bagage de souffrances, d'épreuves passées.

Le jeune homme, connu de tous comme "L'Élu", les fixe de son regard pénétrant.

— Parle, dit-il d'une voix froide et autoritaire, s'adressant à l'un des fanatiques qui vient d'entrer.

L'un des deux s'avance avec hésitation.

— Nous l'avons trouvée, maître, commence-t-il, la voix tremblante. Votre sœur. Elle est gravement blessée, laissée pour morte dans la forêt.

Un murmure parcourt l'assemblée à cette nouvelle. L'Élu, cependant, demeure impassible.

— Et où est-elle maintenant ? demande-t-il.

— Nous l'avons laissée, maître, admet le fanatique, baissant la tête honteusement. Elle a tenté de nous menacer avec une arme, mais nous l'avons vue s'effondrer.

Un lourd silence s'installe dans la pièce. Tous attendent la réaction de l'Élu, tous craignent sa colère. Il se lève lentement de son trône, son regard glacial fixé sur les deux messagers.

— Cette forêt, dit-il lentement, a déjà tourmenté trop de vies. Préparez une équipe. Allons la récupérer. Vite, allez !

— Oui, maître !

La forêt de Death Pines s'anime à l'approche de l'équipe de recherche. Les arbres, de véritables sentinelles d'une autre époque, s'élèvent majestueusement, leurs branches se tendent comme des doigts effilés vers le ciel. Les torches tenues par les membres de la secte éclairent leur chemin, les lueurs vacillantes qui jouent avec les ombres. Alors qu'ils progressent rapidement, le silence de la nuit est uniquement interrompu par leurs pas lourds et le bruissement des feuilles sous leurs pieds. Ils savent exactement où ils ont laissé Alison, ils s'attendent à retrouver son corps sans vie à cet endroit.

Mais à leur grande surprise, lorsqu'ils atteignent le lieu, Alison a disparu. Il n'y a que les marques de lutte, son fusil éparpillé et des taches sombres de sang qui se sont mélangées à la boue.

— Elle était là ! murmure l'un des fanatiques, balayant la zone de sa torche. Je suis sûr que c'était ici !

Tandis qu'ils essayent de comprendre ce qui s'est passé, l'un des membres émet un sifflement aigu pour attirer l'attention des autres. Il pointe un ensemble de traces de pas délicates, visiblement récentes, s'enfonçant plus profondément dans la forêt.

— Qui pourrait l'avoir emmenée ? murmura un autre membre, sa voix chargée d'inquiétude.

Mais avant qu'ils puissent élaborer une théorie, un léger bruissement se fait entendre dans la végétation, suivi d'un murmure presque inaudible. Les membres de la secte, sur leurs gardes, pointent leurs torches dans la direction du bruit.

Soudainement, une silhouette vêtue d'une longue cape sombre apparut, émerge des ombres. Ses traits sont indistincts, cachés par un capuchon. Toutefois, ses yeux, d'un vert éclatant, brillent dans l'obscurité. Dans ses bras, elle tient le corps sans vie d'Alison.

— Rend-moi mon sang sorcière, exige le leader du groupe, avançant prudemment.

La silhouette reste silencieuse pendant un moment avant de répondre d'une voix douce mais ferme.

— Ce n'est pas encore venu le temps de votre confrontation, Élu.

Le leader, visiblement en colère, serra le poing.

— Rends-moi ma sœur, Wutah ! Tu n'as aucun droit de me séparer d'elle.

Mais avant qu'il ne puisse faire un pas de plus, la silhouette, d'un geste rapide, disparut dans un nuage de fumée, emportant le corps d'Alison et laissant derrière elle le groupe de fanatiques stupéfaits.

— Rattrapez-là ! s'écria l'Élu, avec une autorité sans égale.

Ses yeux froids se remplissent d'une intensité ardente alors qu'il observait la silhouette, désormais identifiée comme Wutah, la sorcière, s'évaporer avec Alison. Les fanatiques se lancent à la poursuite de Wutah sans la moindre hésitation. Mais la sorcière, maîtresse de la forêt, ne compte pas se laisser attraper aussi facilement.

Avec un mouvement fluide de sa main, les racines des arbres se mirent soudainement en mouvement, émergent du sol comme des serpents géants. Elles s'enroulent autour des chevilles des fanatiques, les tirant vers le sol, les immobilisant, voire les traînant sous terre. Les arbres eux-mêmes se penchent, leurs branches attrapent et écartèlent quiconque s'approche trop près.

La terre tremble, ouvre des crevasses qui engloutissent les membres de la secte trop lents pour échapper à leur sort. Des lianes épaisses jaillissent du sol, enserrant certains d'entre eux, les suspendant en l'air, étouffés, battus.

L'Élu, voyant ses disciples tomber les uns après les autres, laisse échapper un cri de colère qui fait trembler le sol, vibrer l'air. Ce cri, si puissant, si terrifiant, transcende les frontières de la réalité elle-même. Il eut une conséquence inattendue. Les monstres qui résident dans les recoins les plus sombres de Death Pines, attirés par la fureur de cet appel, se dévoile, comme appelé par leurs maître.

Des créatures grotesques avec des dents acérées, des bêtes à l'allure humanoïde mais déformées, des entités flottantes dotées d'yeux luminescents convergent maintenant vers l'origine du cri. Leurs présences est lourde, étouffante.

L'Élu, réalise l'ampleur de sa colère déchaînée, tente de reprendre le contrôle. Il lève les bras, des runes brillantes apparaissent autour de lui, un bouclier protecteur se forme.

— Retournez d'où vous venez, indésirables monstruosités ! ordonne-t-il aux créatures.

Mais le mal est fait, et le chaos règne. Wutah, profite de cette diversion pour disparaître complètement. L'Élu et ses disciples restent à la merci des monstres qu'il a involontairement invoqués.

***

La cabane de Wutah se dresse au cœur de Death Pines, cachée parmi les arbres les plus anciens. À première vue, elle pourrait paraître simple et modeste, mais à l'intérieur, les murs sont gravés de runes ancestrales. De nombreux rituels et incantations s'y sont déroulés. Wutah pénètre rapidement dans la cabane, ses pas s'enfoncent sur le plancher de bois usé. Sans perdre de temps, elle dépose délicatement Alison au centre d'un large tapis orné de symboles mystiques. Le visage d'Alison, pâle et sans vie, contraste fortement avec les couleurs vives du tapis.

Tout autour d'elle, Wutah dispose des bougies de différentes tailles, chacune gravée de runes uniques. Elle allume chacune d'entre elles, la lumière vacillante remplit la pièce d'une lueur douce et chaleureuse. L'air devient lourd, saturé d'une étrange énergie. Les mains de Wutah se déplacent avec précision, chaque geste est délibéré. Elle commence une série d'incantations, sa voix mêle des dialectes anciens et des chants sacrés. À chaque parole prononcée, les runes sur les murs et le sol brillent, pulsent au rythme du chant de la sorcière.

La forêt entière réagit à ce rituel. Un tremblement sourd et rythmique parcourt le sol, comme si la terre elle-même respire, renaît. Les arbres murmurent, le vent souffle avec plus de force, les créatures de la forêt se rassemblent silencieusement autour de la cabane, comme attirées par la magie en cours. Alors que l'intensité du rituel atteint son apogée, le corps d'Alison commence à se soulever légèrement du sol. Son corps flotte, entouré d'une aura luminescente. Les blessures sur son abdomen commencent à se refermer, la couleur revient lentement à ses joues, et sa poitrine se soulève dans une respiration hachée.

Tout à coup, un éclair lumineux envahit la pièce, aveuglent quiconque oserait regarder. Lorsque la lumière se dissipe, Alison est allongée, respire paisiblement, mais encore profondément endormie. Wutah, épuisée mais soulagée, s'effondre à ses côtés, sachant qu'elle vient d'accomplir une résurrection presque impossible. La forêt reprend son calme, les créatures disparaissent dans l'obscurité, et la seule lumière provient des bougies encore allumées dans la cabane. La vie a été ramenée des griffes de la mort, mais à quel prix ? Quels secrets Alison ramènera-t-elle de l'autre côté ?

— Ton heure n'est pas encore venue, Alison Baker. Tu dois encore répondre de tes actes.

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