Livre Dix-Huitième : L’Ombre d’Harmonie et le Souvenir Flottant
18:1 Les dernières images s’éteignirent, mais celle du visage de Victor, peint par les reflets du film, resta gravée dans l’œil d’Harmonie. 18:2 Elle avait vu en lui une tempête habillée en silence, une bienveillance inattendue dans un monde de gestes intéressés.
18:3 Approcher eût été courage. Restée immobile, ce fut survie. 18:4 Car la peur, érigée en mur depuis des années, ne s’effondre pas d’un regard doux. 18:5 Elle choisit l’ombre. L’observation distante. Le retrait prudent.
18:6 Quand Victor quitta son siège, elle attendit. Et puis elle suivit. Non par désir, mais par curiosité fragile. 18:7 Elle le vit comme on regarde un rêve s’éloigner, sans jamais oser courir après. 18:8 Aucun mot. Aucun geste. Seulement le bruit de ses pas qui s’éloignaient.
18:9 Et pourtant, ce simple billet tendu, ce détail insignifiant, devint précieux. 18:10 Un fragment de lumière dans le marasme. Un souvenir flottant, sans poids, sans attente, mais plein d’impact.
18:11 Elle ne savait pas s’ils se reverraient. Et cela lui convenait. 18:12 Car parfois, l’éphémère vaut plus que la suite. 18:13 Le souvenir pur est une graine que le chaos n’a pas encore salie.
18:14 Saint-Bordel, le regard plissé de malice, murmura dans les coulisses du destin : 18:15 « Même l’absence peut être un acte. Même la fuite peut être féconde. Le Verbe ne s’écrit pas que dans les dialogues. »
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