Mensonges ?

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Nous descendons de nos montures et sommes aussitôt accueillis par les habitants des lieux, qui abandonnent tous leurs occupations pour se réunir autour de nous. Leurs visages sont encore pâles et maigres, mais ils rayonnent d'un sourire plein de joie et dans leurs yeux fatigués brille une lueur d'espoir que je ne leur connaissais pas.

La duchesse les salue, puis leur désigne la charrette que l'un de nos chevaux a tirée jusqu'ici en déclarant :

- Nous vous avons apporté quelques provisions. Il faut absolument que vous preniez des forces pour pouvoir labourer des champs en plus de continuer à vous occuper de vos potagers et vergers.

Les expressions faciales des villageois sont désormais un mélange de joie, de gratitude et d'incompréhension. Un homme lui demande :

- Quels champs devons-nous labourer, madame ? Il n'y a aucun endroit dans les environs où nous pourrions installer un champ. Ce n'est que de la forêt, ici !

- J'ai repéré des espaces dégagés où nous pourrions parfaitement faire pousser des champs, leur explique mon épouse en levant son index.

Sur ces mots, elle se dirige vers une clairière qui se trouve à quelques mètres du village et poursuit :

- Cet endroit, par exemple, est idéal pour l'agriculture ! Il suffit de labourer la terre, de semer les graines, puis de les arroser et de veiller sur les jeunes pousses jusqu'à ce qu'elles soient enfin prêtes pour la récolte. Les arbres qui entourent cet espace permettront de maintenir le sol et d'empêcher l'érosion et lorsque les feuilles des arbres tomberont, en automne, elles formeront un engrais idéal en se décomposant ! Le champ ne sera certes pas grand, mais il produira des rendements de qualité et il suffira d'en créer d'autres comme celui-là dans les alentours pour qu'ils suffisent à tous vous nourrir. Vous pourrez même vendre les rendements excédents s'il y en a.

- Maintenant, je comprends ce que voulait dire mon frangin lorsqu'il disait qu'elle était une experte dans le domaine agricole, me murmure Robin. Je n'ai jamais entendu qui que ce soit parler avec une telle aisance et démontrer autant de connaissances en culture de plantes. C'est impressionnant !

- Où a-t-elle bien pu apprendre tout cela ? me questionné-je à voix haute.

- Robin ! l'interpelle ma femme en s'approchant de nous. Voulez-vous bien m'aider à distribuer les provisions aux villageois ? Nous commencerons à labourer cette terre une fois que chacun d'entre eux aura eu sa part. Est-ce que ça vous va ? leur demande-t-elle en se tournant vers eux.

- Oui ! s'exclament-ils en choeur avec enthousiasme.

Linaë rit, tandis que le rouquin accepte :

- Bien sûr, madame !

Ils se dirigent tous deux vers la charrette, suivis par nos protégés. Je m'adosse de mon côté à un arbre et ferme les yeux pour réfléchir. Je sens et je sais même que ma jeune épouse cache un secret, quelque chose qui pourrait expliquer toutes ces choses étranges que nous avons remarqué à son sujet, mais qu'est-ce que c'est ? Là est toute la question.

Le fil de mes pensées est interrompu par la douce voix de la jeune femme, qui me demande :

- Quelque chose ne va pas ?

J'ouvre les yeux et, face à son expression inquiète, la rassure :

- Je vais bien, mais il y a une chose que j'aimerai savoir. . .

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ma question pourrait vous sembler étrange, mais. . . Avez-vous déjà menti ?

Ses yeux bleux s'écarquillent avant de se baisser et c'est avec la voix honteuse d'une petite fille prise en faute qu'elle me répond :

- Oui. . .

Je me penche tranquillement vers elle, de façon à ce que nos visages soient face-à-face et à ce que nos regards se croisent, puis lui demande :

- M'avez-vous déjà menti ?

Elle me fixe en silence pendant quelques secondes, avant de répondre calmement, d'une voix sereine et dénuée de tout tremblement :

- Non et je ne vous mentirai jamais.

Je l'observe attentivement, mais ne perçois aucune trace de mensonge dans ses yeux, alors je me redresse et dis en souriant :

- Bien, je vous crois. Laissez-moi vous aider à porter cette boite, ajouté-je en prenant l'objet en question de ses mains.

- Ce n'est pas la peine ! rétorque-t-elle en tentant de le récupérer. Je peux parfaitement le porter moi-même.

- Et moi, je refuse de laisser mon épouse travailler pendant que je me tourne les pouces, dis-je en avançant pour l'empêcher de reprendre l'objet.

Elle me gratifie d'un sourire qui me fait monter le rouge aux joues, puis se précipite en direction de la charrette pour décharger une autre boite. Je secoue la tête pour me reconcentrer sur ma tâche et poursuis mon avancée en direction de la maison de la famille à qui sont destinées ces provisions.

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