- 31 mars 2020 (Éden)
Un dérivé de l’antipaludéen bien connu chloroquine peut-il lutter contre le Covid-19? Des chercheurs français ont lancé une vaste étude pour “clore le débat” alors qu’une équipe chinoise concluait au “potentiel” d’un tel traitement.
Elle : « Comment ça va aujourd’hui ?
Moi : — J’ai mal au dos. Je n’ai pas l’habitude de faire mes courses pour une semaine entière. Je paie le fait d’avoir porté trop d’articles lourds hier.
L’autre : — Mince alors, tu avais raison.
Elle : — Je te l’avais bien dit : démarche un peu en crabe, c’est le dos. Je l’ai vu dès qu’elle est sortie du bâtiment. Tu me dois dix euros.
L’autre : — On en est à combien, déjà ?
Moi : — Vous faites quoi, là ?
Elle : — Eh bien, on joue.
Moi : — Vous pariez ???
Elle : — Ben, pourquoi pas ?
Moi : — De l’argent ?
L’autre : — Virtuel.
Moi : — Je me disais, aussi…
Elle : — Pour l’instant, c’est virtuel, mais vu la situation sanitaire actuelle, ça pourrait devenir concret…
Moi : — Non mais écoutez-moi ça !
Elle : — JE PLAISANTE ! Je plaisante, ho. Vous les humains, vous partez toujours au quart de tour.
Moi : — Non, pas toujours, mais celle-là, elle est d’un goût douteux…
L’autre : — Ich habe dir doch gesagt, dass du solche Witze nicht machen sollst.
Moi : — Et puis je vous signale à toutes deux qu’en cas de malheur, vous n’hériterez de rien du tout. Ce sera vous, l’héritage.
Elle : — Ah. Et on ira où ?
Moi : — Aucune idée. Je compte faire des dons à des œuvres. Je te confierai à une association humanitaire. Tu te retrouveras chez les lépreux à Calcutta.
Elle : — Han !
Moi : — Tu vois, moi aussi je peux plaisanter.
L’autre : — Un point partout.
Moi : — Sinon, vous pariez sur quoi ?
Elle : — Sur tout et sur rien. Le plus souvent, sur le comptage des brins d’herbe de la pelouse.
L’autre : — L’autre jour, comme on n’était pas d’accord après avoir compté deux fois, il a fallu qu’on compte une troisième fois pour départager le vainqueur.
Moi : — Je vois que vous avez de saines activités.
Elle : — En tout cas, pas de stage survivaliste avec un dos dans cet état-là.
L’autre : — Tiens d’ailleurs, où ça en est, cette histoire ?
Moi : — Eh bien j’ai vu qu’il existait des stages ailleurs que dans le Périgord Noir. Il y a par exemple des stages Grand froid dans le Jura. On y apprend à construire un igloo.
Elle : — Des cabanes en neige, c’est ça ? Avec le réchauffement climatique, ça va bientôt plus servir à rien, ça. J’en vois pas trop l’intérêt.
Moi : — Sinon, la formule Bite et couteau se décline aussi en Normandie et à Courchevel.
L’autre : — Alors déjà, le Périgord Noir, ce n’est pas vraiment la jungle tropicale infestée de moustiques et de serpents, mais je vois d’ici le stage : trois jours dans le bocage normand à se faire brailler dessus par un sergent retraité de l’armée, entre deux verres de cidre et l’apprentissage de la traite des vaches, le tout dans un esprit de franche camaraderie virile.
Elle : — C’est où, Courchevel ?
L’autre : — C’est en Savoie. Le rêve de toutes vacances à la neige. Un endroit où on rencontre plein de célébrités. En somme, un coin pour les voitures dans mon style. Je ne vois pas trop quelles stratégies survivalistes on peut développer là-bas, à part siphonner les SUV et piquer du caviar dans les réfrigérateurs. C’est du survivalisme avec vue directe sur les sommets enneigés, bien au chaud dans son chalet quatre étoiles. L’idée, c’est peut-être de dévaler une piste noire avant l’apocalypse…
Elle : — Et au fait, c’est prévu, des stages Bite et couteau pour les semi paralytiques dans ton genre ?
Moi (tapotant sur mon smartphone) : — Merci, toujours aussi délicate… Ah, il y a une vidéo Survivalisme et handicap physique sur Youtube. Voyons voir ça… (Un bref silence) Le mec recommande d’utiliser une chaise de bureau à roulettes pour aller dans sa salle de bains en cas d’invalidité, et en marche arrière. Plus pratique, selon lui…
L’autre : — Voilà un conseil précieux. Manger des insectes comestibles en pleine Dordogne, à côté de cela, ce n’est rien.
Elle : — Ou même descendre de son balcon en varappe.
L’autre : — Et l’accrobranche dans le cerisier du Japon au coin de votre bâtiment, vous y avez pensé ?
Moi : — Moquez-vous… (Un silence) Ah dites donc, à la fin de sa vidéo, le type conseille carrément le suicide si ça devient trop compliqué à cause du handicap.
Elle : — Ben on a du mal à le suivre, le gars. Il veut survivre ou il veut en finir ?
Moi : — C’est selon la dose d’optimisme du moment, je crois. Le survivaliste, il s’attend au pire, mais en même temps il garde un tout petit peu espoir dans un monde pourtant complètement ravagé par les guerres, les maladies ou les grèves de bus. C’est en quelque sorte un optimiste refoulé : il croit au pire, mais il garde une boîte de sardines, au cas où. Souvent, le fond du problème n’est pas que les choses vont mal, mais plutôt d’être convaincu que tout va mal.
L’autre : — C’est très français, n’est-ce pas… »

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