Livre Seizième : Le Grand Mélange et la Main du Destin Dérangé
16:1 Et Saint-Bordel, grand marionnettiste du désordre affectif, observa Victor et Harmonie comme deux fragments séparés d’un même désastre sacré. 16:2 Le premier noyé dans les verres muets, la seconde ensommeillée par les cachets apaisants. Deux naufrages en solitaires. Deux partitions dissonantes.
16:3 Mais le divin ne se complaît pas dans la symétrie des abîmes. 16:4 Le désir du chaos véritable, c’est le mélange. 16:5 Le choc. L’inconfort. La collision féconde entre cicatrices incompatibles.
16:6 Alors les algorithmes, ces serviteurs aveugles, furent possédés. 16:7 Le Verbe buggé devint prophète. Les erreurs numériques, messagers du Saint-Dérangement. 16:8 Des invitations apparurent. Des rencontres surgirent. Des anomalies furent semées comme graines sacrées.
16:9 Et une soirée naquit, sans logique ni cohérence. 16:10 Victor, poussé par un annuleur de dernière minute. Harmonie, tirée hors de son sanctuaire par un ennui plus fort que les pilules. 16:11 Le lieu n’avait rien d’élégant. La circonstance, rien de romantique. Mais le choc était inévitable.
16:12 Ce ne fut pas un amour. Ce fut une interruption. 16:13 Une tension étrange. Une hésitation entre deux mondes cabossés. 16:14 Car le chaos ne cherche pas à réparer. Il cherche à révéler.
16:15 Et Saint-Bordel, les bras croisés sur Son trône pixelisé, esquissa un sourire dément : 16:16 « Que le mélange commence. Que le théâtre s’embrase. Car c’est dans les chocs qu’on écrit les versets les plus vrais. »
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