Una salida inesperada
Sofía
La journée de tournage touche à sa fin, et l'atmosphère se détend enfin. Après plusieurs heures de lecture, d'études de scène, les acteurs, l'équipe technique et les producteurs semblent tous apprécier cette pause. Les voix se mêlent en une cacophonie douce, remplie de rires et de conversations animées, tandis que je récupère mon sac et mon manteau.
Je m’apprête à quitter le plateau, encore un peu émue par l’intensité de la journée, lorsque je sens une présence derrière moi. Je me retourne et découvre Alejandro, les mains dans les poches de son jean, un sourire tranquille sur les lèvres.
— Ça te dirait de sortir un peu, Sofía ? demande-t-il, un éclat d'amusement dans ses yeux. La ville nous attend.
Je suis prise de court. C’est une proposition informelle, mais son ton décontracté me fait hésiter, ne sachant pas si c’est une simple invitation de sa part ou si tout le groupe a prévu quelque chose. Cependant, une partie de moi, cette part qui veut à tout prix m'intégrer et vivre cette expérience à fond, me pousse à accepter.
— Sortir ? Demain, je peux… mais aujourd’hui ?
— C’est justement aujourd’hui qu’on a tous un peu de temps libre. Et puis, il y a des endroits à Barcelone qui méritent qu’on prenne un peu de temps pour les découvrir, insiste Alejandro avec un sourire éclatant.
Je le regarde, d’un côté amusée, de l’autre nerveuse. Il semble vraiment vouloir m’inclure, et je me rends compte qu’il est peut-être plus accessible que je ne l'avais cru. Il est l'un des acteurs les plus célèbres du moment, et pourtant il me parle comme si nous étions de vieux amis.
Alors que je suis sur le point de répondre, un autre membre du groupe, Pablo, fait son apparition à côté d'Alejandro. Avec lui, un éclat dans les yeux qui témoigne de son enthousiasme.
— Tu viens aussi, Sofía ? On va traîner dans le centre-ville, il y a un endroit avec des tapas à tomber par terre, et je suis sûr que tu vas adorer.
Il est encore plus insistant que le reste, et son sourire charmeur ne fait qu’ajouter à mon hésitation. Je lève les yeux vers Alejandro, qui semble sincèrement attendre ma réponse. Il n'y a pas de pression, mais un simple désir de partager un moment avec moi. Peut-être que c'est l'opportunité de mieux les connaître tous, de sortir de ma zone de confort.
— Je... D’accord, je viens, répondis-je finalement, un peu hésitante mais curieuse de vivre cette expérience.
Alejandro sourit largement, comme si ma réponse le soulageait d’un poids qu’il n’avait pas exprimé.
— Génial ! Tu vas voir, c’est super. On t’emmène découvrir quelques coins sympas.
Alors que nous nous dirigeons tous vers la sortie, je me rends compte que c’est bien plus qu’une simple sortie. C’est une sorte d'initiation, une occasion de m’intégrer dans cette équipe et, peut-être, de créer des liens plus forts avec eux.
Nous montons dans leurs voitures, et l’atmosphère devient plus décontractée. Chacun semble se relâcher, se préparant à laisser derrière lui le stress du tournage.
Arrivés dans le centre-ville, l'énergie de la ville nous englobe instantanément. Barcelone a cette magie particulière, un mélange d’histoire et de modernité, avec ses rues étroites, ses bâtiments anciens et ses cafés animés. Alejandro et Pablo prennent rapidement la tête du groupe, guidant nos pas à travers les ruelles pittoresques.
Je marche à côté de Daniela et Luis, qui discutent entre eux, et je me rends compte que je ne sais pas trop quoi dire. Je me sens un peu en retrait, un peu observatrice, mais je suis aussi reconnaissante de faire partie de ce groupe.
Nous arrivons devant un petit restaurant de tapas qui semble tout droit sorti d’un film. Il y a une terrasse ensoleillée, et l’ambiance est vibrante, remplie de rires et de discussions. Alejandro ouvre la porte et me fait un geste de la main pour m’inviter à entrer.
— Alors, Sofía, raconte-nous un peu ton parcours, lance Daniela, une fois installée à une table. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre quelqu’un de nouveau dans ce milieu.
Je souris, prenant une gorgée de ma boisson, un peu nerveuse. Je ne m’étais pas préparée à être le centre de l’attention, mais je ne peux m’empêcher de me sentir flattée par la curiosité dans leurs yeux.
— Eh bien, je viens de finir le lycée, et depuis quelques mois, j’ai décidé de me lancer dans la comédie. Je n’ai pas encore beaucoup d’expérience, mais ce film, Fragmentos de nosotros, c’est l’occasion rêvée de commencer.
Ils écoutent attentivement, et je peux voir les sourires bienveillants sur leurs visages. Cette ambiance décontractée me fait me sentir plus à l’aise. Daniela pose une autre question, cette fois-ci sur mon rôle dans le film, et rapidement, la conversation s’oriente sur les préparations du tournage et les attentes que nous avons tous vis-à-vis de ce projet.
Pendant ce temps, Alejandro se penche légèrement en avant, un sourire sincère aux lèvres.
— Je suis sûr que tu vas nous épater, Sofía. Tu as un grand potentiel, vraiment.
J’apprécie ses mots, même si je me sens toujours un peu intimidée par l’idée de devoir vraiment briller devant la caméra. Mais pour l’instant, je me permets de profiter de ce moment avec eux, de cette sensation de faire partie de quelque chose de plus grand.
L’ambiance dans le restaurant est chaleureuse, le bruit des conversations et des rires se mêlant à l’odeur alléchante des tapas qui arrivent sur la table. Un serveur nous dépose une grande assiette de patatas bravas, et je suis surprise par la quantité de nourriture qui est servie. C’est un véritable festin.
— Tiens, Sofía, goûte ça, c’est une tuerie ! s'exclame Pablo en me tendant une brochette de gambas grillées.
Je prends la brochette, un peu hésitante, et après une bouchée, je souris, surprise par le goût.
— C’est incroyable ! Je n’ai jamais mangé de gambas aussi bonnes.
— Ah, je savais que tu aimerais, lance-t-il avec un clin d’œil.
Daniela rit en nous observant.
Je me détends peu à peu. Je me rends compte qu’être ici avec eux, sans les caméras, sans la pression du tournage, me permet de les voir sous un autre jour. Alejandro est toujours là, à côté de moi, écoutant les conversations tout en surveillant, comme s’il s’assurait que je sois à l’aise.
À un moment donné, Luis, toujours un peu réservé, se tourne vers moi. Son regard est moins incertain que ce matin, mais il y a toujours cette pointe d’hésitation chez lui. Il prend une gorgée de sa boisson avant de se lancer timidement dans la conversation.
— Tu viens d’où exactement, Sofía ? demande-t-il, curieux. Je veux dire… je t’ai pas encore bien cernée.
Je souris à sa question, appréciant son effort pour briser la glace. C’est étrange, mais sa réserve m’intrigue aussi.
— Eh bien, je suis de Madrid. Avec mes amies, on a toutes déménagées après le lycée, pour aller à l'université. On en avait marre de la capitale...
Daniela s’emporte aussitôt, faisant une moue désapprobatrice.
— Eh bien, tu vois, on ne fait pas que de la comédie ici, on découvre aussi les villes, les gens… On t’apprendra tout ce que tu dois savoir pour être une vraie Barceloneta !
Le rire général m’arrache un sourire, et je me sens plus incluse, plus légère. Les questions fusent, la conversation s’élargit, et bientôt, chacun y va de son anecdote, de son expérience, et je commence à m’imaginer à ma place parmi eux, loin des premières hésitations.
Alejandro prend une pause, le regard fixant un point au loin, comme s’il était perdu dans ses pensées, puis il me lance :
— Alors, t’as des idées pour ton rôle ? Un personnage aussi complexe que le tien, ça demande du travail.
Je me sens soudain un peu moins détendue, la question me ramenant à la réalité du tournage. Mais en même temps, je me sens flattée qu’il s’intéresse à mon avis.
— Eh bien… je crois qu’au début, je vais devoir vraiment comprendre ma relation avec le personnage de Marcelo. C’est un peu le cœur de tout. Je veux qu’on sente l’ambiguïté de notre lien.
Il hoche la tête, un sourire complice aux lèvres, avant de répondre :
— Je suis sûr que tu vas trouver.
Je le regarde un instant, surprise par ses mots. Même si je sais qu’il est acteur et qu’il doit être un peu plus rassurant avec les nouveaux venus, j’apprécie tout de même cette attention particulière qu’il me porte. Un sentiment étrange me traverse, celui d’être considérée comme quelqu’un d’important dans cette équipe. Quelqu’un qui a une place à part entière.
La soirée avance, et l’alcool commence à faire son effet. Les conversations deviennent plus détendues, les rires plus francs, et je me permets même quelques moments de silence, profitant de l’instant sans pression. Quand la nuit s’installe, les lumières de Barcelone semblent transformer la ville en un lieu magique, presque irréel.
Alejandro m’adresse un regard, avant de se lever pour aller régler l’addition.
— On rentre, les amis ? s’écrie-t-il d’un ton enthousiaste, bien que l’ambiance soit encore festive.
Tout le monde acquiesce, et je me lève à mon tour, reconnaissante de ce moment. Une partie de moi est prête à en finir avec cette journée, mais une autre se sent déjà un peu triste à l'idée que cela se termine si vite. Je me tourne vers Alejandro avant de sortir du restaurant, un léger sourire aux lèvres.
— Merci de m’avoir invitée. C’était vraiment sympa.
Il me sourit en retour, un sourire chaleureux, et j’ai l’impression que c’est plus qu’une simple politesse.
— Ce n’est que le début, Sofía. La vraie aventure commence maintenant.
Nous sortons du restaurant, la fraîcheur de la nuit nous saisit instantanément. Les rues de Barcelone, éclairées par les réverbères, offrent une ambiance presque intime, mais aussi un peu solennelle, comme si la ville savait qu'un moment spécial était en train de se dérouler. Je m'apprête à marcher jusqu'à la station de métro la plus proche, lorsque je sens une main se poser doucement sur mon épaule.
Je me retourne et tombe sur Alejandro, son sourire calme et son regard perçant ancrés sur moi.
— Hé, Sofía, tu veux que je te raccompagne ? Je suis passé par là, ça ne me dérange pas, dit-il, sa voix pleine de bienveillance.
Un léger malaise m’envahit. Je ne sais pas pourquoi, mais l’idée de me retrouver seule avec lui me perturbe un peu. Nous avons déjà partagé de bons moments, mais cette proposition me semble plus personnelle, et je me demande si c’est juste un geste amical ou quelque chose de plus.
— Non, merci, je vais rentrer en métro, réponds-je un peu trop rapidement, mon sourire gêné trahissant ma réaction.
Je me détourne presque instinctivement, mais avant que je puisse faire un pas, Alejandro se rapproche davantage.
— Tu es sûre ? Il n'y a vraiment aucun souci, je suis là, et j’habite pas loin. Je t'assure, je serai rapide, et je crois que tu mérites un peu de réconfort après cette journée.
Je m’arrête net. Un frisson me traverse. Ce n’est pas tant ses mots qui me perturbent, mais plutôt la sincérité dans son regard. Je sens qu'il veut vraiment m’offrir ce moment, mais quelque chose me fait hésiter. Je sais que ce genre de proposition peut être interprété de plusieurs façons, mais est-ce qu’il s’agit seulement d’une question de courtoisie ou d’un intérêt sincère de sa part ?
Je fais un pas en arrière, l’air incertain.
— Alejandro, vraiment… je ne veux pas te déranger, tu sais, je vais bien.
Mais il ne me laisse pas le temps de continuer. Il lève la main comme pour se défendre.
— D'accord, je vois… Mais… juste pour te dire, si tu changes d'avis, je suis là.
Il a ce ton léger, presque taquin, mais une petite étincelle dans ses yeux ne me laisse pas indifférente. Je m’apprête à lui répondre, mais finalement, je me ravise, un peu gênée de m’être montrée aussi froide.
— Attends… Si ça ne te dérange vraiment pas, j’accepte. Ce serait plus simple que de rentrer seule en métro à cette heure-là.
Il sourit, clairement satisfait de ma décision.
— Parfait ! C’est décidé alors.
Il m’indique sa voiture, garée un peu plus loin, et nous marchons en silence vers le véhicule. L’air frais de la nuit me calme, et je commence à me détendre, appréciant la tranquillité qui se dégage de cet instant. Quand nous arrivons près de la Tesla, il ouvre la portière pour moi, me laissant passer devant.
— Tu sais, tu peux être honnête avec moi. Si tu ne veux vraiment pas que je te raccompagne, il n’y a aucun problème, Sofía, me dit-il tout en souriant, comme pour effacer toute pression.
Je souris en retour, touchée par son écoute. Mais j’hoche la tête, rassurée par sa présence.
— Non, c’est bon. J’ai juste un peu hésité. Merci, vraiment.
Nous prenons la route, et l'atmosphère dans la voiture est plutôt décontractée, bien que nous soyons seuls maintenant. Les rues de Barcelone défilent doucement autour de nous, et j’ai l’impression que le silence est à la fois lourd et apaisant. À un moment donné, Alejandro me regarde avec un air amusé.
— Je suis content que tu aies changé d’avis. Je dois avouer que je n’avais pas prévu de rentrer si tôt ce soir, mais je suis content que tu sois là. C’est bien de pouvoir discuter sans tout ce bruit autour de nous.
Je lui souris, trouvant son approche agréable.
— C’est vrai, ça change. Je crois que j'avais juste besoin de ce moment après cette journée.
Après quelques minutes de silence confortable, nous arrivons devant mon appartement. Alejandro se gare. Je tourne la tête vers l’immeuble.
— Bon, on est arrivés, merci pour la route, dis-je en ouvrant la portière.
Avant que je ne puisse sortir, Alejandro me regarde avec un léger sourire en coin.
— Je peux m’inviter chez toi pour un café ou quelque chose ? Je me disais que ça pourrait être sympa. Je pourrais rencontrer tes colocataires.
Je m’arrête un instant, surprise par la simplicité de sa demande. Je me fais une réflexion rapide : après tout, il n’y a aucune raison de refuser. Et puis, c’est l’occasion de mieux le connaître, d’avoir cette conversation à cœur ouvert, loin des caméras et du stress du tournage.
— Pourquoi pas. C’est à deux pas. Viens, je t’invite, réponds-je, un peu hésitante mais ravie.
Nous montons tous deux les escaliers, et je sens cette tension légère disparaître à mesure que nous avançons vers mon appartement. Quand j’ouvre la porte, le bruit de la télé et les voix de mes colocataires envahissent l’espace.
— Salut, les filles, je suis de retour ! leur dis-je en entrant.
Elles lèvent immédiatement les yeux et me voient entrer avec Alejandro derrière moi. Un regard échangé entre elles trahit leur curiosité, mais elles restent polies, ne disant rien.
— Tu es en bonne compagnie, Sofía ? demande Marta, la première à prendre la parole, un sourire espiègle sur le visage.
Je ris doucement, un peu gênée.
— Oui, je vous présente Alejandro. Alejandro, voici Marta et Lucía, mes deux colocataires.
Alejandro s’avance, souriant chaleureusement. Il serre la main de Marta et de Lucía, et je les observe avec un peu de nervosité. J’espère qu’il s’entendra bien avec elles, mais je n’ai pas à m’inquiéter trop longtemps. Marta, toujours aussi directe, lance avec un sourire :
— Alors, Alejandro, tu fais plus que briller devant la caméra, à ce que je vois !
Il rit, apparemment à l’aise, et je me sens soudainement beaucoup plus sereine.
— C’est bien plus facile quand on est bien entouré, répond-il avec humour, avant de s’installer confortablement sur le canapé.
Nous passons la soirée à discuter, à rigoler. C’est un moment simple, sans prétention, mais pour moi, c’est aussi un instant précieux. Je commence à me sentir de plus en plus à l’aise avec Alejandro, et cette sensation de bien-être ne fait qu’accroître ma curiosité à son égard.
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